Burger World-Avoir du goût [Ouvert]

Lieu précédent.

Jeudi 3 août 2007

Kami et moi sommes d'abord allés rendre le costume à Magic Suits. J'ai salué Aiko là-bas, qui est une connaissance à moi. Je raconte à Kami qu'Aiko m'a déjà aidé à acheter un costume de loup-garou, pour une soirée déguisée chez Akira. Kami fait une drôle de bouille, mais ne s'exprime pas directement sur le sujet. On arrive alors au Burger World, la terre sainte de tous les amateurs de bonne malbouffe bien grasse avec de la sauce orangée et coulante de partout, le truc qui va me transporter, quoi! Hum... Malgré ma période de trime dans ce restaurant, j'arrive jamais à totalement haïr les burgers. Peut-être à cause des additifs dedans, qui sait.

Il est onze heures et quarante minutes. On arrive dans le restaurant moyennement, voire, peu fréquenté. L'odeur de friture pénètre nos narines. Certains s'en plaindraient, pas moi. Ouais, c'est paradoxal, mais peut-être que je m'y suis habitué, après tout. Sûrement une sorte de blues de la frite...

La devanture colorée du magasin avec son burger anthropomorphe a laissé place à un intérieur au tons chauds, tables en bois clair et fauteuils de cuir rouge alignés le long de ce petit fast-food aux sols sombres, certains murs étant peints en amarante et d'autres en bandes verticales orange et jaune. On s'avance vers le caissier qui nous accueille avec le sourire...

Caissier: Messieurs-dames, bonjour! Que désirez-vous?

Voir la carte du Burger World:

Shigeru Yamane: Pour moi, ce sera un menu poulet, s'il vous plaît... Et toi, championne?

Oh, comme ça, Shigeru connaissait Aiko... Je me demande ce qu'il me cache encore... Il a l'air d'être complice avec cette fille, mais pas au-delà d'une relation commerçante-client, enfin j'espère... Je fais taire ma jalousie et le fait que je sois un poil possessive... Oh, ça, une fois à l'Académie, il va falloir apprendre à le partager...  En tous cas, Aiko semblait ravie d'avoir fait un heureux! Si elle savait à quel point, ha ha ha!
    Nous discutons sur la route menant au Burger World. Durant ce temps, shigeru m'explique qu'Aiko est juste une connaissance, et qu'elle lui a bien rendu service pour une fête costumée chez Akira. Je suis à peine surprise qu'ele ait pu si bien le conseiller. Vu l'expérience que j'ai pu faire de cet électron libre...

    Je ne suis pas allée souvent au Burger World, parce que j'avais rarement l'occasion d'y sortir : je ne connaissais pratiquement personne et les seules interactions que j'entretenais étaient avec des membres de ma famille que je ne vois plus aujourd'hui, parce que j'ai eu des... différends avec eux...  Et qu'au final je n'avais pas grand chose en commun avec eux.
     Shigeru demande un menu classique, tandis que moi, j'hésite : entre un petit menu poulet ou... un pour enfant, à cause du jouet dedans. Mais bon, je décide de laisser mes pulsions d'enf... de collectionneuse sur le côté et je demande :

Kami Sakuraï : Ce sera tout pareil, Monsieur le Prof'!

Nous payons chacun 900 yens pour nos menus poulet, ce qui est une bagatelle comparé à ce qui se fait dans les restos habituels. Après une petite attente de six minutes, nous retirons nos plateaux et allons nous installer côté fenêtre. Ce que le temps a l'air bon, dehors! Tout à l'heure, c'était ni trop chaud, ni trop froid, juste une petite fraîcheur d'août à la limite de l'automne, ma saison préférée aujourd'hui. On commence à manger et à discuter goulûment...

Shigeru Yamane: Cette Atsuko, ça a l'air d'être une vraie pile électrique!! Crounch... J'ai lu le surnom qu'elle t'a donné! Elle arrête pas de te charrier, ou, c'est juste quand elle est dans ses bons jours? Nom... Nom... Moi, tu sais, avec Akira, on cassait des mâchoires et on décollait des dents, quand on était au collège! Nom... On était des cauchemars ambulants pour les profs et les élèves nous évitaient, drôle de se dire que j'en suis arrivé au métier d'enseignant aujourd'hui!... Crounch...

La nourriture me fait vraiment dire tout ce qui me passe par la tête.

Kami Sakuraï : Atsuko est comme ça depuis... Que je lui donne aussi des surnoms ridicules... Et que je m'amuse à "clasher" son chien... M'enfin... Hmmm... On était aussi des terreurs pour une professeure en particulier, une d'anglais, qui nous aimait pas, en plus de la majeure partie de la classe... Hmmmm.. Je passais plus de temps à taper les autres que sur elle, mais elle, elle m'a déjà mis des droites.. Parce que j'aimais trop "clasher" son chien... Ah ah ah!

     J'explique à Shigeru que même en étant dans un collège plutôt bon, c'était assez difficile à cause de ma marginalité - et Atsuko a souffert des mêmes choses que moi. La plupart des camarades que j'avais n'étaient pas des personnes exemplaires, et il y avait beaucoup de compétition. J'ironise même, dans la conversation, sur le fait qu'on m'ait embêté de la sorte parce que mon groupe sanguin est AB. C'est une pratique encore courante dans certains établissements.

Kami Sakuraï : Le pire étant quand je devais me battre contre des garçons. J'en ai gardé quelques souvenirs, même. Ah ah ah! J'ai même fini par en poursuivre un, chaque fois, en rentrant du collège, parce qu'il dépassait les bornes! Enfin, en même temps, il y a des choses qui ne se font pas..! Il n'a rien eu de grave, juste... la peur de sa vie.

      Ce souvenir me fait rire, et me fait repenser à hier, quand je poursuivais, avec Akira, "Ashi" Gozo et Shigeru, un des participants. Je ne suis pas quelqu'un de particulièrement agressif, mais quand je me trouve dans le feu de l'action, parfois, ça peut mal tourner. Je me souviens que j'ai dû vite apprendre à me défendre toute seule, parce que dès que je demandais des conseils à mes parents, ça tournait pas rond, et ça bouclait. Et puis, ils n'ont jamais trouvé de solution, à part de baisser la tête et faire comme si de rien n'téait.
     En évoquant la sombre période ducollège, je poursuis sur un terrain plus familier : Duel Monsters. Et je tente d'expliquer à Shigeru pourquoi et comment j'ai commencé à aimer ce jeu en particulier - et pourquoi j'ai comme leitmotiv Seto Kaiba, par la même.

Kami Sakuraï : Quand mon frère est parti de la maison, je me suis retrouvée... mal. Et assez abandonnée, au final. Que ce soit à la maison ou à l'école, c'était le même, personne ne m'écoutait, et mon petit monde tournait plus rond, et j'étais toujours embêtée à l'école... Et puis, un jour, en rentrant vers la maison, j'ai vu une boutique où ils vendaient des tas de choses. Je n'avais pas assez d'argent pour me payer des cartes ce jour-là. Dans la boutique, j'ai vu une publicité pour Kaiba Land.Le parc ne m'intéressait pas beaucoup au début, et puis... par un concours de circonstances, j'ai pu y aller. Je crois que c'est en découvrant Kaiba Land, et la personne de Seto Kaiba, que j'ai commencé à changer. Je ne sais pas, un genre de révélation...

     Je me rends compte que je me perds peut-être un peu dans mes explications, et surtout que je viens de faire un monologue peut-être révélateur sur ma personnalité, mais aussi peut-être un monologue un peu embarassant et pas très intéressant pour mon interlocuteur. Je me coupe moi-même, et je finis mon repas, dans un silence soudain.
     C'est après avoir fini de manger, seulement, que je sors un timide :

Kami Sakuraï : Je suis désolée, je suis... assomante... parfois... Ha ha ha...

Je suis assez touché que Kami me parle de son passé de façon aussi décontractée. C'est dingue, tout ce qui lui est arrivé. Je remarque qu'elle a légèrement grimacé en parlant de son frère. Bah, mieux vaut éviter le sujet pour l'instant... En tout cas, il est clair qu'elle a dû emmagasiner un sacré paquet de forces pour supporter toutes les pressions qu'elle a subi au collège...

Shigeru Yamane: Les personnes de ce genre-là sont des petites natures, elles parlent de creuser l'écart entre toi et elles quand leur cercle ou leur garde personnelle est là pour les protéger, mais quand ces gamins-là sont seuls, ils chialent à pleine larmes dans les bras de leurs parents! Haha! Tu sais, j'ai un peu eu les mêmes, enfin, façon de parler. J'imagine qu'étant une fille, t'as dû encaisser des choses que même le plus malchanceux des mecs n'a pas pu vivre à l'école... M'enfin.

Ensuite, j'écoute Kami parler, en fait, je bois littéralement ses paroles. Elle embraye sur la chose qui nous a permis de nous rencontrer: Duel Monsters, et elle s'exprime aussi un peu sur son premier voyage à Kaiba Land. C'est vraiment drôle que la plupart n'aient pas autant de sincérité dans leur façon de parler, d'être et d'en dire sur eux-mêmes. Ma nana aux mèches cendrées s'arrête d'un coup, et apparemment elle a peur d'être assommante. Aaah. Kami. Si tu savais. Tu es la personne la plus vraie que j'aie croisé ces dernières années à part Akira, donc, ne te pose pas de barrières, nous étions en si bon chemin, petite mademoiselle!

Shigeru Yamane: Bien sûr que non! Tu n'es pas assommante! Tu sais, ce n'est pas parce que je te fixe sans rien dire que je m'ennuie, héhé! Alors comme ça, tu as pris Seto Kaiba pour modèle dès ta visite à Kaiba Land, hein? C'est marrant! Tu étais petite, pas vrai? Moi, mon modèle, enfin, ça remonte à longtemps, c'était mon cousin Shuya. Tu connais déjà Kenichi, eh ben imagine l'exact opposé: un gars plutôt introverti qui pèse chaque réflexion. Mais, il est très gentil. C'est lui qui m'a appris à jouer à Duel Monsters à l'époque où le jeu commençait tout doucement à se populariser. Tu serais surprise, il travaille à la Kaiba Corporation actuellement. Il a toujours rêvé de fonder sa start-up, c'est un sacré personnage, malheureusement on s'est perdus de vie à cause de... Heum... Haha, tu sais, il adore les jurons français. Même s'il galère encore à les prononcer. Enfin, je sais pas, peut-être qu'il s'est amélioré dans sa connaissance du français, je ne l'ai plus revu depuis cinq ans. Et ça fait cinq ans qu'je cherche son numéro, haha! J'ai jamais osé aller au siège de la Kaiba Corporation pour demander, enfin, de c'que j'en sais, il est sûrement à un poste assez haut, du genre chef programmeur, ou quelque chose comme ça... C'est un crack en informatique.

Kami Sakuraï : Ce n'est pas vraiment commun de prendre ce sinistre bonhomme en modèle, beaucoup de gens auraient préféré Yugi, ah ah ah! J'étais plus jeune, et je crois que j'avais besoin de stabilité, et je crois que Seto Kaiba incarnait ça, pour moi!

    Je me rends compte que, d'un certain point de vue, ça peut paraître stupide de prendre pour modèle quelqu'un qu'on ne connaît pas vraiment. Au contraire de Shigeru, qui, lui, a pris quelqu'un de sonentourage en modèle. Je suis juste une gamine au fond, et cette idée me déplaît vraiment. Sur le moment, je suis vraiment contrariée.
    Je joue distraitement avec mon gobelet vide et ma paille. Je m'amuse à faie tourner cette dernière tout autour du gobelet. Cette bête action a pour effet de me distraire de ma dernière pensée désagréable. Dès ce moment, je suis un peu plus mutique à cause de la contrariété. Cependant, au bout d'un moment, au lieu de continuer de me refermer sur moi-même, je me dis que bouger un peu sera une bien meilleure solution, au lieu de bouder là...

Kami Sakuraï : Dis, tu crois qu'on peut aller à l'Aquarium, maintenant?

Au moment où on se lève et où j'ai acquiescé, une voix se fait entendre à la table de derrière:

???: Monsieur! Vous êtes bien monsieur Shigeru Yamane?

Je me retourne et je vois, assis l'un en face de l'autre, un vieux et un jeune. On peut sans se tromper affirmer que le premier est un homme d'âge assez mûr en raison de son air un peu jauni, avec une sorte de coupe de cheveux en mulet, il a des mèches grisonnantes et une petite moustache courte et bien entretenue. L'autre est un jeune garçon dont le visage est tourné dans ma direction, avec une peau très mate, des cheveux courts dressés avec des motifs sur les côtés et un regard intrigué. Qu'est-ce qu'on me veut cette fois? J'suis pas aussi connu que Seto Kaiba ou Gunpei Yokoi moi, donc foutez-moi la paix, j'ai déjà une voix chiante qui me murmure des trucs pour ça!

Je me lève de façon précipitée, j'ai presque failli renverser mon plateau, tellement j'ai voulu quitter la table d'un coup. Mais dans ma fuite - et celle de Shigeru - quelqu'un vient nous ralentir. Un homme derrière nous interpelle Shigeru. Ah, il sait même son nom. C'est étonnant! Je ne sais pas qui est le type enquestion, ni qui est en train de l'accompagner. Mais il a un grand sourire.
    Je dois tirer une drôle de tête à ce moment même, pendant le court laps de temps où l'autre type est en train d'appeler Shigeru. Aaah. Mon copain est connu en fait, hum... Je regarde Shigeru, d'un air interrogateur. Il lui veut quoi, ce gars? Je hausse les épaules... Je murmure - juste assez haut pour que Shigeru puisse m'entendre :

Kami Sakuraï : Tu le connais?

???: Ah, euh... Je suis le professeur Kabayama, le professeur principal des Jaune Râ à la Duel Académie... Nous ne nous sommes jamais rencontrés avant, enfin, pas à ma connaissance. Je suis navré, mais dès que je vous ai vu entrer ici, je vous ai immédiatement reconnu... Votre CV a déjà été transmis à la Kaiba Corporation, vous savez? Je... Je suis ici avec mon jeune neveu, Alpha. Il est... Enfin, il va tenter son entrée à notre école.

Oh, un autre professeur de la Duel Académie... Dis-donc, il est vachement physionomiste, comme il dit avoir reconnu Shigeru grâce à la photo de son CV... Attends... Son CV? Huh? J'ai l'impression qu'il y a un bug quelque part, mais je n'y prête pas plus attention que ça. Je suis plus hypnotisée par la moustache qui semble indiquer l'heure de Kabayama. Il commence à parler de son neveu en l'indiquant.
    Le neveu, lui, n'a pas l'air bien dans ses baskets quand on le présente, même s'il a le visage tourné vers nous. Il semble répondre aux "ordres" qu'on lui donne, aussi implicites soient-ils. Mais pourquoi son oncle tenait-il à le présenter à Shigeru d'emblée? C'est quelque chose qui me semble incompréhensible... En tous cas l'oncle balade son regard de Shigeru à moi, et de moi à Shigeru. J'espère qu'il n'est pas plus physionomiste que ça, en fait, parce que si j'entre à la Duel Académie, que Shigeru y est professeur et que... notre... relation... plutôt intime... s'est vue...
    Je commence doucement à paniquer. On a rien fait de grave, non? Rien qui ne puisse trahir nos relation l'un envers l'autre? Non. On a juste pris à manger, et on a discuté... Et on voulait juste partir. Oui. On n'a rien fait de véritablement explicite devant cet autre professeur de la Duel Académie. Il ne manquerait plus qu'il pose des questions à Shigeru à mon propos... Je croise les doigts pour qu'on puisse repartir sans faire trop de vagues...

Professeur Kabayama: Euh... Vous... Je sais que c'est un peu soudain, mais pourriez-vous faire un duel contre mon neveu? Il a énormément confiance en lui, mais j'aimerais lui montrer le niveau des professeurs de l'Académie avant qu'il ne tente sa chance... Vous savez... Ses parents l'encouragent dans cette voie, mais me concernant, j'ai quelques réserves: avant l'examen d'entrée, il y a les présélections, et étant un membre de la famille je ne peux malheureusement pas être l'examinateur d'Alpha... C'est à dire qu'il joue sérieusement depuis seulement deux mois. Pendant cette période, il a énormément appris, mais je crois qu'il est encore trop tôt pour lui d'envisager une carrière de duelliste. Pourtant, c'est bien ce qu'il veut. Et au cas où vous seriez son professeur principal plutôt que moi, j'ai pensé que... Que ce serait bien pour lui de vous connaître... Voilà... J'aimerais donc que vous fassiez office d'examinateur pour mon neveu au niveau des présélections, aujourd'hui et maintenant. Vous... Vous n'êtes pas obligé d'accepter, bien sûr.

Je suis assez étonnée de la demande de Kabayama. En plus, il a l'air de ne pas me voir. C'est déjà un bon point, en fait. Par contre, demander à shigeru, comme ça, d'un coup, d'évaluer son neveu... Hum... Ce type est loin d'être... Euh... Conventionnel? Je dois tirer une drôle de tête, en l'écoutant parler, et surtout, en le regardant.
     Je me tourne vers Shigeru. Je ne vois pas son visage. Est-ce qu'il est aussi perturbé que moi? En tous cas, il ne bouge pas d'un iota. Je me demande ce qu'il va faire, et s'il va accepter ce duel. Dire que ce n'est même pas l'intéressé qui vient le défier. Pf.

Kami Sakuraï : Hum... Tu vas faire quoi, Shigeru?

Le gamin commence à me dévisager. Ses traits sont particuliers, est-ce que c'est un half? Jusque-là, il affichait un air plutôt observateur, mais visiblement, il n'était pas au courant des projets de son oncle pour lui. Peut-être qu'il pensait passer les sélections par piston? Haha! Oh putain... Il me regarde vraiment comme une bête curieuse ce morveux. À voir son expression à ce moment précis, je mettrais ma main à couper que c'est vraiment un sale gosse... J'essaie de ne pas m'énerver, et je tente d'expliquer posément au professeur Kabayama que ce n'est pas possible pour moi, pas aujourd'hui en tout cas.

Shigeru Yamane: Ben, euh... C'est-à-dire qu'on comptait...
Alpha: Eh, tonton, ce type, il est prof principal des rouges, c'est ça?
Professeur Kabayama: Euh... Oui...
Alpha: Et les rouges, c'est les pires des pires heins? Le fond du panier, quoi...
Professeur Kabayama: Qu... Effectivement, ce sont les élèves qui ont été admis avec les notes les moins élevées, mais la plupart du temps, c'est aussi le dortoir des étudiants en échange scolaire, ou de ceux qui arrivent en cours d'année... Il ne faut pas avoir de préjugés sur...
Alpha: Je m'en fiche, je veux pas l'affronter. Si on lui a donné le pire des dortoirs, c'est à coup sûr parce que c'est lui-même un cassos.

Kami Sakuraï : Et toi, tu n'es qu'un sale petit prétentieux.

    Mes mots ont été plus rapide que ma capacité d'analyse de la situation. Je suis moi-même surprise par ce que je viens de dire. Par contre, Kabayama a l'air gêné. Ne vous en faites pas, je serais aussi déboussolée si j'avais dû accompagner un gamin comme celui-là... J'ai la nette impression que ce clown d'Alpha me toise aussi. S'il veut se battre, je vais régler ça aux poings...
      Je me tourne vers Kabayama, présentant un sorte d'excuse pour mon comportement, en disant que ce n'est pas de sa faute à lui que j'ai eu cette réaction, mais à cause de son neveu. Toi et moi, on va pas être amis... Je suis en train de le foudroyer du regard. Non, mais, de quel droit il insulte le dortoir Rouge Osiris? Et surtout mon copain?! Si ça se trouve, il ne sera même pas admis, lui!

Moi, un prétentieux? Tiens donc.

Alpha: T'es sûre d'être assez derrière tes binocles pour m'insulter de prétentieux? T'es quoi, sa copine ou sa petite cousine qu'il emmène au Burger World avec ses allocs? Tu sais jouer, toi, peut-être?

Je crois que je vais lui exploser ses dents. Une à une. Il me cherche, lui, eh bien, il va me trouver. Et ça va faire mal. Je n'en ai rien à faire de passer pour une malpolie ou même une "cassos", comme il dit. Je vais juste exploser sa face de sale morveux prétentieux. Oui, je suis bien assez derrière mes lorgnons, et j'ai fait peur à des mecs qui sont mille fois plus coriaces que toi, sale chien.
     Je retire doucement mes lunettes, parce qu'on m'a toujours appris qu'on pouvait pas taper des gens avec des lunettes, et puis, j'ai pas envie de les casser, elles sont trop jolies pour qu'elles soient cassées de sa faute. J'attrape la bouteille de ketchup sur la table, à pleine main. Et comme Alpha est juste face à moi, à ce moment précis... SPLOUTCH.
      J'ai appuyé fort, très fort, et un jet est venu s'écraser contre lui, contre sa sale petite tête. Oui, je suis bien assez, et j'ai bien plus de cran que tu ne peux l'imaginer; Allez, tu peux venir, je tsuis là, et je t'attends... Il ne bouge pas. Ah. Tiens... Je lance :

Kami Sakuraï : Et toi, tu te sens supérieur à venir ici, peut-être? En fait tu n'es pas mieux qu'un autre. Allez, gamin, va nettoyer tout ça. Tu crains.

Professeur Kabayama: Aaaah! Je... Je suis désolé!

Wow... Avant que j'aie pu réagir ou péter un câble, Kami a agi et... C'est absolument pas croyable. Cette nana est géniale, mais c'est aussi une bombe nucléaire. Le morveux a une bonne dose de ketchup sur la face, et il fulmine, ça se voit, je pense qu'il s'attendait pas à ça... Le pauvre professeur Kabayama sait plus où se mettre, j'essaie désespérément de le rassurer, mais en vrai c'est chaud...

Alpha: T... Toi... T'as de la chance d'être une midinette, parce que sinon, je t'aurais fait payer pour ça... On va régler ça dehors, par un duel... À moins que tu n'aies peur?!

Kami Sakuraï : Avant d'être dehors, t'auras plus assez de dents pour parler, donc laisse tomber, ok? Plus que te mettre les "poings" sur les "i", tu devrais les avoir plutôt dans la tronche. Morveux.

     Je me sens comme un chat en colère, toutes griffes dehors, et prête à lui bondir à la figure. De un, on insulte pas un dortoir sans connaître ses occupants. De deux, on insulte encore moins mon copain. De trois, tu m'insultes, tu te prends au choix ce que tu veux dans ton menu. Et lui, il veut la totale, ça se voit.
      Tout couvert de ketchup, il me fait pas peur, déjà qu'à a base, il me semblait tout fragile et tout frêle, et pas du tout dans ses pompes. Là, il m'énerve, et en plus il ose me défier. Non, mais, il s'est vu? En plus, c'est qu'il se cache derrière sa prétention et son trop plein d'assurance en duel. Et il croit que je vais répondre par l'affirmative? Il peut rêver, lui.

Kami Sakuraï : De toute façon, tu te caches derrière un duel, juste parce que t'as pas assez de cran pour te battre avec une "midinette". Gros trouillard.

Kami m'inquiète, on dirait qu'elle va vraiment commencer à tabasser le morveux du nom d'Alpha. Au début, j'avais peur de ne pas pouvoir contenir mes nerfs, mais maintenant, c'est de la réaction de Kami dont j'ai peur. Sans déconner, le sale gosse ne sait pas du tout dans quel guêpier il s'est fourré... Si jamais il échoue dans mon dortoir, je vais lui laisser aucun répit.

Shigeru Yamane: Ah... Kami! Viens, on risque d'être en retard pour le spectacle des manchots! Allez, on s'occupe pas de tout ça, d'accord? Professeur Kabayama, heureux de voir avoir rencontré! J'espère qu'on aura à nouveau l'occasion d'échanger entre collègues plus tard, mais en privé cette fois... Kami... Allez, viens!

Je suis obligé de tirer ma jolie magicienne qui s'est transformée en furie des enfers. D'un côté, ça me touche, qu'elle aie réagi à chaud comme ça contre ce petit con... Mais quand même, Kami-chan, tu dois faire attention à toi, la Duel Académie, ça a l'air d'être quelque chose. Dire que j'ai oublié de dire à ma rouquine que j'avais juste été admis cette année! Ah... La vie, c'est compliqué... Une fois que j'ai réussi, à grand peine, à emmener Kami à l'extérieur, on entame notre marche, non sans quelques remarques bien senties contre ce connard d'Alpha. L'Aquarium est en vue.

Changement de lieu.