CHAMBRE DE KAMI - Requiem pour un réveil qui ne fait pas de bruit - [FERME]

Mardi Premier Août 2007

Un son indique que mes Life Points ont encore baissé. Mon adversaire rit très fort de l’autre côté du terrain. Je ne vois pas son visage, car l’attaque portée avec son monstre a soulevé un nuage de poussière holographique. Vas-y, allez, tu vas rire, du temps que tu le peux encore ! Je pioche une carte. C’est elle, c’est la bonne ! C’est ma dernière chance, ça ne peut être que ma dernière chance de…

Un son de pop niaise résonne dans ma tête, mais pas que. C’est mon réveil qui scande dans toute ma chambre une chanson guimauve. Ts. D’accord. Mon duel, ce n’était qu’un rêve… Je frotte mes yeux, encore fermés, une vaine tentative de les ouvrir avec douceur. La lumière blanche du dehors me donne juste envie de m’enrouler dans mon drap, de cacher mes yeux et de me rendormir.
Je tâte la table à côté de moi, à la recherche du chœur de voix qui me donne envie de briser mon réveil. Mais bon, je ne dispose pas assez de moyens pour racheter encore un nouveau réveil – ce n’est pas le premier à succomber à mon poing ravageur, à cause de la pop… Je trouve enfin le coupable. Il est vite éteint, une fois en main. Je le connais par cœur, maintenant.
Mes yeux s’ouvrent enfin, après que mes pupilles, sous mes paupières, aient pu s’habituer assez bien à la lumière du matin. Il est huit heures, et il fait déjà fort clair, même au travers des rideaux. Je baîlle et je m’étire en entendant un « crac » sonore venant de quelque part en-dessous de moi. Ah. Ma latte me lâche encore…

Je perds mon regard sur l’ensemble de ma chambre. C’est encore le foutoir : il me reste encore quelques cartons où s’entassent des affaires pas encore déballées, il y a encore le les restes de mon repas d’hier, enfin, juste les couverts, et la boîte d’un de mes decks posé sur la table, les cartes un peu mélangées, ici et là. C’est vrai, je me faisais une nouvelle stratégie pour la Duel Académie ! Ah, la Duel Académie, ça fait partie du « plan » pour mon plus grand rêve !
Rêveuse, je tourne un regard distrait vers un des posters de ma chambre : l’affiche représente le fondateur de la Duel Académie, Seto Kaiba. J’ai un léger sourire en coin. Mon rêve, c’est de l’affronter, et je compte bien pouvoir y parvenir un jour ! Un jour, je serai en face de lui, pour un duel. Comme avec l’adversaire inconnu, dans mon rêve. Et ce jour-là, nous verrons si l’élève peut surpasser le maître ! Je regarde affectueusement ma carte Dragon Blanc aux Yeux Bleus, sur la petite table…

Il est presque neuf heures quand je suis enfin prête. Dehors, il fait toujours aussi lumineux. Le soleil est radieux. Et la journée promet d’être bonne ! Je réajuste le col de ma chemise, qui dépasse du col-même de mon pull. Je me penche pour mettre mes chaussures et nouer mes lacets.
J’ouvre la porte. Un vent frais effleure mon visage. Je n’ai pas encore idée de là où je veux aller. Mais je sais qu’instinctivement, mes pieds vont me mener au Kame Game .

CHANGEMENT DE LIEU.

CHAMBRE DE KAMI
- Kami Sakuraï & Shigeru Yamane -
OUVERTURE JUSQU'AU PROCHAIN CHANGEMENT DE LIEU

Lieu précédent.

Nous voici devant le bâtiment regroupant plusieurs chambres d'étudiants. Devant le bâtiment se dresse un petit mur, derrière laquelle se tient une haie bien taillée, entretenue par le gentil concierge, un homme d'une cinquantaine d'années qui paterne un peu chaque étudiant. La résidence est gérée d'une façon plutôt détendue, comme la plupart des étudiants - même mes voisins métalleux - sont du genre calme.
   Je monte un escalier, car j'habite dans un des logements de l'étage. Shigeru me suit. Je me demande ce qu'il pense de la résidence. Il ne devait pas s'attendre à ça. En tous cas, je n'ai pas l'impression que ça ait fait une mauvaise impression sur lui.

Alors que je tourne la clé dans la serrure de mon appartement, je croise mon voisin, le métalleux, qui sort de chez lui, avec une tête d'enterrement. Il n'a pas dû beaucoup dormir, à en voir sa tête. Il est peut-être allé voir son groupe fétiche hier soir - parce que je ne l'ai pas entendu "tapager" comme à son habitude, le lundi. Il vient de se lever, et du mauvais pied. Je crois qu'il bosse comme "Super Sentaï" au centre commercial du coin.
Je me retourne, pour lui dire bonjour. Je l'ai peu croisé, je lui ai peu parlé, mais c'est la moindre des politesses de dire bonjour, tout du moins, je crois.

Kami Sakuraï :Salut, voisin!

??? : Grunts... Mouais. Salut.

   Mon cher voisin s'en va, me laissant sur sa réponse très peu enthousiaste. Je le regarde descendre les escaliers et s'en aller par la rue. Je me tourne vers Shigeru, en haussant les épaules, les sourcils relevés et la bouche pincée. Tant je tire une dôle de tête que mes lunettes sont à deux doigts de tomber de mon nez. Je dois avoir une drôle de tête, mais qu'importe, ça se prête à la situation, non?

Kami Sakuraï :Pas très loquace, celui-là, aujourd'hui. Il se fait appeler Darren, je crois, mais c'est juste son pseudonyme de métalleux. Le genre à être fan de Kiss, tu vois? M'enfin, c'est pas lui qui nous intéresse. Ah ah ah! Bon, tu fais pas gaffe à ce que j'ai laissé traîner, d'accord?

  J'ouvre grand la porte. On débouche d'abord sur ma petite cuisine, équipée de deux plaques électriques, d'un mini-four, lui aussi électrique, d'un minuscule plan de travail et de trois meubles en hauteur, et un autre sous le plan de travail. Mon frigidaire, aussi en taille réduite, se trouve sous les plaques électriques. J'y aimante d'emblée mon Red-Eyes, je ne vais pas le perdre, au moins.
  Shigeru entre à ma suite et referme la porte derrière lui tandis que je me dirige vers l'espace "salon et couchette". J'ai un simple futon, tout défait, qui me sert de lit et de "sofa" d'appoint. Une table basse, où mes cartes traînent, avec quelques dessins - dont un d'un dragon qui crache un puissant jet de flammes, et mes couverts de la veille que je n'ai pas eu le temps de débarasser.
Mon meuble T.V arbore un vieil écran, auquel est relié un lecteur de DVDs. Une pile de disques dans leurs boîtes trônent à côté : Détective Conan, Supernatural (juste la saison 1), et quelques films, et des animes. Juste à côté du meuble T.V, un autre meuble, à peu près assorti, où des livres et des B.Ds s'entassent : toujours du Détective Conan, trois volumes de Harry Potter ( j'aime bien les magiciens, sauf les vindicatifs), du Edogawa Ranpo, mais aussi des livres d'auteurs de policiers étrangers, comme Mary Higgins Clark, et encore plein de bonnes choses. Encore à côté de ça, un gros meuble où je range des vêtements, et où, dessus, j'ai quelques figurines et jouets plutôt cools.
Sur mon bureau, qui se trouve au pied de mon lit, avec un autre meuble me permettant de stocker un peu de tout et n'importe quoi, il y a encore des dessins, et des crayons, et de l'aquarelle. Il y a aussi mon vieil ordinateur portable, qui ne casserait plus trois pattes à un canard...
Il reste encore quelques cartons pas tout à fait déballés, dans un coin. Et le poster de Seto Kaiba, au-dessus du bureau, me fixe d'une façon sévère. Hé, c'est bon, j'ai (encore) rien fait de mal, et lui non plus!

Kami Sakuraï :Hé hé hé... Bienvenue! c'est pas trop rangé, mais j'espère que ça te gêne pas, et que c'est à ton goût!

J'ai un sourire gêné. Je me souviens des conseils prodigués par ma mère, me disant de faire toujours bien attention à la tenue de ma chambre, ici ou à la maison, parce qu'on ne sait jamais si quelqu'un va devoir entrer, pour un truc ou un autre. J'ai la vision fugitive d'un voleur qui arrive dans ma chambre, quand c'est le foutoir au maximum, et qui se prend les pieds dans un vêtement qui gît à terre. Waw. Le stress, il me fait voir des choses un peu bêtes, en fait.

Kami Sakuraï : Tu peux faire comme chez toi! Tu peux t'asseoir! (J'indique le futon.) Tu peux manger un gâteau! (Je sors les gâteaux d'un des placards, et je pose le plat sur les plaques électriques.) Ou tu peux tout simplement te passer de l'eau sur le visage tellement il a fait chaud aujourd'hui, et que ça continue encore! (J'indique une porte. Je sais pas ce que j'ai dit, mais j'ai l'air bête.) Voilà, voilà...

Bah, qu'est-ce qu'elle a tout d'un coup? J'la vois s'affoler et bouger les mains dans tous les sens, on dirait qu'il y a un démon qui commence à posséder son corps. En tout cas, le moins qu'on puisse dire est que son appartement est rangé de façon un peu chaotique, mais rien d'alarmant! C'est même plutôt vivant comme lieu, quand bien même on est un peu à l'étroit. Dans l'cadre d'un rencard, ça m'aurait pas dérangé, mais plus le temps passe moins j'ai l'impression qu'il s'agit d'ça. Le poster de Seto Kaiba me met mal à l'aise, j'me sens un peu observé. Je promène mon regard dans la pièce, remarquant la présence de la table basse. Des cartes en vrac, ok, ça je m'y attendais et... Oh! C'est quoi? C'est une aquarelle, on dirait! Je m'approche de la table en me penchant un peu et je vois un dragon, comme s'il surgissait de l'espace aplani et qu'il voulait me parler. Purée, c'est vachement bien fichu! Je pensais pas qu'elle dessinait aussi!

Shigeru Yamane: Wow! C'est toi qui l'as fait?!

Je vois que Shigeru jette un drôle d'oeil à mon poster. C'est vrai, c'est gênant, et intimidant, surtout quand on ramène quelqu'un chez soi. Encore, quand je suis seule, Seto Kaiba me fait méditer, mais bon, là, c'est un poil sinistre. Je vais peut-être faire en sorte de...
  Je me retourne vers Shigeru, qui semble déjà explorer la pièce, afin de lui poser la question au sujet de la présence de Seto Kaiba, en deux dimensions, chez moi et si ça l'embête vraiment. Idiote, bien sûr, ça le gêne, tu as vu sa tête?!? Je me calme, deux secondes, avant de reprendre :

Kami Sakuraï : Si Seto, enfin, si le poster te gêne - et c'est qu'il peut être intimidant, je me rends compte - je peux le retirer, tu sais, ou le replier? Là, comme ça... ( Je tire sur le haut du poster, et je le replie, en prenant soin de ne pas coller par accident la pâte adhésive au poster.) Oui, c'est mieux, comme ça, non?... Ha ha ha...

   Je fais tout pour mettre à l'aise mon invité, mais je le vois déjà penché sur mon dessin, qui est resté sur ma table basse. La poisse. Il est pas encore fini. J'aime pas qu'on voit mes dessins, encore moins quand ils sont pas finis. Argh. Mon cerveau se déconnecte, moins j'entendrais de truc à propos de mon travail, mieux ça ira.
  Alors que j'essaye de ne prêter attention à rien, voilà que Shigeru, toujours penché sur mon bloc où figure le dragon, me pose une question. Une question. Une question. Une question. Oh, ça semble si lointain. J'arrive à entendre et à assimiler. C'est pas une critique, juste une question. Ah, ça va. Je réponds :

Kami Sakuraï : Euh, oui... Oui, j'ai dessiné ça. C'est pas encore exactement fini, j'ai encore un tas de trucs à mettre dessus. Des détails, toujours des détails... Ah ah ah.

   J'ai pas l'air vraiment naturelle, quand je réponds. Mais bon, au moins, j'ai formulé quelque chose. J'ai pas commencé à bafouiller un truc incompréhensible. Allez, il faut te calmer, ok?
   Je tente d'embrayer sur le sujet, et de détourner l'attention de moi - et de mes dessins. Je pense que commencer par poser une simple question innocente, et qui va dans le sens de la conversation, ne fera pas de mal.

Kami Sakuraï : Si tu es intéressé, c'est que tu dessines aussi, non? Ou tu es juste amateur des belles images? En tous as, tu es l'une des rares personnes à avoir vu ce que je faisais, question dessin, ah ah ah!

Je recommence à regarder ma rouquine d'un œil amusé, pas trop effrayant j'espère.

Shigeru Yamane: Si je suis intéressé? Ou... Ouais, et pas qu'un peu. Pour... Pour te dire la vérité, j'envisageais une carrière de game designer avant d'enseigner à la Duel Académie, mais pour une raison ou pour une autre, ça n'a pas bien marché. En tout cas, ton dessin est génial, même au stade d'ébauche, tes contrastes sont magnifiques! Je vois pas pourquoi tu es pas déjà allée voir Industrial Illusion ou la Kaiba Corp avec un book sous le bras, haha!

Je le pense sincèrement. Cette petite est douée. Mais j'ai peur de la mettre mal à l'aise, alors, je laisse tomber mon cul par terre en faisant glisser mes chaussons (que j'ai portés consciencieusement, juste après que Kami soit entrée) et je me mets à rigoler de bon cœur, en voyant la mine -très préoccupée- de Kami qui a l'air de trembler à l'intérieur. Est-ce juste à cause du privilège que j'ai eu d'être spectateur de ses dessins? Je suis positivement curieux. Mais à voir sa tête, mieux vaut-il parler d'autre chose que d'elle pour la mettre en confiance.

Shigeru Yamane: Aah, j'ai bien chaud, moi! Où peut-on s'asseoir, championne? À moins que, on ne débarrasse cette petite table à deux et qu'on pose deux verres dessus? Juste avant le duel?

Ah, tiens? Shigeru voulait être game designer, mais il a laissé tomber, pour devenir professeur. Quel drôle de choix. En tous cas, je me rends compte que ce n'est pas juste un professeur, et qu'il est bien plus proche de ce que je suis que ce que je ne le pensais. C'est juste un garçon - non - un homme, comme un autre. Je l'apprécie de plus en plus, en admettant que ce ne soit pas un psychopathe. Mais bon, à part faire un bête sourire, je ne sais pas comment exprimer tout ça. Hum, il le comprendra peut-être. Plus tard.
Je le vois se laisser tomber par terre, en changeant subreticement de sujet, et demandant où il peut s'asseoir - apparemment autre part que sur mon futon. Il doit être trop mal à l'aise pour s'asseoir sur mon lit, mais bon, je ne peux pas le laisser là, comme ça, par terre, même si le parquet a été ciré il y a peu.

Kami Sakuraï : Tu peux te mettre sur mon futon, ça ne me dérange pas. Tu peux enlever le drap qui me sert de couverture, et le replier vite fait. De toute façon, j'ai le sommeil toujours agité, ça sert donc à rien de faire mon lit de façon irréprochable, ha ha ha! Et puis, bon, comme je te l'ai dit, je n'habite plus chez mes parents, donc, je peux faire comme je veux, ha ha ha!

Shigeru m'indique aussi, enfin, je crois, qu'il est pressé de faire un duel. Ah! Les choses sérieuses commencent! Bon, il dit aussi subtilement qu'il a soif, je crois, et je comprends : même ici, il fait chaud... J'ouvre une fenêtre, côté "cuisine", et je reviens pour empiler les dessins, les poser sur mon bureau et aussi venir ranger les cartes de mon deck principal, qui a été modifié hier au soir.
Je me dirige vers le coin "cuisine" et je cherche deux verres encore propres, question de ne pas avoir à en laver, ça ferait trop patienter Shigeru. Aussi, je regarde du coin de l'oeil s'il va finir par s'installer sur mon futon. Il a l'air gêné, on dirait. Mais franchement, y'a pas de quoi, c'est juste le truc dans lequel je dors, après tout.

Huh... Son futon? Oh... Ce s'rait bel et bien un... Un... Rendez-vous? Mes genoux en tremblent, ça doit s'voir! Merde! Serait-ce... Serait-ce possible? À 26 ans, j'vais enfin perdre mon pucelage!! Ah! Mes naseaux doivent fumer. Je suis au bord de l'apoplexie, sauf que contrairement à tout à l'heure, le sang circule bien dans toutes les parties d'mon corps. Du... Du calme. Pas de conclusions hâtives. Et ne bande surtout pas, bordel, t'as pas le droit! C'est une gentille fille. Il... Faut te calmer un peu. Mais si elle veut rien, pourquoi diable se met-on sur le futon? Pour... Le... Confort? J'en ai pas la moindre idée! Et puis, heum, ça l'ferait moyen, une élève qui a des rapports avec son professeur, elle pourrait m'faire chanter! Raah! Nan, arrête de penser à ça! Sérieus'ment!! J'comprends mieux pourquoi on m'a donné le dortoir des Rouge Osiris à présent, j'dois être rouge cramé de partout!

Shigeru Yamane: J... Je... Euh... D'accord... Je vais m'installer.

Je m'attaque au drap en me mettant bien dos à Kami pour cacher quelque chose qui risquerait d'être trop apparent. Allez bordel, pense à... Euh... La concierge de mon immeuble à poil, oui, elle est dégueulasse, c'est parfait pour faire retomber un enthousiasme trop vite venu! En plus, cette connasse m'a encore fait payer son déplacement, y a deux jours... Juste pour voir si ma chaudière fonctionnait toujours.
Bon! Le drap est soigneusement plié, et maintenant que je suis certain d'être absolu de tout péché, je m'installe en tailleur en fermant les yeux et en inspirant profondément.

Pourvu qu'elle aie rien r'marqué, bordel!!!

Ah, ça y est, il se met à l'aise. Du moins, c'est ce que je pense voir du coin de l'oeil. Je le vois replier le drap, il est un peu long à accomplir cette manoeuvre, mais je suis sûre qu'il cherche à bien faire. C'est gentil de m'aider un peu, mais il na'vait vraiment pas à prendre autant de temps à faire ça. En deux temps trois mouvements et c'était plié! N'empêche, il faut que je le remercie pour ça, je sais pas encore comment, mais je vais trouver!
Je trouve deux verres rescapés au fond d'un des placards. C'est impeccable. Je ramène en vitesse les verres, et je prends un petit échantillon des boissons que j'ai et que nous avons ramenées : jus de fruit, eau, Cow-Cola (il y en avait dans le magasin!) et cette mystérieuse "Hikari". J'amène aussi le plat de gâteaux, Shigeru n'avait pas osé y toucher, même quand je lui ai dit qu'il pouvait se servir librement... Pas grave, on va en profiter à deux en même temps!

Je m'éclipse un instant, en allant vers la salle de bains, sous le regard - interrogateur? - de Shigeru. En fait, j'ai mon rituel, quand je rentre chez moi, je suis obligée de me mettre en pyjama, ou en tenue plus décontractée, surtout quand il fait chaud comme ça. Un t-shirt, un short simple au-dessus du genou et des chaussettes très courtes - question de pas mettre mes traces de pas partout sur mon parquet fraîchement ciré.
Comme je crois voir l'ombre d'une interrogation passer sur le visage de Shigeru je m'empresse de passer la tête par le cadran de la porte coulissante en déclarant haut et fort :

Kami Sakuraï : J'arrive tout de suite, je vais me changer!

Je reviens une fois changée. Je me sens mieux maintenant, et bien plus libre de mes mouvements, surtout si je dois m'installer sur mon futon. Et puis, si je dois livrer un duel, autant être dans les meilleures conditions : un peu de chill et je serais dans les conditions optimales de duel. Avec, à mes côtés, mon tout nouvel ami : le petit chat en peluche.
J'imite Shigeru - qui est tout rouge, c'est à cause du poster tout à l'heure, qui l'a mis mal à l'aise ou...? - et je m'installe face à lui en tailleur, en lui tendant un gâteau. Mes gâteaux, ils réconcilient tout le monde, dans mon entourage, du moins.
Il n'a pas l'air du tout bien Pas en phase avec lui-même, ou je ne sais trop quoi. En tous cas, il ne décolore pas, et c'est inquiétant. Je me demande même s'il va accepter mon gâteau et le manger. Parce que concrètement, là, j'apprends à mon gâteau à voler.

Kami SakuraÏ : Euh... Est-ce que ça va?.. Tu n'as pas l'air bien du tout... Si tu veux, y'a la salle de bains, si tu veux te passer un peu d'eau, n'importe...

Aah! Elle est habillée plus léger. Remarque, ça s'comprend avec cette chaleur, mais voir ses jambes se découvrir de cette façon, j'en tremble encore! Elles... Elles ont l'air toutes douces! Non, reprends-toi! C'est plus haut qu'il faut regarder! Enfin, pas trop haut non plus, faudrait pas qu'tu fixes le plafond comme un abruti! En trois secondes, je remarque la main tendue de Kami, qui comprend un gâteau. Prends le gâteau. Fais gaffe à pas trop caresser la main, sinon, tu pourrais finir avec les couilles bleues ou chez les flics!

Shigeru Yamane: Me... Merci!

Je mâchonne nerveusement le gâteau au chocolat et tout d'un coup, ma mâchoire se détend. Je... Souris. C'est super bon. Fondant. D'ailleurs, tout le reste de mon corps se détend aussi. Oh non. Le chocolat!! J'y suis super sensible, merde, ça a un effet aphrodisiaque sur moi, c'est pour ça que même si j'adore ça j'évite d'en consommer au boulot, j'aurais dû en glisser un mot avant! Je sens une bosse dans mon pantalon. Fuck. Décidant de me battre vaillamment contre la tentation et de rester un gentleman jusqu'au bout, j'abats ma dernière ligne de défense, et si jamais elle ne tient pas, advienne que pourra!

Shigeru Yamane: Chomp... Chomp... C'est... Délicieux! Wouah, dis-donc, si j'arrivais à faire des gâteaux avec un cœur comme ça? Je peux en avoir encore un peu? Avec un fond d'Hikari, s'te plaît, j'ai assez ch... Chaud!!!

Hum, ça va, il aime mes gâteaux. Mais il a toujours soif. J'ai oublié de le servir, c'est vrai. Je suis allée me changer, entre-temps. Je fais une bien mauvaise hôte. En plus, je lui ai même pas demandé si ça le gênait que je sois dans cette tenue. Hum, ça a pas l'air de le gêner, je crois. En tous cas, il me l'aurait notifié. C'est bête, j'aurais pu faire une pyjama party, comme dans ces films neuneus. J'aurais bien aimé, ça m'aurait fait marrer, hu hu hu...
Je me penche pour attraper l'objet des désirs de Shigeru : la mystérieuse Hikari. Je manque de tomber en essayant d'avoir en main la bouteille, et mon t-shirt glisse un peu de mes épaules. Mais j'arrive à me rétablir à temps. En espérant que Shigeru ait rien remarqué, sinon, c'est une honte, même pas savoir diriger son équilibre. Encore un peu, et je lui tombais dessus, ça aurait fait tellement mauvaise figure.
  J'ai aussi l'ouvre-bouteille de poche en main. C'est toujours utile pour ouvrir certaines bouteilles comme celles du Cow-Cola, ou même pour d'autres petites choses du quotidien qui nécessite un peu de souplesse d'esprit et un bon coup de tour de main, avec l'aide de ce petit bijou. Si la Hikari s'ouvre comme une bouteille de Cow-Cola, ça doit être le même type de boisson, sauf que je ne connais pas. Peut-être que je passe à côté sans y prêter attention?

   Je tends d'abord la bouteille à Shigeru, puis l'ouvre-bouteille, mais celui-ci glisse, et je tente de le rattraper. Heureusment, Shigeru vient à mon secours, me voyant tellement maladroite. Ah, ça doit bien le faire rire, en fait.
   Une fois l'ouvre-bouteille bien dans ma main, je le plaque dans la paume de Shigeru. J'ai la main bien tendue et plaquée contre la sienne. L'ouvre-bouteille ne tombera plus. Kami 1, Ouvre-Bouteille 0.

Kami Sakuraï : Voilà! Ah, et un gâteau, encore un! (Je me penche pour en prendre un autre.) Et voici le gâteau, Monsieur! J'espère que tout va comme tu veux! En tous cas, je suis contente d'avoir de la visite!

   Je ne peux pas le nier : psychopathe ou non, la présence de Shigeru me rend heureuse, même si je le montre pas forcément. Je crois que je passe trop de temps seule, à parler à mon poster de Seto Kaiba ( qui prend toujours un malin plaisir à me disputer ) et à certaines de mes cartes - sans parler des dessins, avec qui j'ai nombre de discussions philosophiques. Je mange vite le gâteau, en regardant Shigeru.
   J'ai très envie de revoir Shigeru, par la suite, je pense l'inviter même durant le mois. En plus, il m'a donné son numéro. Je n'aurais pas à traîner tout le long de la journée au Kame Game ou au Domino Mart pour espérer le croiser. C'est déjà ça! Et puis, je pourrais me faire la main sur des duels, et lui, il pourra s'amuser, et jouer avec moi... Hum... Duel...

Kami Sakuraï : Après, tu veux jouer avec moi, dis?

Ma petite Dame de Shalott aux murs tapissés de rêves a glissé, réflexe, tac. Je n'ai pas réfléchi et je l'ai rattrapée. Et là, nous sommes encore entrés en contact, du point de vue physique et par un bref échange de regards. Comme une fusion entre Néo-Spaciens. Comme dans Interstella 5555 de Reiji Matsumoto, le fan transi et son idole inaccessible. Hein?... Quoi?... Euh, bon. Heureusement, ça n'a pas l'air d'avoir gêné Kami qui s'est vite rétablie en deux temps et trois mouvements pour me servir à nouveau. Dis-donc, qu'est-ce qu'ils sont bons ces gâteaux. J'pourrais en manger des tas, des comme ça! Je commence à tiser sur la Hikari, tout en mangeant le deuxième gâteau avec moins de gêne et davantage de délectation qu'auparavant, je notifie même les compétences culinaires de mon hôte en la complimentant spontanément. Cool. C'est ma première bouteille et j'me sens déjà plus à même de réfléchir sans paniquer. J'suis à deux doigts de dire mes conneries et le petit film que j'm'imagine, mais pas maintenant. L'air est vraiment de mieux en mieux, et ma respiration se calme. C'est ni trop peu, ni pas assez. C'est bien. Je n'ai pas besoin de plus. Tout d'un coup, Kami, avec un regard de chat affamé, me demande de façon assez innocente si je peux jouer avec elle... Jouer... Oui, le duel!

Shigeru Yamane: Bien sûr, on peut faire ça maintenant si tu veux. En règles 3.0?

Kami Sakuraï : Ah ah ah, je ne suis pas encore à l'aise avec ces nouvelles règles. Je devrais m'y mettre, je sais, mais bon. Je suis "vieux jeu". Un bon 2.0? Enfin, si ça te dit?!?

Je souris, et je viens d'avouer une faiblesse. En plus de ne pas être à 'aise avec les gens, je ne suis pas à l'aise avec les grandes nouveautés. Je suis vraiment incorrigible. D'autant plus que, pour me motiver un peu - surtout que j'aime pas trop perdre, et pimenter un peu le tout, je propose :

Kami Sakuraï : Et si, en plus de ça, on se fait un petit pari. Ce que tu veux, si tu gagnes, et inversement!

Je commence à avoir soif, et pour accompagner Shigeru pendant le duel, je décide d'attraper une bouteille d'Hikari. Je ne sais pas encore ce que cette boisson me réserve, mais si Shigeru en boit, c'est que ça doit se boire. Et puis, je lui ai dit de prendre ce qu'il voulait. Je ne veux pas le vexer ou le contrarier, donc je vais goûter, et on verra.
J'attrape le décapsuleur qui se trouve juste à côté de Shigeru. Je suis obligée de le frôler pour prendre cette saleté d'ouve-bouteille. Et hop! J'ouvre, et je commence à boire une gorgée. Pouah, ça pique, ça, c'est fort! Je dois tirer une drôle de tête, mais qu'importe, allons-y!

Je descends du futon, et je tombe. Mince. Bon, le tout est de se rétablir dignement. Voilà, c'est mieux, comme ça. Bon... Je m'installe à la table, et j'invite Shigeru à se mettre face à moi. Allez, mon gars, on va jouer à deux, et je te ferais pas de cadeaux. DUEL!

Duel:

Attrapant une deuxième bouteille du pack de Hikari, je la pose un peu à ma gauche et je me mets à battre mon Deck, Kami faisant de même. Nos regards deviennent électriques, la tension est à son comble, le sang circule plus vite dans le bras qui tend mon jeu à Kami. La rouquine fait de même. Nous coupons nos decks pour enfin commencer la partie. Bizarrement, mon intuition d'homme bourré me dit qu'ça va pas être de tout repos.

Voir le duel:

J'ai abattu mes dernières cartes. J'ai la tête qui tourne, et pas qu'un peu. La vache. Ce que cette limonade est forte. Je me demande si ce sont les bulles qui... J'ai une dernière image fugitive de Shigeru, la bouche tordue en "S", néanmoins souriant. Il est fier de lui,il a gagné, alors que j'étais à deux doigts, à deux doigts... La vache. Ma tête tourne encore et encore. Je me sens lourde, d'un coup. Je ressens une légère douleur dans mon dos : je suis tombée par terre, à la renverse, hilare.
Mes yeux sont lourds, très lourds, et je suis en train de me dire qu'une petite sieste sur le parquet, c'est bien. Je ferme les yeux, un grand sourire sur les lèvres. Je ne sais pas si c'est l'euphorie de la limonade, ou si c'est parce que, malgré le fait que Shigeru m'ait écrasée, je suis heureuse parce que je ne suis pas seule.
Mon cerveau embrumé me dit que, finalement, ce serait pas mal, s'il restait un peu, là, la soirée. Et puis même la nuit, pourquoi pas. Mais bon, c'est bête, j'ai qu'un seul futon. Ahhhhhh. Je pourrais me pousser et lui laisser une petite place! Je suis à moitié dans la brume, et je parle tout haut, je crois; Je ne suis pas tout nette, je crois. Pfiooooou. Espérons que Shigeru n'écoute pas, ou qu'il pige pas tout, ou mieux encore, que le fait que je parle tout haut, ce soit juste dans ma tête...

Kami Sakuraï : Tuveuxpasresterchezmoi,c'soir? T'sais. Tumeferaisplaizzzzir, aresterlà. Ouais. Etj'peuxmepoussersurlefuton. Et't'laisserunetiteplace. Ouaisssssss.

Par la barbe du doyen Samejima. Je viens de le dire tout haut. Oui. Une petite voix dans ma tête me sussure : il va falloir répondre de tes actes, enfin, là, de tes paroles. Je suis par terre, pitoyable. Je me roule sur le côté, priant pour que Shigeru soit sourd à ce moment précis. Ou bien, dans le même état que moi.
C'est marrant, le fait qu'il soit dingue de ce genre de boisson, cette limonade, là. Je me demande si ça fait toujours ça, je devrais lui demander... Je suis en P.L.S. et je commence à m'endormir pour de bon, même si dans cet état, mon sommeil risque d'être agité, et donc très, très léger.

Son corps flanche et bascule pour tomber en position latérale de sécurité. Ses mèches rousses viennent alors s'éparpiller sur ses cils jusqu'à sa bouche entrouverte. La vache, elle tient pas du tout. Remarque, moi non plus, j'en mène pas large. En tout cas, cette fille est vraiment faite pour me surprendre, j'ai pas autant bu avec quelqu'un depuis très longtemps, et même Akira aurait commencé à pioncer bien avant, après autant de litres d'Hikari. Comme un con, je tire un peu le bras de la p'tite, mais pas trop fort, juste dans l'espoir d'obtenir un dernier mot. Un dernier son, même, avant que la réalité me rattrape et que je constate avec désarroi que tout cela n'était qu'un rêve. J'ai peur de me réveiller, plus que jamais. J'veux toucher mon p'tit soleil orangé avant qu'la pluie n'vienne. C'est trop beau pour être vrai. Et c'est trop con pour être faux, en même temps.

Shigeru Yamane: Kami?... Eh, Kami. Me... Tuvapamlaisser. Mlaisspatouseul. Je... J'taime beaucoup, tu sais. Haha, ça fait à peine quelqu'zheures que j'te connais, mais tumplais. J'aimeraisbeaucoupsortiravectoi.

Je vacille. Je tombe raide mort sur le futon et mon poids ajouté à ma proximité par rapport à elle fait que je bascule à moitié sur Kami. Je décide d'utiliser le peu d'énergie qu'il me reste pour la couvrir de mes bras. Cette journée n'a aucun fichu sens. Mais putain, que c'est bon. Je lui retire d'un ultime geste ses lunettes alors que mes paupières s'alourdissent. Eh... Finalement, c'était pas une si mauvaise idée d'sortir. Dors... Dors bien, étrange petite dame...

Il est presque dix-huit heures quand je me réveille enfin. Je le vois au petit réveil de fortune à côté du futon. Une lueur crépusculaire quasi-surnaturelle pénètre la pièce, la chaleur a fait retomber le poster de Seto Kaiba (qui a donc pu au moins voir comment cette histoire s'était finie) et nos cartes traînent un peu partout parce qu'on a pas vraiment eu le réflexe de les ranger. Soudain, flash. Je revois tout, le duel, les bières, j'entends aussi les échanges confus. C'est vraiment pas l'pied d'avoir aussi mal à la tête, mais au moins, je sais que tout s'est réellement produit!!! Oh, merde! J'entends mon téléphone sonner, avec Marilyn Manson!! Faut qu'je décroche, c'est généralement une mauvaise idée d'réveiller une personne qui a passé une après-midi arrosée!!

En me dégageant précautionneusement de Kami, je réussi à décrocher à temps.
???: Allô, Hôpital de Domino. Monsieur Yamane Shigeru?
Shigeru Yamane: Euh... Ou-ouais...
???: Docteur Masami Habu. J'aimerais, si vous êtes à proximité, que vous passiez au plus vite. Je veux vous poser quelques questions par rapport à ma patiente mais pour cela, je préférerais que vous veniez sur place si cela vous est possible.
Shigeru Yamane: Vous... Vous m'appelez pour la jeune femme blessée derrière le fleuriste Kozuka, hein? Est-ce qu'elle va bien?
Masami Habu: Ah... Je ne suis pas censée vous communiquer de détails à ce sujet. Si vous voulez vous en assurer, venez si possible avant 19h30.
Shigeru Yamane: Mais je...

BIP! Oh, elle a raccroché, cette mégère!! Et là... Je me trouve dans une situation absurde. Kami dort bouche ouverte sur son futon plus ou moins à cause de moi et je dois aller m'inquiéter de la sécurité d'une inconnue. Je reste comme un débile, mon téléphone en main, à me demander c'que je vais bien pouvoir faire. Au pire, je laisse un mot?

J'entends quelque chose être bredouillé, au loin. Un "tumplais" vraiment lointain. Je dois rêver. Je sais même plus ce que je fichais quelques minutes avant. Ha ha ha ha! Je plane haut, on dirait. "J'aimeraisbeaucoupsortiravectoi". Oh, c'est gentil, merci, je suis flattée. On m'a jamais dit ça. Mais ça doit être mon cerveau qui me parle, quelque chose comme ça. Je crie un grand "OUIJVEUXBIEN. J'AIMEBIENSORTIRMOI. PISJ'T'AIMEBIENAUSSI". Ts. Ma tête me fait mal, j'ai intérêt à me calmer, et à pas crier comme ça.
N'empêche, je souris. J'ai un sourire béat sur le visage, et l'impression que ma mâchoire va se décrocher. C'est une drôle d'expérience, mais c'est beau. AHHHHHH OUI, C'EST BEAU! Je suis dans l'euphorie la plus totale. Un bon sommeil combiné à de l'euphorie, par cette chaleur, c'est bon. Très bon.

     Un poids vient s'ajouter à mon sommeil qui s'alourdit. C'est très peu lourd, ça me couvre. Oh. C'est doux et c'est chaud, et réconfortant. Je veux me blottir, mais j'ai les membres en guimauve. J'arrive à peine à dégager mes lunettes. Mais quelqu'un le fait déjà pour moi. C'est gentil, ça.
   Je dors, profondément, et j'aime bien. J'aime vraiment beaucoup. Je crois que la solitude, ça me pèse vraiment. Même si je ne sais plus exactement si je suis seule ou non, je dors bien, je suis apaisée. J'ai des flashs de ma journée qui sont en train de me revenir. Je souris comme Totoro : mon cerveau m'indique que c'était une bonne journée.

   J'entends un bruit fort. Je ne sais pas combien de temps je suis restée, là, comme ça, mais ce qui est sûr, c'est que j'ai encore envie de dormir. J'ai toujours trop mal au crâne pour me lever. Je dois être pitoyable. Grrrr. Je lance un :

Kami Sakuraï : Mais Papa, Maman, c'est pas l'heure d'aller à l'école...

   Je me tourne de l'autre côté, en grognant un peu : je reçois un peu de lumière dans les yeux, et je n'aime pas ça. C'est ce qui me met le plus en colère, parce qu'en fait, le bruit, il s'est arrêté. J'entends parler tout bas - ou je suis encore en train de planer. Je me rendors. C'est vraiment une drôle de journée.

Hein? J'ai vraiment l'impression d'avoir entendu Kami prononcer "c'est pas l'heure d'aller à l'école". Haha, elle est en plein rêve? Remarque, elle se trompe pas tant que ça, la rentrée à la Duel Académie, cette année, c'est le premier septembre. Ce soir en tout cas, je réponds au mail de la Kaiba Corporation. Mais avant ça, c'est décidé, je vais voir comment va celle qui s'est sûrement fait poignarder plusieurs fois par un maniaque. Je prends un drap dans la chambre pour couvrir Kami jusqu'aux épaules. Hééé. Je vais chercher un peu d'papier. Un stylo qui traîne sur le bureau de la rouquine, impeccable. Je vais lui griffonner un truc et l'accrocher à sa porte. Alors, voyons, euh... Ah oui! Le pari! Muhéhéhéhé... J'ai trouvé quoi lui faire faire, et c'est démoniaque... Après quelques mots bien sentis glissant sur le papier, je scotche ma missive en la contemplant avec un léger rictus:

Salut championne!
J'ai été appelé par le travail, j'ai donc dû te laisser au pays de Morphée mais j'ai pas manqué de te border, au cas où tu aurais froid! En tout cas, l'après-midi était génial, et on s'est bien éclatés! Je suis content d'avoir rencontré une personne comme toi et je pense que c'est le genre d'événement qui ne se produit qu'une fois dans la vie.
Par contre, si j'te couvre autant de compliments, c'est pour que tu respectes ton pari, car souviens-toi bonne élève, t'as perdu le duel! Plus très fraîche, mais c'est pas une excuse pour autant! Je veux donc si tu souhaites qu'on se revoie que tu viennes sonner au Buraku Boulevard demain avant midi, au 5-12-38, habillée en Magicienne des Ténèbres, et que tu restes dans cette tenue pour qu'on aille au ciné de Kaiba Land à deux comme ça! Si tu respectes le pari, j'te rembourse les frais du costume!
Y a un chouette magasin de cosplay vers la Place de l'Horloge! Je t'en donne les coordonnées, c'est la boutique Magic Suits, au 7-22-42. C'est juste à gauche de l'Almondo! Bref, porte-toi bien, et souviens-toi: je suis prof à la Duel Académie, donc ça pourrait avoir une influence sur tes notes, haha!!
Shigeru.

Voilà, je pense que c'est bon. J'enfile ma veste kaki, je vais au palier remettre mes pompes et j'ouvre silencieusement la porte, en étant dévisagé par le voisin de Kami qui balaie les escaliers au rythme d'un titre métal diffusé sur un petit poste radio. Je vais vers l'Hôpital de Domino avec la seule force de mes jambes engourdies.

Changement de lieu.

CHAMBRE DE KAMI
- Kami Sakuraï & Shigeru Yamane -
FERMETURE DU SUJET

Je me réveille, la bouche pâteuse. Je suis totalement dans mon monde. Je prête attention à si peu de choses. Ahhh, ma tête... Il est quelle heure, là? J'attrape mon réveil à côté de mon futon. Mon drap glisse de mes épaules. Je ne me souviens pas m'être couverte, enfin bon. J'ouvre les yeux avec beaucoup de mal, et je fixe le cadran du réveil. Il est 20 heures. C'est pas vrai, mais j'ai fichu quoi, tout ce temps!? Les chiffres sont flous. J'ai pas mes lunettes; Je dois les remettre sur mon nez, elles ont vraisemblablement glissé.
   Je tourne la tête vers ma table basse, et je vois mes cartes étalées dessus. Elles sont positionnées comme lors d'un duel. J'ai fait un duel, moi? Noooon, pas possible... Je remaque aussi un tas de bouteilles en verre, au pied de la table, il y en a quoi, une dizaine? Je ne sais pas, je vois toujours un peu flou.
   Je tente de me souvenir de ma journée, mais la matinée, même le midi, semblent loin, très loin. Meh. Je me souviens clairement être allée au Kame Game, avoir rencontré des gens, là-bas... Et... Et j'ai ramené un garçon chez moi!

Kami Sakuraï : Huhuhu hahaha! HUHUHUHUHU HAHAHAHAHA!

  J'ai un rire nerveux très, très sonore. Je me redresse. Ma tête tourne. J'ai un sourire en coin sur le visage, j'arrive à le voir dans le reflet de ma T.V. Qu'est-ce que j'ai fait? Je me sens mal d'un coup, j'ai envie de vomir, je ne sais pas si c'est à cause de mon état ou le fait de découvrir que j'étais en tenue un peu plus légère que d'habitude, alors qu'un garçon était chez moi.
     La tête entre les mains, je réfléchis, et je regarde l'étendue des dégâts, partout : rien de grave, sauf mon poster de Seto Kaiba qui pend misérabement. Ah? Tiens? Il était replié? Pourq..? Par Seto Kaiba! Non. Que...Je.. Quoi..? Une drôle d'opération s'exécute dans mon cerveau encore embrumé... J'ai des scènes de comédies romantiques neuneus dans la tête : la fille qui ramène le garçon chez elle, et... Ils tombent amoureux, ou je sais pas quoi... Argh. J'ai intérêt à présenter mes excuses, je crois. Quoique, si j'ai bon souvenir, il est plutôt mignon... Mais non, non, non. Je ne vais pas me laisser distraire de mon but!

   Je ramasse et jette les bouteilles, enfin, autant que je peux : il y en a trop, et une ou deux traînent sur mon plan de travail. Il y a des miettes de gâteaux sur mon lit. Je dois tout nettoyer. Il y a aussi mes cartes à ranger convenablement... Je suis desespérée. Et puis, pourquoi il est parti? J'ai du mal à me souvenir de son prénom, tellement mon crâne cogne dans tous les sens... M'enfin... Je raccroche bien l'image de Seto Kaiba sur mon mur. Toi, tu as pu voir ce qu'il s'est passé, mais tu me diras rien, c'est ça? Je peste. J'ai dû faire une grosse bêtise.
   Je finis le tour d'inspection de mon appartement. Je récupère mes habits dans la salle de bains. Je retourne les poches de mon pantalon, et j'y trouve un petit papier froissé. Oh, ça doit être important. Je pose le papier sur mon meuble T.V. à côté de mon téléphone portable;

   Je contemple mon appartement, de nouveau dans son état habituel, même s'il est un peu mieux rangé que la dernière fois, enfin, que ce matin. Je ne suis pas peu satisfaite.Maintenant, il reste à aérer un peu, comme c'est le soir, et à sortir les sacs de déchets - qui contiennent principalement des bouteilles en verre.
   Je passe côté cuisine, et depuis que je suis réveillée, c'est la première fois que je prête attention à deux sacs, posés là. Dans l'un, un restant de courses, des trucs qui servent aux Udon. Dans l'autre, des boissons et... Des bougies et un chat en peluche. Mes pires craintes se révèlent donc vraies : j'ai amené un garçon, comme dans ces comédies romantiques neuneus, et tout devait se dérouler dans le même ordre de ces comédies romantiques, avec le petit cadeau, les bougies, la musique...

Kami Sakuraï : Huhuhu hahaha! HUHUHUHUHU HAHAHAHAHA!

   Nouveau rire très nerveux. Je compends mieux pourquoi il s'est éclipsé. J'ai vraiment fait quelque chose de mal. Bon. Pas de panique. Réflechissons, et bien, pas de travers, comme d'habitude. Bon, bon, bon. Le papier, sur le meuble T.V., si je l'vais dans la poche, c'est que c'était important...
Je me jette sur le papier. Gagné, un numéro de téléphone. En-dessous, "Shigeru". Oui. C'est lui. J'ai un autre flash de moi écrivant un papier à quelqu'un d'autre, un certain Yuto, ça c'est clair, j'ai même l'image persistante de M. Muto qui me sourit.
   Bon, Shigeru, voyons si c'est bien toi, mon... mon... Nerveuse, je compose le numéro. Et un message. Très vite. Un "Salut!" accompagné d'un petit visage qui sourit. Bon, je ne vais pas entrer dans le vif du sujet non plus tout de suite, le tout, c'est d'abord de se renseigner sur ce qu'il s'est passé, et en scrèd', ok?... J'appuie sur "Envoyer". Pfiou. Je soupire un bon grand coup.

Après ce coup de peur peut-être inconsidéré, je me dirige vers la porte - pas fermée à clés - avec mon sac de déchets à la main. Je remarque un petit mot. Je lis. Par le Dragon Blanc, qu'est-ce que j'ai fait pour de vrai? Je me pose de sérieuses questions. Et. Je ne sais plus trop où j'en suis.
   J'ai sorti le sac. Je suis rentrée. J'ai pris le chat en peluche Et je me suis mise en P.L.S. dans mon futon, le portable à la main. Je redoute la suite des messages.

Changement de lieu (PAR SMS).

Lieu précédent.

Mercredi 2 Août 2007

Ma nuit se termine encore sur un rêve agité, et pas le plus agréable... Je suis à Kaiba Land, sapée comme jamais, avec la petite robe bleue et rose de la Magicienne, un grand chapeau qui me tombe sur les yeux. Je suis en train de me promener tranqullement dans le parc, en rigolant bien avec Shigeru. On vient de sortir du Blue-Eyes Mountain, et j'ai pu vaincre ma peur des attractions à sensations fortes. Bref... Tout va bien; Sauf que. BAM Un gros coup de vent. Cet événement météorologiue soudain soulève en partie ma robe. DAMN. Je prie pour que personne n'ait rien vu, mais dès que je me retourne vers Shigeru... Il est tout rouge, gêné, et a un grand, grand sourire. FUUUUUUUU. Et BOUM. Ni une ni deux, dans une agilité magistrale, je lui donne une claque, et le pauvre vole à quelques mètres. Voilà, ça ne peut qu'être une bonne leçon pour toi, goujat.
Je me réveille, en colère; Et la lumière transperce encore les minces rideaux de ma chambre. Je suis levée avant que mon réveil n'ait sonné. Parfait. Il est 8 heures, je suis en avance. Dire que je ne comptais pas partir d'ici avant 9 heures au moins, mais bon... Je me lave. Je passe à la salle de bains en coup de vent pour maintenir une hygiène irréprochable. Mince. Je me suis encore lavé les dents avant de petit-déjeûner. Il n'y aura plus qu'à recommencer... Je m'habille assez vite, enfilant le minimum : aujourd'hui, de toute façon, c'est pas ma tenue définitive... Je mange un peu, en me délectant d'un jus de fruits bien frais. Et je repasse par la salle de bains afin de brosser une deuxième fois mes dents. Beurk, pas top, après un jus de fruits!
  Avant de partir, je prévois un sac de sport de taille moyenne. Il traînait dans ma salle de bains, avec mon vieux ballon de basket-ball. Une fois vidé, j'y range quelques habits de rechange : en plus de la tenue standard que je porte, je plonge le minimum vital pour me changer en cas de pépin, et un sweatshort léger, si le temps se gâte - ce qui ne sera sûrement pas le cas, mais bon, vaut mieux prévenir...

Sur le pas de ma porte, avant de refermer, j'envoie un rapide SMS à Shigeru, ce coquin. Je suis touours en colère de mon cauchemar, même une demie-heure après m'être levée, et ce bien que je sache que le Shigeru de mon rêve n'est sûrement pas semblable au réel. J'ai juste perdu un pari, et je dois le réaliser.

Kami Sakuraï :Bonjour Monsieur le Prof'! J'espère que tu as passé une bonne nuit! Je suis en route pour la boutique de Cosplay, je quitte mon appartement, là! (J'hésite à lui dire que j'ai fait un rêve où j'ai dû le poutrer.) Je te rejoins tout de suite après être passée à la boutique! Ne t'en fais pas, le costume sera déjà sur moi! (Voilà ce que c'est, de perdre un pari, par péché d'orgueil...) Bisous! (‘ε’)

Je redresse la tête après avoir appuyé sur "Envoyer". J'ai un sursaut, et pour cause... Darren est face à moi, couvert de peinture blanche et noire, et il tire une tête de plusieurs mètres. Il reste planté face à moi. Je crois qu'il vient juste de rentrer, mais je me demande quand il est reparti? Hum, sûrement tard dans la nuit, ou très tôt, le matin.
  Je tente une approche amicale, même si sa tête ne prête pas à ça. Ah. Darren...

Kami Sakuraï : Hé hé hé... Salut... Euh... Darren!? tout va comme tu veux? Hé hé hé... (Il n'a pas l'air dans un très bon état.)

Darren : 'Lut. (Il tire toujours la tronche.) Alors, hier, tu t'es bien amusée, avec ton copain, là? Tu sais, ça gueulait beaucoup. ( Il affiche un rictus.) Vous m'avez empêché de dormir, tu sais? J'étais crevé, pour le concert. Mais vous aviez l'air de bien vous amuser... ( Il fait des choses étranges avec ses doigts.)

Kami Sakuraï : Je suis désolée de t'avoir, euh... perturbé. Promis, je recommencerai plus! (Par contre, toi, oui, Darren, avec tes vocalises de métalleux...) Sinon, à part ça, je ne vois pas ce que tu insinues, là, avec ton tripotage de doigts. ( J'ai un regard assassin envers lui, il s'arrête brusquement.) Allez, au revoir, Darren, et bonne journée!

   Je tourne les talons sans adresser un regard. Je ne m'excuse même pas. Et puis, je sais qu'il insinue des choses, Darren. Il se fait des films, et je ne sais pas où il va les trouver... Peut-être arrive-t'il à entendre les films et séries que je regarde? Hum... En tous cas, j'espère qu'il va se calmer sur ses suspicions de je ne sais trop quoi. Pfff.
  Je passe le portail bordé de haies, et je m'engage dans ma rue, en direction de La Place de l'Horloge.

Changement de lieu.

Lieu précédent.

Vous avez reçu un message de Shigeru Yamane, à 9h03:

Changement de lieu.

CHAMBRE DE KAMI
- Kami Sakuraï & Shigeru Yamane -
OUVERTURE JUSQU'AU PROCHAIN CHANGEMENT DE LIEU

Lieu précédent.

Nous sommes descendus à l'arrêt "Place de l'Horloge", c'est à dire le plus proche de chez Kami. Le trajet s'est déroulé sans accroc et nous avons échangé peu de mots, surtout des regards et des sourires. Le ton de la conversation est revenu quand nous sommes descendus pour marcher vers la résidence de Kami, et rapidement on s'est mis à se remémorer toutes les choses incroyables qu'on avait faites à deux, ensemble. Je graverai ces souvenirs pour toujours en moi, s'il le faut je les écrirai, sur un carnet ou sur mon corps, définitivement.

On finit par voir le petit muret et la grande bâtisse blanche dans laquelle on a bu de la Hikari pendant un duel complètement fou il y a même pas une journée. C'est dingue de voir comment les éléments se connectent. On a pas mal ri sur le chemin, notamment en reparlant des péripéties au Manoir de Saggi. Mais il est l'heure de rentrer, maintenant. Et de profiter d'autres réjouissances... Celles d'être ensemble, et potentiellement au calme.

Shigeru Yamane: Et voilà, nous y sommes... J'espère que ton voisin va pas nous causer du souci, cette petite marche et la discussion avec toi, ça m'a redonné un supplément d'énergie! Pas toi, championne?

Kami Sakuraï : Hum, ça m'a peut-être un peu réveillée, n'empêche, je ne referais pas de duel avant demain, ah ah ah! (Je marque une pause, en pensant à mon cher, très cher, voisin.) Tu sais, vers 23 heures, possible qu'on croise Da...

Je n'aurais jamais dû commencer cette fichue phrase. Alors qu'on monte à peine les escaliers, j'entends un bruit de balai trop familier. Et Darren est au bout du manche. On entend à peine sa musique, pour une fois. Oh non. Pas toi... Je continue de monter les escaliers jusqu'à ce que je vois son visage, couvert de peinture, cette fois-ci. Il m'arrache presque un cri.
Il relève la tête des poussières qu'il est en train de déblayer. C'est pas vrai, il fait tout le temps le ménage, et tout le temps au mauvais moment. Quand il me voit totalement, habillée en Magicienne des Ténèbres, il a un sourire... particulier... mi-moqueur mi-je-ne-sais-trop-quoi. Quand il voit émerger Shigeru à ma suite, son sourire s'élargit davantage, et il change d'expression, toujours en souriant cependant. Un sourire comme celui d'Akira, ça. Par Kuriboh Ailé...

Kami Sakuraï : Bonsoir, Darren... (J'ai une mine déconfite.)

Darren : Bonsoir... Oh... Tu ne rentres pas seule, encore?... (Il s'adresse ensuite à Shigeru, reproduisant le drôle de geste avec ses doigts de ce matin.) Alors, cette fois-ci, on ne se sauve pas comme un voleur après avoir quelque peu... forcé l'entrée? Hum?...

» Kami Sakurai [ OC de Strydièle ]
» Appartement de Shigeru [Fermé]
» Dans la brume [Fermé]
» Convalescence et croquis [Fermé]
» RÉSIDENCE DES SAKURAÏ [FERME]