CHAMBRE DE KAMI - Requiem pour un réveil qui ne fait pas de bruit - [FERME]

Les lèvres de Kami jouent avec mon visage, et même avec ma bouche encore pâteuse du réveil. Je me sens aimé, et ça me plaît. Le Phoenix, même s'il n'est pas réel, a sans doute raison. En sachant que tout peut potentiellement disparaître, pourquoi attendre? Pourquoi ne pas jouir de la vie comme chacun le devrait, en donnant tout ce qu'il a à l'être aimé? J'en ai la conviction même si c'est juste au bout de trois jours. C'est la personne avec laquelle je veux passer le reste de ma vie.

Shigeru Yamane: Mh... Tu es vraiment, vraiment agréable pour les câlins, toi, tu sais?... Et si... Et si on fermait les rideaux et les lumières... Et si... Mh... On passait un peu de bon temps, à deux, sans prêter attention à ce qui se passe autour et au dehors pendant tout le temps que tu voudras?

Fermer les rideaux et les lumières..? Et passer du bon temps..? Je poursuis dans ma lancée tout en réfléchissant et en pesant les mots prononcés par Shigeru. Je pense savoir ce qu'il veut dire, enfin, je crois, mais j'ai des doutes. Les doutes... Les doutes... Mettons de côté les doutes... Et laissons faire...
     Je reste silencieuse un temps. Je décide de poursuivre ce que j'ai commencé. Je continue de câliner Shigeru un moment, frottant ma tête contre la sienne comme le ferait un chat. J'aime beaucoup le câliner, et tout cela semble réciproque. Cependant, il faut que je décide vite d'une réponse à lui apporter, laissant ma tête et mon coeur lutter pour former une réponse : mais la plus simple, celle qui viendra naturellement, sera la meilleure :

Kami Sakuraï : Mh...Je... J'ai... J'ai très envie... Mh... De passer... Du bon temps... Avec toi... Mh... Je t'aime et... Et... Et j'ai pleinement confiance en toi...

     Je lui laisse les commandes pour la suite. Je n'ai encore jamais connu ce genre de relation. C'est vraiment tout nouveau. Et je pense qu'il est mieux placé pour savoir comment agir dans ce cas... Je vais juste fermer les rideaux et la petite lumière qui scintille encore... Et je pars rejoindre Shigeru... Le coeur battant à tout rompre...

Une nouvelle fois dans la journée, il semblait bien que je me sois endormi. Je regarde le petit réveil posé à côté du futon de Kami: il est dix-neuf heures et trente-trois minutes. J'ai une certaine difficulté à ouvrir les yeux. La boîte de capotes est posée sur la commode, ouverte avec des emballages qui sont à deux doigts de tomber... Je tente de réveiller la rouquine à coups de petits bisous sur la tête. Je chuchote. Kami... Kami...

Shigeru Yamane: Kami... Petite mademoiselle... Il est bientôt l'heure d'aller dîner, mon tout petit manchot.

Je sens que Shigeru tente de me réveiller doucement. J'ai dormi, bien dormi. Je ne sais pas depuis combien de temps je suis là, comme ça, dans le futon. En tous cas, Shigeru m'indique qu'il est bientôt l'heure de manger. Hum... Je n'ai pas trop faim... Enfin, plutôt, je n'ai aucune envie de faire à manger même si j'ai faim... Je me tourne dans mon drap et je couvre ma tête. Je me demande si je vais finir par bouger de là... On a passé du bon temps, du vrai bon temps même... Et j'en suis encore toute troublée - et fatiguée.
    Je grogne légèrement. J'ai un peu mal au bas-ventre. Et je n'ai plus grand chose sur moi... Cette "découverte" me donne encore plus envie de rester au lit, d'autant plus que, même en ayant dormi, je suis épuisée. Je trouve néanmoins la force de me tourner vers Shigeru, en découvrant ma tête. Je lui lance un sourire.

Kami Sakuraï : D'accord...Je... Je vais me passer un peu d'eau... Et j'arrive... On peut manger dehors si tu veux...

      Je me lève doucement, après m'être un peu plus habillée. Je ressens une légère douleur passagère, mais je vais globalement bien. En même temps, faut-il dire, nous n'avons pas fait les choses à moitié..! Je quitte la pièce principale sous l'oeil attentif de Shigeru. Une fois dans la salle de bains, je tente de me remettre en forme pour de bon, après avoir pu faire des choses essentielles dont passer de l'eau sur mon visage et... une certaine partie de mon corps... Par Kuriboh Ailé... Je... J'ai... Il y a du... Pas de panique. Souviens-toi, il paraît que c'est naturel, ça, après... Euh...
      Une fois prête, je sors de la salle de bains. Je suis habillée et remise sur pieds, enfin, globalement. Je jette un coup d'oeil vers Shigeru, qui est en train de m'attendre. J'attrape mon tléphone, posé pas loin, vers le meuble T.V et j'envoie un message d'excuses à Atsuko, disant que j'ai été occupée pour de la ... Paperasse... Et que je ne pouvais pas lui répondre... Je l'ai presque oubliée, celle-là, avec tout ça... Je me sens un peu coupable de m'être comportée ainsi et d'avoir fait... Ce que j'ai fait... Un peu déconcertée, je me tourne vers Shigeru...

Kami Sakuraï : Hum... Toi, ça... Est-ce que ça va..?

Shigeru Yamane: Ouais... Je vais même plutôt bien, mais toi, tu as l'air toute fatiguée, héhé. Si tu veux, je peux descendre acheter des choses et te faire à manger? Qu'est-ce qui te ferait plaisir, championne?

Ah. En me levant complètement du lit, je sens que mes cheveux font n'importe quoi. Je viens me mettre debout, en m'agenouillant face à Kami. Je la regarde mieux...

Shigeru Yamane: Toi, tu as définitivement une petite mine.

Kami Sakuraï : Mais non, mais non, je peux sortir, ne t'en fais pas! Et ça va m'éviter de me sentir coupable en te voyant faire à manger, ha ha ha!

    N'empêche, je n'en mène pas large, mais même pas du tout du tout. Mais je m'efforce de mettre tout ça de côté. Je prends mon téléphone portable avec moi, lançant au passage à Shigeru un : "Je me demande comment Akira a pu s'en sortir hier... On a pas eu de nouvelles de lui?". C'est vrai que j'ai oublié, par politesse, de demander à Shigeru comment Akira bourré avait terminé son escapade au Pot de Cupidité. En tous cas, quand on l'a quitté, il semblait heureux...

    Nous sortons de l'appartement, empruntant le couloir qui mène aux escaliers, tout en croisant, au passage, Darren. Il fait une tronche pas possible. Je crois qu'il a entendu ce qu'on était en train de faire. Il a l'air hors de lui mais ne se manifeste pas. Désolée, Darren... Je passe vite devant lui, tenant Shigeru par la main.
     On se retrouve vite en bas de la résidence. J'ai envie de rire en repensant à la tête de Darren. Franchment, lui, choqué, et en colère, pour ça? Je regarde Shigeru avec un air complice...

Kami Sakuraï : Merci pour... Pour tout à l'heure...

    Alors que je me dresse sur la pointe des pieds pour faire un petit bisou à Shigeru, j'entends des bruits de pas se rapprocher de la résidence... Hum... Ce n'est pas très important, j'imagine, juste quelqu'un qui revient chez... Les pas se stoppent et j'entends quelqu'un tousser de façon très bruyante... Je me fige, à quelques centimètres de Shigeru. Oh non... Je crois reconnaître la voix...

Atsuko : Je vois que la "paperasse" est en train de bien t'occuper...

Au moment où je reçois le baiser de Kami, une grosse voix interrompt nos passions. Je me retourne et... Ah, je crois comprendre. Je me fais la configuration des paramètres en tête, et je me dis qu'il y a de grandes chances qu'il s'agisse de...

Shigeru Yamane: Ah, haha, tu dois être Atsuko (je me frotte l'arrière de la tête avec ma main)! En à peine deux jours, Kami a eu le temps de m'parler d'toi... Je m'appelle Shigeru, Shigeru Yamane, enchanté! Héhé...

J'ose espérer que mon intuition ne m'a pas trompé, mais je suis presque sûr que c'est elle. Malgré sa petite taille, elle a l'air d'être gonflée à bloc et d'avoir un caractère de soldat palestinien... Zut, comment tirer Kami de ce mauvais pas?

Je viens de mettre Shigeru et moi-même dans une situation délicate : au contraire de Darren, je sais qu'Atsuko ne va pas mâcher ses mots, surtout face à moi. Là où Darren est plus prévisible avec ses expressions et sous-entendus - parfois incompréhensibles - je sais qu'Atsuko est une fille directe. Atsuko, si tu avais pu être comme ça, quand on se faisait embêter au collège... Je suis à la fois pas mal embarassée, mais mes yeux doivent lancer des éclairs. Bon...
    Je m'écarte d'un coup de Shigeru, par pudeur, mais aussi par peur de représailles, car je ne sais pas à quoi m'attendre d'Atsuko. Si elle a tout vu et entendu, je suis assez mal. Déjà que quand je lui disais que je "courais après un garçon", elle pensait que je m'acharnais à "sortir" avec alors que la réalité était tout autre chose... Et que ce garçon, je lui rendais juste la monnaie de sa pièce... Bref.

Kami Sakuraï : Oh, mais, euh, Atsuko, je... Je viens juste de finir mes papiers... Ah ah ah... Shigeru était venu m'aider à... Finaliser mon inscription, tu sais?

    De sa petite hauteur, Atsuko me regarde sévèrement. Elle croise les bras, faisant "crisser" sa veste en cuir rouge sombre. Sa Converse noire gauche tape furieusement le sol au même rythme que son pied. Dire qu'elle aurait pu passer bien plus inaperçue, si elle n'avait porté que son jean et son t-shirt noir. Mais là, elle a une aura rouge... Qui doit refléter le fait qu'elle soit en train de bouillir intérieurement.

Atsuko : Venu juste t'aider pour des papiers? Hum? Pourtant, j'ai cru que tu allais lui rouler une pelle, là...

Kami Sakuraï : Mais noooon! (Je ravale ma salive de travers, ce qui manque de me faire tousser. Heureusement, je constate qu'elle N'A PAS tout vu et qu'elle CROIT juste avoir vu.) Tu sais, euh, mon cousin... Akira! (Je suis obligée d'utiliser ton pote comme alibi, Shigeru... Je suis désolée...) Je t'en ai peu parlé, je sais, mais, euh, figure-toi que Shigeru, c'est un de ses amis, et qu'il est professeur à la Duel Académie, et, tu sais, je bloquais sur un truc dans le formulaire...

     Je continue mon explication - foireuse - mais Atsuko a l'air de me croire. Je lui ai déjà dit que j'étais incapable de mentir, enfin, sauf par omission. J'arrive à bobarder sur le fait qu'elle pensait me voir plus passionnée que ça, avec Shigeru, mais qu'en fait, je lui faisais juste la bise parce que...

Kami Sakuraï : Shigeru était sur le point de repartir!

Atsuko : Ah?

Kami Sakuraï : Mais bon, comme je n'ai pas mangé, tu sais, je pensais... Euh... Tu as mangé, toi? (Je me tourne vers Atsuko.)

Atsuko : Non, pourquoi?

Kami Sakuraï : Pour me faire pardonner, je... Je t'invite... J'allais manger dehors!... Ah ah ah... Shigeru, je sais que tu n'as pas mangé non plus, donc, tu veux te joindre à nous?... Ah ah ah!

     Belle pirouette scénaristique, bien joué Kami! Oui, conscience, tu peux me féliciter plus tard, tu sais, on est pas encore hors de danger... En même temps, il ne fallait pas faire ça avec... JE SAIS, OH!  Atsuko se retourne vers Shigeru, l'air interrogateur, avec une tête qui veut dire : "Alors, toi, tu viens ou pas?". J'attends aussi une réponse de Shigeru. Monsieur le Prof', il n'y a pas de mauvais choix dans cette situation...

J'observe Kami avec attention. Damnation, elle panique. Elle commence à improviser complètement auprès de sa pote, qui visiblement ne goûte pas trop à cette histoire de formulaires administratifs. Atsuko n'a d'ailleurs pas l'air beaucoup plus vieille que Kami, quand j'y pense, elle est peut-être d'un an ou deux plus jeune, à moins que je sois véritablement un cas désespéré pour estimer les âges des gens... Eh... Mais... C'est que ça a l'air de marcher, en fait. Ma petite moitié à la crinière enflammée est donc potentiellement une actrice en devenir, je note donc pour la suite de bien relever ses stratégies et ses tocs faciaux au cas où elle me cacherait quelque chose, ma petite Mary-Jane Watson, huhu. J'ai un petit spasme au moment où elle dit que j'allais partir. Ah ouais, c'est comme ça, je rentre chez moi et on oublie tout? Bah, non, crétin! Des fois, j'ai de ces pensées immédiates si irrationnelles... Ah! Le coup de l'invitation au resto pour se faire pardonner! J'avoue, c'est un grand classique, même moi, il m'est arrivé d'utiliser cette technique avec Kenichi quand il me proposait une sortie au karaoké ou en boîte de nuit. Je pense que ça a des chances de marcher, mais je ne peux pas m'empêcher de lancer un bref regard inquiet vers Kami. Puis je réponds assez rapidement, car je sais que la Astuko n'a pas l'air du genre à patienter...

Shigeru Yamane: Oh, j'ai peur d'être de trop, je ne veux vraiment pas vous gêner. Quoique (je décide d'en rajouter une couche), il y a des choses dont nous devons encore discuter au sujet des bourses délivrées aux étudiants qui ont obtenu les meilleurs résultats aux présélections, et aussi... Voir si ton Deck est bien conforme, pour l'examen d'entrée définitif.

Kami Sakuraï : Mais non, mais non, tu ne vas pas nous gêner! Ah ah ah! N'est-ce pas Atsuko..?

    Je prie pour qu'Atsuko réponde par la positive, en disant qu'effectivement Shigeru n'est pas une gêne. En même temps, c'est elle qui est venue, là, se pointer comme la cerise sur la tarte au fromage... Je lance des regards inquiets et désolés à Shigeru. J'espère qu'il n'est pas en train de m'en vouloir parce que j'ai dit qu'il devait partir. En tous cas, j'ai senti une pointe d'humour dans sa dernière phrase, doublé d'un jeu de mot assez... graveleux.

Atsuko : non, non, ça ne me gêne pas. D'ailleurs, je ne pourrais pas rester vraiment longtemps, mes parents attendent mon retour pour 21 heures.

      Je suis soulagée. Elle va peut-être manger juste le début du repas avec nous, boire donc juste la soupe miso. Pfiou... Je demande s'il n' y a aucune ojection à ce nous allions au restaurant de nouilles un peu plus loin, vers le centre-ville. Atsuko n'y voit aucun inconvénient, quant à Shigeru...

Kami Sakuraï : Tu peux vraiment venir avec nous, si tu veux... C'est que ça me... Nous ferait plaisir!

Shigeru Yamane: Ok... Allons-y donc. Je vous suis...

La pénombre enveloppe alors petit à petit les deux jeunes femmes, que je dois suivre d'un pas assez souple si je ne veux pas les perdre. C'est que l'exercice physique de tout à l'heure me fait un peu boiter... Je marche, je marche, je marche encore et encore, et une petite façade sur-éclairée en néons blancs indique "Nouilles Tsubashi". En réalité, on dirait bien que nous ne sommes pas si loin du restaurant que Kami m'a évoqué il y a quelques minutes.

Changement de lieu.

Lieu précédent.

Nous revoilà face au grand immeuble dans lequel loge ma petite amie, et très probablement ma future élève. C'est très étrange de se dire ça. Dire qu'il y a quelque jours, ma vie sociale se résumait à poser des lapins à mon cousin Kenichi et à boire des bières avec mon meilleur ami Akira. Aujourd'hui, j'ai l'opportunité de faire un travail intéressant à long terme, et aussi l'opportunité d'une relation amoureuse à long terme. C'est encore trop récent pour que j'en aie pleinement conscience. Pourtant, ça me transporte déjà. Je sens mon corps planer au-dessus des nuages sombres, au-dessus de la Lune à moitié visible et au-dessus des étoiles déjà éteintes. Au fond de moi, j'ai la conviction que tout ça ne pouvait pas être autrement. Le mail de la Kaiba Corp, l'agression de Seiko Kuriyama, la rencontre avec Kami... Haha! Kami... Je ne crois pas en Dieu, mais Kami pourrait-elle être la vraie déesse de ma vie? Mais qu'est-ce que je raconte, moi?

Pas de problèmes pour grimper jusqu'à l'appartement et ouvrir la porte. L'affiche de Seto Kaiba, plus austère que jamais me fait maintenant bien rire. Je propose d'allumer la console de jeux, pour s'amuser un peu avant de dormir... Je sais qu'on peut encore trouver des choses à faire sur Kingdom Hearts, on se met donc à construire un vaisseau spatial improbable pour parcourir les mondes. Je l'ai appelé le "Technodrome X", ça allait bien avec son apparence et ça faisait bien rire Kami. L'avancée de la fatigue devenant impossible à stopper, nous nous sommes mis d'accord vers vingt-trois heures et quart pour gagner le lit ensemble. Hum... Elle est toute fraîche et toute douce... Kami-chan.

Vendredi 4 août 2007

Hum... Qu'est-ce que... Oh... J'ai mal à la tête, moi.

Je suis dans le futon de Kami, en caleçon, et cette dernière vient de donner un coup de paluche sur mon front. Visiblement, elle dort encore, en respirant par la bouche. Je n'ai pas pu m'empêcher de lâcher un "aïe" qui n'a même pas fait bouger la belle. Bon... Je me demande quelle heure il est, moi. Finalement... Il faut bien que je me dégage de ce petit nid douillet, le sommeil ne revient pas et j'ai peur de gêner mademoiselle aux dragons. Bon. Je me pose en tailleur par terre et je commence à lire et à relire inlassablement les pages de mon contrat de travail. Eh, c'est que je serais bien payé, moi... C'est que j'y repensais plus, à ce joli salaire!

Voir le contrat de travail de Shigeru:

C'est plutôt intéressant, tout ça... J'ai le jeudi à la cool, et le weekend pour moi, le rêve par rapport à mes études précédentes ou mon job à Burger World! Et puis, je connais déjà un de mes collègues, le professeur Kabayama, donc au moins, au besoin, j'aurais un type auquel parler à la pause café, haha! Tiens, on dirait que ma dormeuse pointe le bout de son nez!!

Je me réveille avec comme une barre au niveau de la nuque. Ouch. J'ai dû dormir dans une position peu confortable, totalement de travers, ou je ne sais quoi. M'enfin, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive. Je fais jouer mes épaules pour atténuer la douleur, mais j'ai toujours la tête enveloppée dans mon drap. Je décide d'émerger après avoir assez détendu mon cou et ma nuque.  
   Il fait grand soleil, encore une fois, dehors. Et les lueurs du jour passent à travers les rideaux fermés. Cependant, comme les rideaux sont bien fermés... Hu hu hu... La lumière entre de façon douce et pas aussi brutalement qu'habituellement. Je me retourne dans le lit, et je me rends compte, qu'une fois de plus, je ne suis pas très couverte, seulement un t-shirt trop grand et mes sous-vêtements.  
     Une fois retournée, je vois Shigeru dont le haut du corps dépasse de la hauteur du futon : il est par terre, à moitié penché sur quelque chose. Il est sûrement en train de lire. Je souris et je m'approche de lui, de façon à pouvoir lire par-dessus son épaule - ce qui ma foi est quand même pas mal impoli...

Kami Sakuraï : Coucou..! Tu fais quoi de beau?!? (Je tente désespérément de voir...)

Shigeru Yamane: Oh... Coucou, petite championne, mate un peu ça! C'est mon programme de cours pour cette année, on dirait bien qu'on risque au moins de se voir quatre fois par semaine, héhé! Enfin, dans le cadre des cours bien sûr...

Je lui tends l'écran de mon téléphone pour qu'elle puisse mieux voir. Je suis excité comme un gamin!

Je regarde bien l'écran. J'ai du mal à voir les caractères, comme je n'ai pas mes lunettes. Je dois les attraper sur la petite table à côté de mon futon, je remarque au passage qu'il est 9 heures. C'est tôt, par rapport à d'habitude... Effectivement, il se trouve que Shigeru passe pas mal d'heures avec les nouveaux, encore plus si ce sont des Osiris...

Kami Sakuraï : Est-ce que j'entends une pointe de déception dans "on dirait bien qu'on risque au moins de se voir quatre fois par semaine, héhé! Enfin, dans le cadre des cours bien sûr...", hum? (Je me cale au fond de mon futon.) Et puis, si ça se trouve, je ne serais pas prise, tu sais, même si j'en doute quelque peu..!

Shigeru Yamane: Tu dis ça à cause des deux duels qu'on a livré? Oh, ne sois pas aussi pessimiste, petite magicienne! Tu as été à deux doigts de me battre, à notre premier duel, tu sais? D'ailleurs, on a joué que deux fois... Et puis, finalement, qu'est-ce qu'on a à s'embêter avec ça?... On a encore un bout bon de temps, avant les inscriptions mais, si ça te rassure...

Je m'avance vers Kami en rampant sur le sol, puis, je bondis vers le lit en approchant brutalement mon visage comme si j'allais la manger. Hihihihihi... Mais mon menton part juste contre son cou nu, et je chuchote au creux de son oreille:

Shigeru Yamane: Je pourrais te préparer en te donnant quelques cours particuliers, héhéhéhé... Mais dis, petite magicienne, oublions tout ça. J'ai envie d'sortir, si on allait se prendre un café?... Si ça te dérange pas, bien sûr. J'ai besoin de démarrer la journée en pleine forme!

Kami Sakuraï : Des cours particuliers, hum? (Je me tourne vers Shigeru, en lui faisant un bisou.) Et ils consistent en quoi? (Encore un bisou.) Et on commence quand?

    J'ai envie de le taquiner un peu, comme il est en train de faire, question d'être à armes égales, et pas question d'oublier tout ça, comme Shigeru le suggère. Monsieur veut sortir, mais pas avant d'avoir réglé nos affaires - et surtout pas avant avoir passé quelque chose de plus convenable sur moi. Ce petit jeu de taquineries va m'amuser, je crois... Hi hi hi...

Kami Sakuraï : Hum... Monsieur-pleine-forme...

Shigeru Yamane: En pleine forme, ça oui! Et pour te faire des chatouilles, muhahaha!

Instructions MJ:

Le membre 'Koolbeer' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

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'Dé à six faces' : 2

Shigeru Yamane: Attention... Me voilà, haha!!

J'essaie d'attraper les petits pieds à Kami, mais... C'est la catastrophe. J'ai tellement tendu mon corps, que j'ai glissé sur le côté, et Kami a hurlé parce que je me suis mangé le parquet la tête la première, mon cul ayant roulé vers la télécommande, allumant le poste de ma future élève... Aïe... Bordel de cul, ça fait mal.

Shigeru Yamane: Gah... T'en fais, je... Je vais bien...

Je tourne vite mon visage vers l'écran quand j'entends un mot "meurtre". C'est le journal télévisé de ZTV... De quoi ils peuvent bien parler? Je vois la caméra qui se rapproche d'un endroit que je connais bien... C'est le Musée de Domino! De, attends, quoi? Une pièce volée?!

Présentateur TV: ... sanglant a été commis dans l'enceinte du Musée de Domino, hier soir. La victime n'est ni plus ni moins que la célèbre Ishizu Ishtar, ambassadrice du gouvernement égyptien très appréciée au Japon, et commissaire de l'exposition "Jeux d'Ombres et de Pouvoirs", qui a débuté au jour du 5 juillet et qui était censée durer jusqu'au 5 septembre. Le mobile du meurtre n'est pas connu, mais un objet a été volé: il semble qu'il s'agisse d'une réplique d'un ancien ouvrage égyptien rédigé en une langue inconnue. L'ambassade d'Égypte a vite fait savoir qu'elle comptait cesser toute collaboration avec les musées japonais et reprendre chaque objet d'art et de témoignage historique jusqu'à nouvel ordre. Plus sordide encore, les caméras ont capturé l'image du coupable, un homme costumé de la tête aux pieds, portant une visière. Plus de 5000 enquêteurs et policiers ont été dépêchés dans la ville de Domino pour arrêter cet homme. Les experts-psychiatres penchent pour un fanatique, alors que les citoyens, médusés, voient le Musée fermer ses portes, peut-être à terme définitif, en cette sinistre matinée du vendredi 4 août.

Ça y est. Ce reportage macabre qui se veut journalistique m'a pourri la journée. Puis, à la limite d'avoir la bouche en cœur, l'équipe de "ZTV Morning" décide de nous passer les images-vidéo du coupable au ralenti. Et là, je suis... Estomaqué devant les enregistrements.

Même vu du dessus... Cette ressemblance est horrible... C'est quoi... Cette blague... L'image a une teinte affreusement laide, le matériel de surveillance dont dispose le Musée de Domino doit être assez vétuste. Mais je vois des cheveux dressés, en pic. Un costume à pointes. Il est en train de rire, il a même la main encore maculée de sang. Cette silhouette. Je n'ai aucun doute. C'est cet homme que Seiko Kuriyama a dessiné à l'Hôpital. J'en mettrais ma main à couper.

Shigeru Yamane: Alors, c'est toi... Enfoiré...

Je porte la main à ma bouche... Je... Je crois que je vais vomir... J'ai une boule dans le ventre, mes oreilles sont comme bouchées, je sens de la pression dans tout mon corps. Je fonce à la salle de bains pour gerber, la tête presque dans la cuvette des chiottes. Je... J'y crois pas... Cet enfoiré existe. Celui que Seiko appelait "l'Émissaire". Ce n'est pas juste le délire d'une folle furieuse rescapée d'une agression, c'est un vrai malade qui se déguise en seigneur démoniaque ou je ne sais trop quoi, un ravagé du bulbe qui n'a aucun souci à agresser, à blesser. À tuer. Beu... Beurk... Je... J'ai l'impression que je vais cracher mes poumons, putain!!!

Kami Sakuraï : C'est affr...Hé... Shigeru..!

     Shigeru s'est levé brusquement, j'ai à peine eu le temps de réagir face à tout ça. J'ai presque l'impression qu'on regarde un thriller à la télévision, mais la vue en bas de l'écran du logo de la ZTV me ramène durement à la réalité. Mais plus que de devoir me pencher sur l'assassinat - dont on ne se prive pas de montrer les images au journal - je dois plus m'occuper d'ici et maintenant, parce que Shigeru a besoin de moi. Prendre le malheur pour spectacle, tsss, sottise humaine...
     Alors que je me lève à mon tour du futon assez rapidement, j'entends un bruit guttural provenant de la salle de bains. Je laisse Shigeru un peu seul, quelques instants : je ne pense pas qu'il ait envie que je le vois dans cet état. Après quelques minutes de répit, je me décide à entrer dans la salle de bains, en frappant d'abord.

Kami Sakuraï : Je... Je peux venir..? Je... Je ne savais pas que ça allait te mettre dans tous tes états...

Shigeru Yamane: Ouais... C'est bon, tu peux venir...

Je suis sur les genoux, encore avec le visage empli d'une moiteur de malade. J'ai pu m'essuyer le visage avec un misérable morceau de papier toilette rose, mais je ne suis pas encore convaincu d'être présentable.