CHAMBRE DE KAMI - Requiem pour un réveil qui ne fait pas de bruit - [FERME]

J'entre, même si je doute du fait que ma présence soit quelque chose de particulièrement plaisant. Surtout que Shigeru est visiblement malade. Je sais que c'est en réaction aux terribles nouvelles et à cette "société du spectacle", mais à vrai dire, je ne sais pas comment réagir. Je n'ai jamais vu quelqu'un de malade comme ça, et quand c'était le cas et que je m'en mêlais, on me criait dessus...
    Je vois Shigeru dans une position inconfortable. J'hésite entre plusieurs réactions possibles de ma part, mais je ne vois pas par où commencer. Détendre l'atmosphère? Proposer de l'eau? Aider à se relever? Je me demande si cet ordre des choses est quelque peu acceptable, mais le temps d'y réfléchir, je dérape déjà :

Kami Sakuraï : Je pensais que les nausées, c'était au cours du second trimestre, ah ah ah... (Je m'arrête brusquement. Quelle indélicatesse, et tu vas le faire fuir, en plus si tu commences à parler de ce genre de sujet... Surtout que la situation ne prête pas à rire... Mais je tente de dédramatiser...) Tu veux peut-être un peu d'eau?..

Shigeru Yamane: Pff... Kh... Hahaha.... HAHAHAHAHA!!! HAHA... Argh! Kof.. Kof... Agh... De l'eau...

Oh seigneur, elle m'a tellement fait marrer que je me mets à tousser et à m'étrangler de rire.

Kami Sakuraï : D'accord, d'accord, je vais te chercher de l'eau... Surtout ne bouge pas, et... Ne va pas t'étouffer...

    Je ne sais pas si Shigeru est en train de s'étrangler de rire ou bien d'angoisse. Mais pas le temps de poser la question, je verrais ça après... Il faut vraiment que je pense à me retenir de faire des blagues comme ça, moi...    
    Je me dépêche d'aller à la cuisine.Je prends un verre. Je remplis d'eau le verre. Et hop, direction la salle de bains... Je tends le verre à Shigeru, puis une serviette-éponge, afin d'apporter un confort "hygiènique" en plus. Je finis par me laisser tomber au pas de la porte de ma salle de bains.

Kami Sakuraï : Je suis désolée pour la blague, vraiment...

J'ai le temps de m'essuyer et de me rincer vite fait le visage au lavabo. Je trime à mort, et quand j'ai enfin repris mes esprits, je suis choqué de ce que je vois dans la glace. Mon visage est contusionné et méconnaissable... Ou alors, c'est juste mon impression parce que j'ai pas mes lunettes, oui, ça doit être ça. Je me tourne vers Kami en buvant l'eau d'une traite. Après quoi, je dis:

Shigeru Yamane: Merci... Non, y a pas de quoi être désolé, elle était vraiment drôle ta blague. Par contre, évite de la faire à nouveau si j'ai la gorge sèche. Ah... Pardonne-moi mademoiselle. J'dois vraiment te faire l'effet d'une petite nature ce matin.

Kami Sakuraï : Je pense que c'est tout à fait logique, ta réaction, après ce qu'on a pu voir aux "informations"...

    J'insiste bien sur les guillemets que j'ajoute au mot "informations". Cette mascarade ressemble plus à des jeux du cirque qu'à une véritable information : on insiste plus sur les images du meurtre, qu'on montre quasiment en prime-time que sur une éventuelle recherche d'indices ou bien quelque chose qui soit plus apte au professionnalisme des journalistes. Non, là, on montre juste un bain de sang comme si c'était un film, ou quelque chose de fictif et sans incidence...

Kami SakuraÏ : Tu sais, ça devrait être à moi d'être désolée d'agir comme je fais. Juste, j'ai été "habituée" à voir ce genre d'images, je crois qu'on m'a placée trop jeune devant la T.V...

    Je soupire. C'est vrai, pourtant : des images choc aux programmes les plus stupides,en passant par les programmes pour enfants, le panel de mes expériences de l'audiovisuel est varié. Je me souviens même avoirsouvent mangé devant ces mêmes "informations" depuis un jeune âge.

Kami Sakuraï : Si tu as toujours envie de sortir, je te propose de te poser un instant sur le futon, ce sera déjà plus agréable. Et je pourrais te préparer quelque chose à manger avant d'y aller. Mais encore faut-il que je m'habille avant..!

Shigeru Yamane: T'es adorable. Je mérite pas que tu prépares à manger à ma vieille face de ballot de paille.

Malgré mes protestations molles, je finis par céder et suivre Kami dans la pièce principale, où je m'étends sur le futon sans me faire prier en fixant le plafond, comme un demeuré dont le cerveau vient de rôtir façon barbecue. C'est que la boucherie de tout à l'heure m'a rendu malade, Kami l'a réalisé de façon juste, pertinente à en être inquiétante, même. À entendre la façon dont elle avait débuté sa phrase, elle avait aisément deviné que mes expériences télévisuelles étaient moindres, voire quasi-inexistantes. Mais je n'avais pas trop envie de parler des interdits qui ont jonché toute ma vie ou de mon enfance privée d'écrans, du moins pas encore parce que la fatigue m'en supprime l'envie.

Je vais vers la cuisine; Je prépare juste du lait chocolaté pour commencer. Je crois que c'est une des boissons qui me donne le plus de bonne humeur le matin. En même temps, je suis gavée au sucre la plupart du temps... Je regarde ensuite très vite dans mes placards : j'ai largement de quoi manger, mais qu'est-ce qui conviendrait le mieux..?  
    Autant demander directement à l'intéressé, parce que personnellement, j'ai toujours des habitudes de gamine : du lait, du chocolat, des céréales, c'est une bonne grosse dose de sucres rapides que j'aime engloutir souvent...

Kami Sakuraï : Tu prends quoi, habituellement, le matin?

     Je ramène quand même le lait chocolaté, en attendant. Je me rends compte que, depuis que Shigeru est là, nous n'avons pas vraiment eu le temps de prendre de petit-déjeûner chez moi.  En même temps, il faut dire que je ne suis pas vraiment du matin, lors des vacances...

Kami Sakuraï : Si tu veux prendre quelque chose de spécial, tu peux toujours demander..!

Wow... Eh ben dis-donc, elle est vraiment aux petits soins avec moi, ma Magicienne des Ténèbres aux tâches de rousseur!

Shigeru Yamane: Ah... Ben, pour tout te dire, ça fait longtemps que je ne me suis plus fait de vrai petit-déjeuner... T'aurais des oeufs? Et... Hahaha, et une ou deux tranches de pain avec du bacon, oui, ce serait cool... Ou de la confiture... Quoique...

Je comate complètement et je me perds dans mes pensées. Mon ventre fait un bruit bizarre.

Kami Sakuraï : D'accord, je vais te faire ça de suite, juste avant, il me faut...

   Je me regarde de la tête aux pieds, je ne suis vraisemblablement pas dans une tenue "réglementaire" pour faire quoi que ce soit avec des aliments. Mouais... Avant de m'affairer à la cuisine, je passe par la salle de bains, enfiler un bas de sport : je me rends compte que je n'ai pas retrouvé mon bas de pyjama, et en plus, je ne me souviens pas m'être couchée en sous-vêtements et t-shirt trop grand la veille. Une chose à élucider, donc, pour savoir où se trouve mon pyjama... Je suis rapide à ressortir de la salle de bains.
   Tandis que je commence à faire à manger - d'un côté pour Shigeru, de l'autre pour moi, parce que nous avons des goûts différents, le matin - je réfléchis à un tas de choses en même temps, surtout à la disparition soudaine de mes vêtements et à ce qu'a dit Shigeru ce matin. Alors que je finissais de préparer le petit-déjeuner et que je commençais à ramener le nécessaire vers le côté du futon, je me hasarde à poser une première question - innocente - à Shigeru :

Kami Sakuraï : Pourquoi avoir dit que tu ne méritais pas que je te prépare à manger?..

Shigeru Yamane: Hum... Oh, ça...

J'ai tellement la tête ailleurs qu'il m'est difficile de répondre. Je continue à fixer le plafond, encore en quête d'une énergie tout récemment perdue. Et puis, je repense à la soirée. Oh. Je m'étais réveillé, au beau milieu d'un rêve. Dans ce rêve, j'étais en train de déshabiller Kami très lentement, de caresser le côté de ses cuisses, de lever ses jambes engourdies vers le plafond et de donner des coups de bassin suspect. Et je crois bien qu'en fait... Je l'ai réellement fait.

Shigeru Yamane: Tu... Tu ne te souviens de rien?

J'ai conscience du caractère étrange de ma question. Puis, j'entends le crépitement des œufs sur la poêle, et mon ventre proteste de plus belle.

Kami Sakuraï : De quoi je devrais me souvenir? Ah ah ah..!

    Visiblement Shigeru vit absolument tout "à fond", même lorsqu'il dort : il doit sûrement confondre un de ses rêves avec la réalité. Je pense que le fait de changer d'environnement, et de passer de chez lui à chez moi, ça le déstabilise, mais il ne s'en rend pas pleinement compte.
      Je fais des allers-retours vers la cuisine, cherchant plusieurs petites choses afin que tout se passe bien, ou tout du moins pour que tout se passe au mieux. C'est qu'à voir l'état dans lequel est Shigeru, il vaudrait mieux que tout soit huilé comme une bonne mécanique. Au passage, je vérifie que la T.V. est à présent bien éteinte, ce qui est le cas : j'ai dû l'éteindre après avoir vu les "informations".

Kami Sakuraï : J'arrive vite, d'accord? C'est presque prêt.

Shigeru Yamane: D'accord, princesse! Non, ne t'embête pas à venir, jolie magicienne, je lève mes fesses du futon et c'est moi qui te rejoins! Ah... Ah, merde! Aïe!

C'est en entreprenant cette manœuvre hasardeuse que mon dos a soudainement craqué. Putain, je suis aussi solide qu'un squelette, moi... Ne t'en fais pas, petite Kami! Ton vieux professeur a encore de belles années devant lui, enfin, vraisemblablement avant de finir totalement inapte. BIP, BIP! Ah, j'ai reçu un SMS. Nom de nom, c'est "caillou"; l'invincible et machiavélique "caillou"! J'espère que ce petit freluquet m'apporte de bonnes nouvelles. Mes doigts tapotent énergiquement. Oh, l'enculé!

Message envoyé par Akira, à 10h15:

Kami Sakuraï : Non, tu vas rester ici, oui?!

      J'ai déjà tout amené, enfin, j'ai juste le repas de Shigeru à mettre sur la petite table près du futon... Un signal sonore indique que Shigeru a eu un message sur son téléphone portable. J'espère pouvoir détourner son attention grâce à ça. Même si je ne suis pas sûre d'y arriver, m'enfin...

Kami Sakuraï : Oh! Un message! C'est de qui? Akira?

Shigeru Yamane: Ouais... Cet affreux jojo m'a invité pour 18h30! C'est mon meilleur ami, même s'il me fait des blagues dégueulasses, il me fait bien marrer et c'est grâce à lui que j'ai pu tromper l'ennui pendant tout ce temps avant de te connaître... Tu nous ferais l'honneur de passer la soirée à trois? Héhé!!

Je me rassure intérieurement. Akira a beau être un gros connard en termes de vannes et de sous-entendus, je sais que c'est juste une carapace à la con. Il sait être festif et se détendre quand il est en présence de personnes intelligentes et de bonne volonté! Et visiblement, c'est le cas de Kami... On pourrait bien s'amuser!

Shigeru Yamane: Ah, par contre, si tu acceptes de venir, on dormirait pas là-bas, enfin, je préférerais... Qu'on dorme chez moi ou chez toi, à toi d'voir!

Je m'installe face à Shigeru, et je commence à manger, j'ai horriblement faim. Si je comprends bien, je suis invitée à venir chez Akira, mais on ne passerait qu'un bout de la soirée là-bas, avant d'échouer de nouveau dans une petite bulle de solitude rien qu'à nous deux. Je suis un peu perplexe, après tout, je ne pense pas partager toujours les mêmes sujets qu'eux, et surtout, des sous-entendus et des drôles de blagues, j'en ai beaucoup, avec Atsuko.
    Je réfléchis un instant, essayant de voir ce qui est écrit. Shigeru ne me dit peut-être pas tout. Peut-être qu'Akira ne l'invite que lui? En plus, il veut voir son pote, alors moi en plus, ça ferait vachement intrusion... Néanmoins, je peux toujours dire à Shigeru qu'il peut aller le voir, et que je l'attendrais... En plus, on peut se promener juste avant qu'il ne soit invité..!

Kami Sakuraï : Il te dit quoi exactement, dans le message?.. Et tu sais, je n'ai pas envie de déranger, je serais sûrement une tache dans le paysage, ah ah ah!.. Et puis, je ne suis pas très à l'aise à l'idée de recroiser son regard... terrifiant. (Et surtout moqueur!!!)

   Je continue à manger, laissant un bon grand silence - un peu pesant. Je suis plutôt stressée à l'idée de revoir Akira, surtout qu'il sait que les trois-quarts de ce qu'il dit, je n'arrive pas à le comprendre. ce qui me laisse avec toujours plus de questions et de mystères à résoudre - comme dans un mauvais épisode de Scooby-Doo... Tiens, en parlant de choses mystérieuses...

Kami Sakuraï : Au fait, tu ne m'as pas répondu, mais... De quoi je devrais me souvenir, ah ah ah? Tu as un autre terrible secret à avouer..?

Shigeru Yamane: Terrible... Oh, ça dépend. J'ai dû le rêver. Mais je pense que je... Comment dire...

Longue pause. Est-ce que je pourrais davantage être glauque? J'pense pas. Mais faut que ça sorte, même si j'ai pas spécialement envie d'être le connard de son histoire personnelle. Allez, on pose ses couilles sur le bureau. Maintenant que t'es avec elle, autant balancer ça sans filtre et sans idées pré-conçues. Ne te dis pas qu'elle ne t'aimera plus jamais.

Shigeru Yamane: Ben.. On a fait l'amour, non?

AH AH AH AH AH. Je suis tellement choquée, à l'intérieur. Merci de dire tout ça, sans pression. Je crois qu'en ce moment, je dois avoir une tête plus que perplexe. Reflétant peut-être même pas un dixième de ce que je ressens au fond de moi. Ah, non, non, non, je ne me souviens pas de ça.
    Je crois que j'avale de travers, et je tousse très fort. Vraiment, je ne me souviens pas de ça, mais alors pas du tout. En même temps, je dors comme une brique, en fait. Quand j'arrive à me reprendre totalement, je dois être toute rouge. C'est à moitié parce que j'avais fait une "fausse route" et d'une autre moitié à cause d'une très grande gêne, voire honte.

Kami Sakuraï : Eh. Non. Vraiment. Je ne peux pas te dire... (J'ai la gorge sèche d'un coup.) parce que... Tu penses que... Enfin... Pas depuis avant les nouilles... Tu sais... Je...Eh... Est-ce que tu ...? (J'ai un tas de scènes louches en tête, avec des scénariis catastrophiques. Plus catastrophiques les uns que les autres en fait.)

     Je frotte mes yeux frénétiquement, puis mon visage, et j'ai un petit rire nerveux. Oui, ça expliquerait pourquoi j'étais dans cet accoutrement-là, en me réveillant... J'ai peur d'avoir eu une crise de somnanbulisme, ou quelque chose comme ça, je ne sais pas;.. Je ne sais plus... Je fouille dans ma tête, mais rien... Ou juste peut-être un rêve agréable, mais je n'arrive plus à tout me remettre...
    Voilà une situation bien délicate, et je ne sais pas du tout comment résoudre tout ça. Si seulement le Seto Kaiba de papier pouvait parler. Ou quelque chose, n'importe quoi, qui puisse dire précisément ce qu'il s'est passé... En tous cas, intérieurement, j'ai l'image d'Akira en tête, en train de rire de la situation, et je ne sais pas pourquoi...

Shigeru Yamane: Ah, t'en fais pas, dans mon rêve... Enfin, dans ce que je pense être mon rêve... J'me suis couvert, donc, même si c'est réellement arrivé, logiquement, tu n'as aucun souci à te faire... Euh... Je... J'avais pas le droit, hein?

Je n'ose pas toucher à mon œuf au plat ni à mes tartines au bacon.

Kami Sakuraï : Eh... Je crois que... Je ne me suis jamais posé la question, en fait... C'est que... Avant toi... J'avais personne... Enfin, ça, je crois que tu le sais bien... Sous divers angles... Hé hé hé... Et puis... Je sais pas... Je...Eh...

   Je suis perdue. Mais, comme il y a toujours un mais... Au moins, il y a un bon point : même s'il s'est passé quelque chose, il n'y a apparemment aucun risque de... Euh... Certaines choses. N'empêche, je suis tellement angoissée que j'ai envie de pleurer, mais bon, je me répète l'information : je ne risque rien. Et c'est dans cette toute nouvelle atmosphère que je tente de finir mon repas. Ouais, en vrai, je m'attends à gonfler comme un ballon, ha ha ha ha ha...

Shigeru Yamane: Hé... Je t'aime, mademoiselle. Je sais que ça peut paraître un peu déroutant, mais le sexe n'est pas la première chose que je recherche chez une fille... D'accord? Je suis juste un rôdeur qui attendait la bonne personne. Et il se trouve qu'ici, petite mademoiselle, la bonne personne... C'est toi!

Oh putain, Shigeru. C'est vraiment toi qui a dit ça? En fait, j'avais peur qu'elle se fasse des idées. Sous un cumul exacerbé de panique, certaines choses peuvent comme sortir toutes seules. Je l'ai appris à mes dépens à l'époque du collège, quand je discutais avec mes pairs, parfois moyennant les poings. Je me rends compte que j'assume mieux mes dérapages aujourd'hui dans ma vie d'adulte. Quand je n'aimais pas quelque chose, je le disais... Quand je n'aimais pas quelqu'un, je le disais... Quand Akira m'est apparu comme le seul véritable ami que j'aurais de toute ma vie, je lui ai dit. Mais là, c'est un autre genre de sentiment. Quelque chose empli d'énergie, de jouissance, osons le dire: de lumière... Je pose ma main sur celle de Kami. Une nouvelle fois, peu importe ce qui se produira ici.

Shigeru Yamane: Mademoiselle Kami... Je t'aime.

Je ne sais pas si je suis rassurant, je n'en ai aucune idée; je dis juste les choses comme elles sortent. J'espère de tout cœur qu'on continuera à passer de belles journées. Qu'on retournera à Kaiba Land avec notre Pass Cinéma. Qu'on se câlinera jusqu'à la tombée du jour et qu'après, on puisse errer dans Domino, notre chez-nous incontesté.

GROOOOOU!!

Shigeru Yamane: Oups! Je crois que... Je crois que mon bedon m'appelle. Héhé!

Kami Sakuraï : Je crois aussi... Tu devrais manger... On pourra régler le reste plus tard...

    Je finis de manger très vite, plus rapdement que Shigeru, en tous cas. Je commence à empiler ce que je dois laver, et réunir ce que je dois ranger. Bien sûr, je laisse Shigeru finir à son rythme, je ne vais pas le presser après le tas d'événements arrivés en si peu de temps.  
    Je ramène tout en cuisine en deux voyages seulement, c'est assez rapide. Je regarde l'heure, il est près de onze heures. Heure à laquelle je me lève habituellement.... Bon. Je prends une pile d'affaires, et je décide à aller me doucher très rapidement... Et me préparer au mieux que possible. Je me retourne un instant vers Shigeru qui continue son repas...

Kami Sakuraï : Pendant que je m'absente, tu veux regarder quelque chose en particulier? D.V.D ou T.V.? Série ou anime?

Shigeru Yamane: Qu... Je... Oh, c'est vraiment gentil de ta part. Je... Tu n'es pas très longue, hein? Oh, désolé... Haha! Je suppose que... Je regarderai bien des épisodes de Dragon Ball, si tu en as, haha!

Au moins, je pourrais bénéficier d'une franche rigolade en observant Goku s'adapter aux codes sociaux et à la vie en collectivité sur le début de cette folle aventure. Il va encore dire à Bulma que les boules ont disparu, héhé.

Kami Sakuraï : Euh... Oui, je dois en avoir, tu peux regarder dans le meuble T.V., là... Mais je n'ai que la première grande aventure de Goku... Ah ah ah... Je crois que ça s'arrête même au voeu de Oolong... Ah ah ah!

    Après avoir vaguement indiqué où trouver les D.V.D.s, je prends la direction de la salle de bains avec mes affaires sous le bras. Mon "uniforme" habituel fera l'affaire, et puis, d'après ce que je peux voir dehors, il va sûrement pleuvoir dans la journée : de gros nuages gris commencent à pointer le bout de leurs visages joufflus à l'horizon.
     Je prends une rapide douche, je me sèche et je m'habille fissa. En fait, je prends plus de temps à regarder mon image se refléter dans le seul - et petit - miroir de tout l'appartement. Je remarque que, d'une façon ou d'une autre, j'ai changé. Mais je ne sais pas si c'est depuis le départ de "chez moi" ou depuis ma rencontre avec Shigeru. En réalité, je n'avais encore jamais prêté attention à ma personne avant ce moment précis. En tous cas, je me regarde fixement, et j'ai du mal à croire que la personne face à moi n'est autre que mon reflet. On dirait "une autre moi".
     Je soupire, toujours en fixant le bout de machin poli devant moi : s'il y avait eu une autre moi, comment aurait-elle été? Est-ce qu'elle aurait pu se trouver changée elle aussi? Je secoue la tête. Je me pose vraiment de drôles de questions, et j'ai de drôles d'idées qui ne tournent décidément pas rond, là-haut... Je m'éloigne du miroir, et je sors de la salle de bains, regardant au passage le cadran au-dessus de la porte indiquant que j'ai passé une vingtaine de minutes là-dedans...

Kami Sakuraï : Hé hé, me voilà prête! Je n'ai pas été trop longue?!

Au moment où Kami-chan revient, toute belle et toute propre, Bulma s'est faite enlever par le ptérodactyle, qui a pour sombre dessein de la manger, et Goku, tout enfant qu'il est, met un bon moment à comprendre ce qui se passe. L'ambiance légère et propice à la rêverie du dessin animé me détend un peu.

Shigeru Yamane: Non, non... L'épisode est presque fini, et à vrai dire, j'ai déjà l'impression de l'avoir vu un million de fois, haha...

J'ai l'esprit encore un peu perdu. Je perds mon regard vers la fenêtre.

Shigeru Yamane: Il... Il fait vraiment mauvais dehors, non?

Si j'en viens à parler de la météo, c'est que j'ai vraiment un gros souci.

Kami Sakuraï : Pas encore, mais ça ne devrait pas tarder, à mon avis... Mais bon, si tu préfère, on peut rester au chaud ici aussi, rien qu'à deux... Ah ah ah ah!

    Je lance un clin d'oeil à un Shigeru qui n'a pas du tout l'air à l'aise, mais ça se comprend : après avoir vu des images terribles relayées aux "informations", et après que ce choc - pour lui - soit passé, ilm'a dit clairement avoir fait des choses "pas nettes" avec moi le soir, et dont je n'ai aucun souvenir. Et visiblement, mon air perplexe et choqué n'a pas dû lui rendre service, d'autant plus qu'après tout ça il ait exposé à nu ses sentiments et que, comme une cruche, je n'ai pas su lui répondre. Et tout ça sans parler de l'invitation d'Akira. Je gère tout ça très mal.
     Il a peut-être peur que je le vire d'un instant à l'autre en fait... Je réfléchis en toute vitesse. C'est sûrement ça, oui. Il croit peut-être que... Ah? Comment elle appelle ça, Atsuko déjà...? Ah, oui!... Il a peur de la friendzone ou quoi? Je devrais peut-être le rassurer à ce sujet? Ou je me trompe peut-être?
      En tous cas, je viens me planter juste à côté de Shigeru, en me collant à lui, question de voir la fin de l'épisode qu'il est en train de regarder. Et puis, je suis en train de lui tenir compagnie, comme ça...