CHAMBRE DE KAMI - Requiem pour un réveil qui ne fait pas de bruit - [FERME]

Kami Sakuraï : Sinon, il y a aussi le palier, c'est très confortable, tu sais?

     Je fais mine de faire une tête sérieuse, tout en me dirigeant vers le futon. Je m'y installe. Je vais m'y mettre, tout au fond, près du mur, parce que j'aime bien être contre mon mur, ah ah ah! J'enlève ma veste que je roule en boule, pour en faire comme un autre oreiller. Bon.J'ai presque rien sur moi, maintenant, tant pis...

Kami Sakuraï : Je plaisante... Tu peux venir et dormir avec moi... Mais à condition... Que tu me fasses un vrai bisou.

Je me glisse dans le lit sans prévenir. Puis, lentement, je passe ma main dans les cheveux de Kami, qui est encore allongée. J'essaie de masser un peu sa tête, puis son cou. Je pense que c'est agréable... Ma main libre est en train de descendre vers la taille de ma petite magicienne, en palpant allègrement la peau à un rythme régulier, et je veux placer mon autre bras sous elle. Voilà... Je l'enveloppe complètement.

En cet instant elle est vraiment, vraiment toute petite, enveloppée dans mes pattes de sinistre animal trop grandes pour cette jeune fille sensible et pourtant pleine d'énergie et de joie de vivre. Mon visage se rapproche. J'ouvre un peu la bouche...

Je n'ai même pas eu le temps de remarquer que Shigeru avait bougé qu'il est déjà près, très près de moi. Les choses sérieuses vont commencer, on dirait... Il me caresse un peu partout, descendant le long de mon corps, pour ensuite m'attirer encore plus contre lui. J'ai chaud, très chaud, d'un coup.
     Je suis totalement dans ses bras, et je peux presque distinctement entendre son coeur qui bat plus vite. Le mien doit répondre à ces échos aussi. Je n'y crois pas, je n'y crois pas... Tout ça, ça va enfin m'arriver...? Wow. Je tente aussi de le caresser, mais je suis maladroite, et j'ai peur de le chatouiller plus qu'autre chose, alors je préfère l'entourer de mes bras.
     
     Il est vraiment très près de moi, encore plus, et il continue de me serrer contre lui. Je le laisse faire, parce que je trouve tout ça très agréable. J'ai l'impression qu'il y a une grande bulle autour de nous, et que, ni Darren et sa bande, ni personne d'autre ne pourrait briser cet instant.
     Son visage est si proche aussi. Ce... ça a l'air d'être le moment. Je rougis. Je dois avoir viré au cramoisi. Il approche sa bouche de la mienne. Par Kuriboh... Je fais de même. Mais. Je sais. Je sais que je suis maladroite. Je... Je préfère le laisser faire... Et lui laisser libre accès à ma personne...

Jeudi 3 août 2007

Le soleil a commencé à pénétrer au travers des fins rideaux blancs de l'appartement de Kami. Je suis plutôt content d'avoir fait un sommeil sans rêves, même si j'aurais pu faire dodo un peu plus longtemps! Étant du côté du mur, la demoiselle n'a pas du tout reçu l'éclat lumineux du jour. De toute manière, même si elle avait été du côté fenêtre, je pense qu'elle aurait tout aussi bien pu rester dans ses couettes, elle dort comme un bébé. J'entends des bruits de bagnoles dehors, et aussi un chien qui aboie... Grr, pas génial, moi aussi j'peux faire pareil... Bon!... Quand on arrive plus à roupiller... Je me dégage doucement du futon, en ne manquant pas de déposer un petit baiser sur la tête de Kami.

Mes pieds foulent le parquet, je sens les petits interstices entre les planches et j'ai envie de sautiller partout, mais j'me retiens. J'ai passé une super soirée! Bon, à part la voix bizarre que j'entends, mais aujourd'hui, ça a l'air terminé... Je me souviens d'un truc... Ah, oui! J'devais consulter mes mails! Hum... J'aimerais voir ça rapido sur mon téléphone, mais je connais pas le code pour la connexion de Kami. Après avoir jeté un œil au boîtier internet, je réalise qu'une étiquette avec la clé est collée dessus. J'entre, espérons que ça passe... Oui! Fort heureusement, j'arrive sur ma messagerie assez rapidement. Ah! Message de Hana Kobayashi... Trop cool!

Kaiba Corporation-Hana Kobayashi, chargée de communication (reçu à 9h50):

Je dors encore, même si je sais que je dois me lever pour aller rendre le costume. Mais je suis trop fatiguée de la veille. Je peux le rendre avec un peu de retard, dans la journée, si j'explique tout... Et puis... C'est que... J'ai bien dormi. Pas de rêve agité, cette nuit, ça fait un bien fou. Je suis en état de demi sommeil quand je me souviens comment la soirée s'est finie... Hum... Par des bisous et des petits câlins... Je m'enroule encore plus dans mes draps à ce souvenir... C'était peut-être juste un rêve, après tout.. Et faisons en sorte que ça dure...
     Alors que je plonge à nouveau dans un bon sommeil bien calme, j'entends mon téléphone sonner. Je suis peut-être habituée aux bruits du voisinage, mais mon téléphone, ça restera toujours ma source d'énervement matinal - avec la pop niaise qui passe sur mon radio-réveil le matin. Le bruit indique que c'est un message. Pas de quoi s'affoler, je peux encore dormir un peu... Mais bon, comme je ne sais pas qui m'appelle si tôt, je me décide à me retourner dans le lit, fouiller à tâtons ma petite table à côté de mon lit, et à prendre le téléphone sous le drap - parce que je suis entièrement dedans, pour éviter les rayons du soleil. Tout ça doit donner un drôle de tableau...
      J'ouvre un oeil, et je vois de qui vient le message. Ah. C'est toi. J'ouvre le message et je prends la peine de le lire très vite. De toute façon, je sais qu'il sera assez court, vu l'expéditrice...

Spoiler:

     Je lis et relis. Quoi. Une sortie. Un cinéma en plus. Mais j'ai plus de forces, je vais dormir, moi, si on m'emmène encore au cinéma. J'ai presque pas envie de me lever, déjà, parce que je me suis couchée tard hier soir. Enfin, tôt ce matin. Donc... Hum. Je bredouille :

Kami Sakuraï : Tu pouvais pas mieux tomber, Atsuko.

Oh! Elle s'est réveillée!

Shigeru Yamane: Yo, Kami! Alors, bien dormi, petite dame?

Je bondis vers elle, et sans demander la permission, je me largue sur le futon, un peu brutalement, en collant ma tête à celle de la rouquine pour mieux voir son téléphone. Ah... Je vois. C'est sûrement une de ses copines, qui lui propose d'aller se changer les idées avec elle. Hum... Je note le jeu de mots pourri sur le prénom de Kami, et je me fais une idée globale du caractère de la Atsuko en question: un trublion sans foi ni loi on dirait, peut-être du genre d'Akira, je n'en sais rien.

Shigeru Yamane: Hey, dis-moi mademoiselle, tu la connais depuis longtemps, cette Atsuko?

Kami Sakuraï : Amie... du... Collège. Donc assez longtemps, oui.. Mais là... Elle est trop matinale... C'est pas son genre...

    Je fais un peu la tête. Atsuko est géniale, mais d'habitude, c'est à moi de la réveiller. C'est à croire qu'elle m'espionne, celle-là. Et qu'elle sait que je me suis couchée tard. Et que je suis occupée. D'habitude, c'est moi qui demande à ce qu'on fasse untour, tout ça, mais elle a toujours "la flemme". C'est d'autant plus étonannt qu'elle me propose quelque chose aujourd'hui, donc.  
    Je me tourne vers Shigeru, et je souris. J'ai pas envie de bouger, du moins, pas sans lui, mais connaissant Atsuko, je vais avoir le droit à un tas de blagues de sa part si elle sait que je suis avec un garçon, maintenant. Je laisse le message un peu en suspens, j'y répondrai peut-être après...

Kami Sakuraï : SInon, oui, j'ai bien dormi..!
   
    J'attire brusquement Shigeru vers moi, lâchant mon portable, et le prenant avec mes deux mains. Hum... Il est toujours tout doux... Un câlin et un bisou plus tard, je suis assise au bord de mon lit, me frottant les yeux. Je regarde l'heure... Ah. Je ne devrais pas tarder...

Shigeru Yamane: Mh... T'es adorable, toi... Tu sais, je vais avoir beaucoup de regrets quand tu vas rendre ce costume de Magicienne des Ténèbres, haha! Non pas que tu ne sois pas magnifique sans, bien sûr mais... J'serais prêt à apprendre la couture, ou à customiser des habits pour t'en refaire un, rien que pour le souvenir de notre journée d'hier à Kaiba Land. Au fait... Tu vas aller au cinéma avec ta copine, aujourd'hui? Ou...

Kami Sakuraï : Je suis sûre qu'on peut en acheter, des costumes comme celui-là, ha ha!

     Je souris. Je suis peut-être adorable, mais toi, tu es mignon..! J'attrape ma veste, qui était en boule sous ma tête en guise d'oreiller, et je l'enfile, parce que mon pyjama ne me couvre pas beaucoup. Je commence à avoir faim, mais avant ça, je réfléchis. Bien sûr, je ne vais pas aller au cinéma avec Atsuko, même si en temps normal, j'aurais dit oui. J'ai déjà des choses prévues aujourd'hui, en fait, dont un machin tout barbu juste à côté de moi.
     Je laisse mon téléphone où il est pour l'instant, sur le futon, à dormir un peu. Je me tourne de nouveau vers Shigeru, commençant une phrase, sans la finir, parce que je rougis à mesure de parler...

Kami Sakuraï : J'aurais aimé y aller, mais je ne peux pas, et elle peut comprendre : j'ai mon dossier à finir pour la Duel Académie, en plus d'aller rendre le costume... Et tu es là, aussi... Et... Je pensais... Que...

Shigeru Yamane: Je me ferais une joie de me promener à Domino avec toi. Je ne sais pas vraiment où aller... Oh, si! Peut-être à l'Aquarium? Il y a même un spectacle avec des manchots, en ce moment, je l'ai vu dans le journal! Mais, avant, on pourrait peut-être aller se manger quelque chose en ville? Hum? Qu'est-ce que tu en dis, championne?

J'improvise totalement. Après tout, je suis jamais sorti avec une fille! Espérons que tout s'passe bien... Je pense qu'on peut y arriver, oui, et que dès qu'on sera dehors, tout ira comme sur des roulettes! Muhahaha! Et en voyant les petits manchots trop mignons, elle sera convaincue que mes intentions sont pures! Mon plan est parfait!

Kami Sakuraï : D'accord, je veux bien y aller avec toi, mais je vais prendre les entrées! Comme ça fait un moment que j'ai envie d'y aller, et que tu as tout fait hier pour que... pour moi... Je te dois bien ça! Et puis. J'adore les manchots et les pingouins, et toutes ces petites bêtes.
 
     Je crois que j'ai tort, mais... Je sors un kigurumi de mon placard. Il représente un petit pingouin. Je le déplie devant Shigeru, question qu'il puisse bien voir jusqu'où je suis prête à aller, en ce qui concerne mes goûts vestimentaires - qui sont, comparés aux filles d'aujourd'hui, à la ramasse. Je souris, et je hausse les épaules.

Kami Sakuraï : Euh... Tadaaaaaa...! Euh... M'enfin, tu vois, je suis prête à te suivre, ha ha ha!

Shigeru Yamane: Wow! Tu... Tu as ça depuis combien de temps?

Pendant quelques secondes, j'imagine Kami en pingouin me faire des câlins, puis je me reprends.

Shigeru Yamane: Euh, tu sais, pour ce midi... Ça te dit, on va manger à Burger World? Je... Je peux bien te proposer autre chose bien sûr, enfin, non, c'est comme tu veux, c'est toi qui choisis l'endroit!

Je souris largement. Peu importe où on va aller, cette journée va être géniale!

Kami Sakuraï : Depuis l'hiver dernier, c'est... Euh... Mon pyjama quand il fait froid... Mais si tu veux, je pourrais... Exceptionnellement...

     Oui, et j'aurais pas mal l'air ridicule, mais bon... Shigeru me propose d'aller manger sur le pouce au Burger World, pourquoi pas? J'ai dépassé le stade des visions de comédies romantiques neuneus, et maintenant je suis prête à y aller avec Shigeru.  
      Je replie le kigurumi que je laisse sur mon futon. On ne sait jamais... Je laisse un instant Shigeru, le temps de me préparer à sortir. Je fais donc tout le nécessaire, et, une fois prête, j'emballe le costume de Magicienne des Ténèbres. Je l'embarque dans mon sac bandoulière, parce que, par chance, ça passe tout pile avec mes autres affaires - à part le chapeau, qui lui est décidément trop grand.

Kami Sakuraï : Bon... Allons-y!

Lieu précédent.

Nous sommes de retour à mon appartement, enfin, plus précisément, on y arrive seulement. Les modifications des tansports nous ont fait faire des détours : c'est fou, en à peine quelques heures, ils arrivent à nous perdre dans un dédale de déviations. Bref. On arrive, plus tard que prévu, certes, mais on arrive bel et bien à destination.  
    Une fois devant la résidence, je m'attendais à voir Darren au bas de l'établissement, avec ses amis - c'est le jour où ils se réunissent - mais Darren n'est pas là, ou du moins as encore ou plus là... Au moins, pour une fois, on ne va pas être encore ralentis par Darren et ses insinuations obscures, et c'est tant mieux!
 
Kami Sakuraï : Je ne sais pas si on va pouvoir faire un duel tranquillement, avec Darren...


     Tandis que je monte les escaliers menant à mon étage, j'explique que Darren peut être vraiment très bruyant, et difficile à raisonner, et surtout que ses amis sont dix fois pire, si ce n'est plus. Je ne sais pas si ça gêne Shigeru, il a l'air d'avoir l'esprit ailleurs. Il pense sûrement au duel. Et ça se comprend...
      Une fois à l'étage, je passe première devant la porte de Darren. Rien à signaler, aucun bruit. Ouf, ça tombe bien. C'est que ça veut dire qu'il n'est tout simplement pas encore arrivé. Il est rarement en retard, mais, en y repensant, avec toutes ces déviations, lui et ses copains doivent en prendre, du temps. Je suis plus sereine quand nous entrons dans ma chambre...

Kami Sakuraï : C'est qu'on va pouvoir être totalement au calme, sans Darren pour déranger, et ce pendant encore un petit bout de temps, hi hi hi!

Ouf! Enfin dans notre petit nid d'amour, huhuhu! Trop heureux de voir que personne ne nous a dérangés, ni sur le trajet, ni dans le bâtiment, j'enlace Kami sans préavis. Et après avoir tenu ma belle pendant un moment, je me sens d'humeur taquine...

Shigeru Yamane: Avant notre duel, ça te dit que... On refasse un petit pari?

Shigeru me prend soudainement dans ses bras. J'ai un petit cri de surprise, vite remplacé par un grand contentement. J'aime bien être comme ça, avec lui. Et ici, c'est plus facile. Au moins, il n'y a personne pour nous déranger - à part peut-être Darren, mais pour le moment, il est absent.
    Avant de passer aux choses sérieuses - le duel - Shigeru me propose de remettre en jeu quelque chose. Un nouveau pari. Je me demande ce que ça peut encore bien être. En tous cas, ça a l'air de l'amuser! Heureusement, j'ai laissé mon kigurumi sur mon lit. S'il me demande de me déguiser... Bon, déjà, il faut voir ce qu'il veut!

Kami Sakuraï : Hum... Pourquoi pas? ... Mais... Quel genre de pari cette fois-ci?... TU peux m'en parler, ou les conditions d'exécution restent les mêmes qu'avant-hier? Ha ha ha!

Shigeru Yamane: Si c'est moi qui gagne... Héhé... Je veux que tu fasses un massage du dos à ton futur professeur, mwahahaha! Ou alors, si tu refuses cette condition, on doit aller ensemble dans un lieu abandonné, héhé! Mais, si c'est toi qui gagne... Enfin, tu choisis la condition, tu peux même en choisir deux comme moi si tu veux, du temps que c'est pas trop harcore! On joue toujours en 2.0, d'accord championne?

Duel:

Voir le duel:

Kami Sakuraï : Arf... J'ai perdu... Bon... Je vais prendre le choix numéro un... J'ai pas trop trop envie d'aller dans un lieu abandonné... Ah ah ah...

Mh... Elle a l'air bien dépitée cette petite. Bon, bah, profitons allègrement de l'enjeu! Enfin, je ne vais pas trop en rajouter, quand même...

Shigeru Yamane: Héhéhé, tu as pas mal joué championne, mais c'est ça d'affronter un professeur, haha! (Ouais, n'empêche que, y a deux jours, quand vous étiez pétés à la Hikari, elle aurait pu te battre plusieurs fois, gros couillon) Je pense que si tu me masses juste le dos pendant vingt minutes, ça ira...

Kami, qui me fait une tête d'enterrement, me dit de m'installer sur le futon. J'enlève mon T-shirt. Après m'être mis sur le ventre et m'être étiré de tout mon long, je sens la petite Kami qui s'assied sur le bord des draps.

Shigeru Yamane: Hahaha... N'aie pas peur, je cache pas un arsenal dans mon dos... Tu peux commencer par les épaules, s tu veux, et descendre de plus en plus bas...

Les petites mains de la rouquine arrivent sur mes épaules. Hi... Hihihi, bordel, hahaha, ça me chatouille!

Shigeru Yamane: N... Non, hahaha, appuie plus! N'effleure pas juste la peau, appuie comme si tu faisais une pâte... Haha, ouais, comme... Comme ça...

Je m'endors petit à petit. C'est bizarre comme sensation, je me sens vraiment glisser dans un sommeil très, très profond. Avant que ma tête ne soit définitivement collée à l'oreiller, j'ai juste le temps de glisser:

Shigeru Yamane: Merci d'être là... Championne.

Et je tombe dans les bras de morphée, ou plutôt...

J'ai appelé, crié, désespérément hurlé dans la crainte d'être seul pour toujours. J'étais dans un monde composé d'ombres, de silhouettes informes, qui essayaient de m'attraper en surgissant d'un tas de flammes rouges et violacées. Plus elle s'éloignent des flammes... Plus je vois des corps en putréfaction. Non, laissez-moi, je veux vivre, putain! Mais, alors que je sentais les mains, qui devenaient de plus en plus matérielles à mes yeux, une présence flamboyante les a repoussé. J'ai la tête vers le bas, et, après l'étreinte des silhouettes, je peux enfin regarder ce qui m'a, semble t-il, aidé. ARGH! Ce qui flotte au-dessus de moi, c'est ni plus ni moins que... C'est toi?

???: JE SUIS LE PHOENIX SACRÉ DE NEPHTYS!! DISPARAISSEZ, PAUVRES CRÉATURES!!!

Les ténèbres sont toujours là, mais les monstres humanoïdes qui voulaient m'attraper on disparu. Je contemple le phœnix, horriblement familier, qui parle avec la même voix de femme que j'ai entendu hier et dans mon rêve, avec le lustre...

Shigeru Yamane: C'est... C'est toi?

Je sais que la question est débile, mais c'est tout ce que je trouve à dire. J'ai une drôle d'impression, comme si je revoyais une vieille amie perdue depuis longtemps. Bordel, faut que j'arrête de déconner moi. J'parle à une carte. Au visuel d'une carte. Bon, j'avoue, ce visuel est très réaliste Il bat des ailes. Il a un regard terrifiant. Et il vibre d'une façon organique proprement terrifiante. Plus j'y réfléchis, plus je suis persuadé que, elle est là. Elle. Cet esprit de femme enfermé dans un monstre!!!

Phoenix Sacré: Bien sûr que c'est moi Shigeru! J'étais dans ton premier deck, acheté par Shuya au supermarché! Du moins, c'est de là que tu penses que je viens, mais la vérité est plus complexe... Je suis en réalité l'esprit de la déesse Nephtys, protectrice des morts et sœur du Dieu souterrain Seth. Bien sûr, tu es libre de ne pas me croire, mais dès ta petite enfance, mon regard s'est porté sur toi, et je t'ai choisi!

Shigeru Yamane: Que... Hein? Choisi? Euh, choisi pour quoi? Je pige rien à ce que tu racontes, tu sais. Même si, tout cela est probablement un mauvais rêve, et c'est marre... Après que j'aie failli me faire bouffer tout cru par des morts-vivants, je veux bien faire l'effort de discuter avec toi...

Phoenix Sacré: Je vois que tu es toujours sceptique. Tu ne l'étais pas, jusqu'à l'époque du collège! Tu me parlais, tu me racontais tes joies et tes peines, tes inquiétudes d'enfant. Je t'ai toujours écouté et compris, Shigeru. Mais si je t'ai choisi, c'est pour que tu exauces ma volonté sur la Terre!

Shigeru Yamane: Sur la Terre? Euh, qu'est-ce que je suis censé comprendre moi? T'es une déesse? Un alien? Une déesse alien? C'est n'importe quoi... Et moi, parler à des bouts de carton? Tu... Tu débloques sérieusement, tu sais? J'ai aucun souvenir de ça, je sais que j'étais un enfant du genre isolé avec des comportements spéciaux, mais, tu me feras pas croire qu'on taillait une bavette ensemble quand je me faisais donner des coups de pied et déchirer mes dessins en primaire! Ah!!

Malgré tout, j'ai des images qui me reviennent. Moi en pleurs, en train d'étaler mes cartes dans ma chambre. Moi dans mon lit, avec mon deck tout près de moi. Ça... Ça m'aidait à m'endormir. Mon Dieu. J'aurais oublié tout ça, moi? Je... Je faisais vraiment...

Shigeru Yamane: Je... Je parlais vraiment avec toi?

Phoenix Sacré: Oui. Je vois que les souvenirs te reviennent. Nous jouions ensemble, et, nous étions inséparables. Des fois, il t'arrivait de t'enfuir de chez toi, parce que tes parents t'entendaient parler seul. Ils ne m'ont jamais vue. Et n'ont jamais compris ce que tu étais. Ce que tu as toujours été. Shigeru; si je t'ai choisi, c'est pour que tu sois le Prophète du Royaume des morts... Plus que mon avatar ou mon serviteur, tu as toujours été mon ami! Mais dès ton arrivée à Rintama, tu ne me voyais plus. Tu continuais à jouer avec moi, mais, tu es allé jusqu'à nier mon existence, par peur de ne pas être accepté, de jamais pouvoir te faire des amis! Mais, je ne t'en veux pas... Non, je ne t'en veux pas...

La chose respire plus lentement, presque dans un râle affamé. Bizarrement, je n'ai pas peur. Après une longue pause, elle se remet à parler sans se faire prier davantage.

Phoenix Sacré: C'est que... Je suis contente de te retrouver, Shigeru... Mais tu as perturbé l'ordre naturel des choses. Cette femme, aux yeux noisette, et au chemisier rose... Oui, celle que tu as sauvé il y a deux jours. C'était une erreur. Elle n'était pas censé vivre!!

Attends... Quoi? On m'engueule, maintenant? Bon ça doit bel et bien être un rêve après tout, c'est trop peu logique. Qu'est-ce que je suis supposé avoir fait d'éthiquement répréhensible? Sauver quelqu'un de grièvement blessé en appelant les secours, c'est... Plutôt une bonne chose, non?

Shigeru Yamane: Que... Quel est le problème? Qu'est-ce que tu veux dire, par "elle n'était pas censé vivre"? Tu crois que c'est mon genre de fermer les yeux quand je vois une personne innocente en danger?

Phoenix Sacré: Shigeru... Je suis la mort. Mon rôle est d'emmener l'âme des défunts avec moi et de m'assurer de leur repos éternel. J'ai pris son énergie car je pensais qu'elle quittait votre plan matériel, alors je l'ai élevée au plan spirituel. Mais comme tu l'as sauvée, le processus ne s'est effectué qu'à moitié. Pour te le dire simplement, cette fille n'a plus d'âme, et je ne peux plus lui rendre. Et en même temps, son corps est vivant. Il ne reste plus à cette fille que ses souvenirs, et ses souvenirs sont la terreur. Rien d'autre que la terreur. Elle n'a plus pleinement conscience d'elle-même, c'est juste un cœur qui bat et qui ressent comme une proie encore terrifiée. Tu l'as rendue prisonnière, Shigeru. Elle est piégée entre deux mondes.

Shigeru Yamane: Mais... Que... Même si c'était vrai... Quelle solution je suis censé appliquer?

Phoenix Sacré: Tu m'as pris une vie Shigeru. Tu vas devoir m'offrir quelqu'un en échange.

Shigeru Yamane: Que... J'ai peur de comprendre... Tu veux quand même pas que... Je tue quelqu'un?

Phoenix Sacré: Précisément. Tu choisis la méthode, mais tu dois m'offrir une vie pour que je puisse rendre l'âme de cette fille. Bien sûr, tu n'es pas obligé, mais sache alors que Seiko Kuriyama sera déclarée folle à lier pour le restant de ses jours.

Shigeru Yamane: Mais qu... Mais c'est horrible!!

Phoenix Sacré: Tu sais ce qu'il te reste à faire. Tu vas devoir tuer quelqu'un de ton propre chef. Les deux seules règles sont qu'il doit y avoir préméditation, et que tu dois regarder ta victime mourir. Je t'observerai. Ensuite, je pourrai faire l'échange des âmes pour soigner cette pauvre Seiko. Dépêche-toi Shigeru... Il n'est pas possible de faire autrement!!

Shigeru Yamane: AAAAAH!!!

Je suis à nouveau dans le futon de Kami, le nez écrasé contre un oreiller moelleux, mais mon corps est dur. J'ai un sursaut, je me retourne brusquement et je fixe le plafond, en balayant ensuite la pièce bouche ouverte pour m'assurer de la réalité de mon environnement. Pitié, faites que ce que j'ai vécu aie juste été un cauchemar...

Alors que je faisais paisiblement le travail demandé - c'est-à-dire masser le dos de monsieur - je me rends compte que du bord du lit je ne peux pas atteindre son autre épaule. Bon, comme Shigeru semble dormir, j'hésite à m'aventurer plus et à me mettre sur lui, pour pouvoir faire ce que j'ai à faire. Je réfléchis. S'il dort bien, je pourrais, après avoir exécuté ma part du contrat, redescendre de son dos et aller vaquer à mes autres occupations...
     Je saute le pas et je l'enjambe, mettant un mollet de chaque côté de ses hanches. Je devrais demander l'autorisation, je sais, mais je ne vais pas aller le réveiller juste pour ça... Je me hisse bien, ce qui est assez difficile : prudente - et prude - comme je suis, je tente de me maintenir à la force de mes jambes un poil au-dessus de son corps. En fait, je n'ose pas du tout le toucher. La situation est cocasse, mais je tente de faire mon travail comme il m'a été demandé. Je masse donc, encore et encore, et encore...

    Au bout d'une petite vingtaine de minutes de massage, j'ai l'impression que je vais piquer du nez. Je me donne mentalement un claque : si Shigeru se réveille alors que je suis juste au-dessus de lui, il va me prendre pour je ne sais trop quoi. Heureusement, il a l'air de bien dormir... Je continue de malaxer et de masser, mais je sens nettement que si je ne finis pas bientôt mon travail, je vais finir par dormir moi aussi...
      J'ai presque fini mon travail quand, d'un coup, Shigeru sursaute. Quand il fait un rêve agité, il ne le fait pas à moitié..! Il sursaute tellement haut que j'ai l'impression d'être sur une de ces machine-taureau infernale dans une salle d'arcade. Je tente de rester stable, et mes fesses finissent par se poser sur Shigeru... Qui... Se... Retourne... Débousolé... Oh... Misère

Kami Sakuraï : Ce... C'est... C'est pas ce que tu crois..!

Je suis en sueur, j'ai réellement eu l'impression d'être en Enfer. Mais là, au réveil, je suis... En-dessous de Kami? Oh... C'est si... Mh... Mais j'en demandais pas tant, moi... Remarque... Ça ne me dérange pas... C'est même une chaleur rassurante, le meilleur réconfort que je pouvais avoir en de telles circonstances... Haha. J'essaie d'attraper la rouquine par la taille, pas trop violemment, pour la faire glisser entièrement sur moi.

Shigeru Yamane: Viens-là, toi.

Je m'occupe de faire danser mes doigts sur la petite tête chevelue de Kami. Mh... J'espère que j'ai pas gueulé trop fort. À mon souvenir... Je n'ai jamais eu de bad trip aussi immersif et inquiétant à la fois. Heureusement, ma madone aux grands yeux émeraude est là, telle que je l'ai laissée. Je décide d'expliquer la situation au mieux que je le peux, tant pis si mon image d'homme viril et fort passe à la trappe. Je pense que je peux lui faire confiance pour pas se moquer, ça a pas l'air d'être le genre de fille à juger les gens en les qualifiant de "détraqué", "malade" ou de "bizarre", alors je prends une grande inspiration.

Shigeru Yamane: J'ai fait un cauchemar... J'étais en Enfer, enfin, j'ai jamais cru à l'Enfer, mais... Un truc qui y ressemblait... Et je voyais une de mes cartes, qui... Qui me parlait.

Kami Sakuraï : Au moins, toi, Seto Kaiba n'est pas en train de t'engueuler ou te regarder sévèrement quand tu es éveillé, ha ha ha! (Je fais un signe de tête vers mon poster - qui doit être plus sévère que jamais en me voyant dans cette position; Je suis extrêmement gênée...) Je... J'imagine que des cauchemars de ce genre, ça arrive à tout le monde, tu... Tu sais... Je... J'en ai déjà fait aussi..!

    La situation est vraiment absurde : il n'a pas l'air gêné du fait que je sois au-dessus de lui, comme ça, sans vraie raison. En plus, il m'attire à lui encore plus. Ma présence doit le rassurer. En tous cas, je ne sais pas du tout quoi faire pour pouvoir davantage le calmer. Il a l'air d'avoir besoin de contact, plus que le contact que je peux lui offrir en ce moment-même. Je crois que ça va finir par se voir que je ne sais pas réagir correctement aux situations sociales...
    Je crois que le moment m'échappe : je commence à câliner Shigeru - ce qui naturellement ne viendrait pas - j'ai envie de le rassurer vraiment. Je ne sais pas si je suis en train de bien faire, à vrai dire, je n'ai jamais vu quelqu'un dans mon entourage agir de la sorte avec quiconque - couple ou pas. L'étreinte se transforme petit à petit en des... bisous..? Je ne sais vraiment pas où je vais, et c'est extrêmement... indélicat de ma part... Enfin, je crois..?