Cinéma de Kaiba Land [Ouvert]

Lieu précédent.

Mercredi 2 Août 2007

Nous y voilà enfin. Au Cinéma de Kaiba Land, là où nous a amené notre pari fou.

Le Cinéma de Kaiba Land est niché dans un grand zeppelin, sûrement pour faire écho au légendaire dirigeable de Seto Kaiba qui a accueilli les huit finalistes de l'inoubliable tournoi de Battle City, dont les matchs ont été plus tard retransmis à la télévision japonaise. Aaaah!! C'était l'bon temps, de mater ça avec Shuya.

Au sommet des marches, se tient... Kaibaman? J'échange un regard amusé avec Kami. Le mec fait un peu flipper comme ça, tout seul, avec sa longue cape se tenant au sommet des marches. Il va pas nous bloquer l'entrée quand même? Ha... Haha!!!!

Shigeru Yamane: On fait quoi championne? On lui dit coucou? S'il veut une photo souvenir, on le pousse vers les marches, d'accord? Pfuhuhuhu!!

Le Kaibaman est en train d'afficher un grand sourire, pourtant il reste statique comme tout. C'est à croire qu'il s'agit en réalité d'une statue! Il est plutôt marrant, là-bas, tout en haut des marches, à attendre. Je me demande depuis combien de temps il est là - et surtout si c'est un vrai gars derrière ce casque. En fait, j'imagine Seto Kaiba sous ce casque, posté là juste pour s'amuser à faire peur - et à détrousser - les visiteurs du parc. Mais bon, pourquoi perdrait-il son temps à faire ça alors que tellement d'employés peuvent faire tout ça, pour lui?
Shigeru est tout aussi étonné que moi de voir un Kaibaman en haut des marches. Nous échangeons un regard amusé - et complice - avant que Shigeru ne suggère de faire passer de vie à trépas le Kaibaman en le bousculant dans les escaliers, s'il demande une photo souvenir payante. Mais je ne pense pas que ce Kaibaman soit juste une simple mascotte pour les photos... Il a un Duel Disk au bras gauche... Il défie les visiteurs du parc, c'est ça!!!

Kami Sakuraï : Je crois qu'il est plutôt là pour un duel, si tu veux mon avis... Regarde! (Je lui indique le Duel Disk. Le Kaibaman a peut-être les bras croisés, mais le Disk est bel et bien visible!) Je me demande s'il nous laissera passer, après tout, on est deux, donc pourquoi il embêterait un couple alors qu'il y a bien des gens seuls qui viennent au cinéma...?

Shigeru Yamane: Aucune idée, mademoiselle Kami, mais une seule façon de le savoir, c'est de monter!

Le personnage reste parfaitement statique, puis un léger mouvement de tête du type en haut des escaliers indique qu'il a remarqué notre présence. Et soudain, alors que tout semblait peint comme sur un tableau de Vincent Van Gogh tellement ma vue commençait à faire des siennes, il se mit à parler.

Kaibaman: Ohé, toi! Si tu sais te battre, rejoins-moi immédiatement!!!

Ah... Kami avait raison, il voulait bien un duel ce gus. Je m'exécute. Il n'y a vraiment aucun visiteur dans ce coin-là du parc. Ils sont tous au Pot de Cupidité, au Château ou au Butcher pour les moins fortunés, j'imagine. Mais pourquoi ce type, ici et maintenant? J'ai peine à croire qu'il s'agisse bien d'un employé du parc, de ce que dit ma brochure, d'habitude, les événements de Duel se déroulent en pleine journée, ça me semble bien étrange... Une fois arrivés en haut des marches, Kami sur mes talons, l'homme costumé me lance sans me prévenir un disque de duel. Je l'attrape de justesse en manquant de me casser la gueule...

Kaibaman: Tiens, Shigeru Yamane, tu en auras bien besoin!

Shigeru Yamane: Minute! Comment connaissez-vous mon nom, vous? Et vous êtes qui, au juste?!

Kaibaman: Hé... On peut dire que je suis un mercenaire du parc, chargé de tester tes capacités. J'affronte régulièrement des duellistes qui mettent en jeu leur fierté ici, en repartant sans elle mais avec des larmes. Tu allais au Cinéma... N'est-ce pas?

Shigeru Yamane: Euh, ouais!! Dites, vous m'faites de plus en plus flipper m'sieur, vous nous suivez dans le parc depuis le début, en fait?... Ou alors...

Kaibaman: Dans ce cas, jeune cinéphile, j'ajoute un petit enjeu qui te forcera à donner ton maximum pendant notre affrontement! Si tu gagnes, non seulement je te laisse passer, mais vous obtenez un accès illimité au Cinéma de ce parc, toi et ton amie! Alors... Plutôt alléchant n'est-ce pas?

Shigeru Yamane: T'es un gars plutôt intéressant. Alors allons-y, duel!!!

Voir le duel:

Kaibaman: Intéressant... Tu as de l'aplomb. Au fait, tu recevras bientôt un mail t'indiquant tes horaires, alors reste connecté. En plus des fondamentaux du duel, tu enseigneras l'anglais, le japonais et la philosophie à tes futurs élèves. Les autres matières ont déjà leurs professeurs attitrés. Je ne pensais pas que quelqu'un de ton genre aurait pu gagner... Mais bref... Chose promise, chose due, cher ami...

Il me tend une carte magnétique, avec le logo de la Kaiba Corporation dessus, accompagné d'une petite bobine.

Kaibaman: C'est le Pass Cinéma spécial de Kaiba Land. Il te permet de voir tous les films que tu veux sans payer. En plus de ça, tu as un accès moins cher pour le parc, et tu bénéfices des consommations gratuites en nourriture et en boissons au Cinéma jusqu'à un plafond de 1500 yens par jour. Voilà... Je pense que c'est tout. Au revoir, Shigeru Yamane...

Shigeru Yamane: ATTENDEZ!!!

Il se retourne, avec sa longue perruque orange qui accompagne le mouvement.

Shigeru Yamane: Vous êtes Seto Kaiba hein? Non?...

Il commence à ricaner.

Kaibaman: Si j'avais été Seto Kaiba, tu n'aurais même pas pu m'infliger de dommages, et tu aurais perdu en deux tours. Sur ce...

Le gars s'en va comme un prince en descendant les escaliers, normal. Puis, à une trentaine de mètres de notre vue, il prend le... Monorail. Ah ouais d'accord, comme si c'était un visiteur lambda. Bon... Comment on dit, déjà? Ah ouais. Insolite.

Shigeru Yamane: Ouf! On a encore trente minutes avant que le film ne commence... Eh... Championne... Si on faisait fructifier tout ça en pop-corn et en glaces, hum?

Durant le duel opposant Shigeru à Kaibaman, j'ai pu apprendre des choses intéressantes. Apparemment, l'acteur qui jouait la créature connaissait bien Shigeru - sûrement un coup d'Akira, ça... Maintenant, je sais que je suis accompagnée du professeur chargé du dortoir Rouge Osiris - ce n'est pas juste un simple professeur, il est aussi responsable. Wow.Tout ça doit dire que, quand même, il sait bien, très bien se débrouiller! Et que, si hier nous n'étions pas en train de jouer, dions...euh... distraitement... j'aurais pu perdre bien avant... C'est qu'il a balayé un Ultime Dragon Blanc..
En tous cas, Shigeru a gagné un bon lot, en affrontant ce drôle de gus. C'est plutôt pas mal, voire pas mal du tout, voire très bien. On a la possibilité de venir se faire un cinéma sans payer de supplément, prendre la nourriture et les boissons que l'on veut - pour une certaine somme - et revenir au parc plus souvent, grâce à un badge d'accès nous permettant de venir à moindre coût! Dis-donc, et dire que je croyais qu'on allait tout simplement venir, et s'amuser en toute quiétude, eh bien, on dirait que je me suis pas mal loupée sur mes "prédictions".

Tandis que le Kaibamant repart... comme tout autre visiteur du parc... Quoi..?! Shigeru me propose d'enfin aller au cinéma, de choisir de quoi nous sustenter, et de prendre place dans la salle. Je souris largement. J'ai hâte de me retrouver juste avec lui. Et je me doute qu'avec le nom du film, il y aura peu voire pas du tout de monde dans la salle. Tout le monde préfère voir la success-story de Seto Kaiba, j'imagine!

Kami Sakuraï : Autant profiter du fait de grignoter! Je ne sais pas si j'aurais encore la force ni même le courage de faire à manger, une fois à la maison! Ah ah ah!

Je m'approche de Shigeru un peu plus, et je regarde le badge qu'il a en main. En regardant la carte, on peut voir qu'ils ne font pas dans la demi mesure niveau "bel objet". C'est sûr qu'un pass comme ça, il ne s'oublie pas. Les lettres holographiques de la KaibaCorp "KC" brillent aux dernières lueurs du jour.
Je me tourne vers Shigeru, je suis tout sourire. Franchement, il a eu de la chance de battre le Kaibaman; J'aurais certainement pas pu réussir, si j'avais été à sa place!

Kami Sakuraï : Premier rencard, c'est toi qui invite, au second, ce sera pour moi, d'accord? (Je lui sais un clin d'oeil.) Au fait, j'ai entendu de la part de Kaibaman que tu devais surveiller tes mails? Ce soir, tu sais, tu pourras jeter un oeil, depuis mon ordinateur! Je sais que c'est pour le travail... Donc...

Shigeru Yamane: Oui, je devrais probablement regarder ça, enfin, si ça ne t'embête pas, bien sûr... Pour l'instant, ne parlons pas boulot, profitons plutôt du moment!

J'entre avec Kami... Et une fois n'est pas coutume à Kaiba Land, je suis surpris, mais cette fois, c'est la sobriété de l'endroit qui m'étonne par rapport à toutes les autres attractions du parc. C'est très sympa, plutôt sombre, et les murs comme le plafond sont peints en noir, avec toutefois des petits comptoirs en rouge pour la nourriture et les boissons. En fait, ça me rappelle le Hammer, le cinéma de quartier qui était en bas de mon appartement... Je me demande si on aura l'occasion de parler de ces souvenirs avec Kami. Je pense que oui. Je m'approche calmement d'une des caisses, vu que l'autre est déjà prise par un homme avec un chapeau... Ah... J'espère qu'il va pas voir le même film que nous, ce serait glauque que ce gars nous mate pendant la projection, en plus, avec son imperméable il a l'air d'un exhibitionniste... Ah! Non, ça va, il a pris une place pour un drame social, on dirait... Comme quoi... Bon. Je fais ma demande en caisse sans plus attendre, en tendant mon Pass Cinéma spécial.

Shigeru Yamane: Bonsoir! Eum... Je dispose du Pass Cinéma, je désirerais deux places pour "Les Clowns Tueurs Venus d'Ailleurs", s'il vous plaît... Euh... Peut-on également prendre des boissons et de la nourriture?

Employée: Bien sûr, c'est au comptoir juste derrière vous, vous voyez, celui en forme de cercle? Tenez, je vous donne vos tickets, je vous laisse prendre de quoi avec mon collègue, d'accord?

Shigeru Yamane: Génial, tu me suis Kami?

On arrive au petit espace pour la nourriture. Le gars est visiblement un adolescent avec un air à moitié endormi, mais il est encore assez frais pour comprendre mon "bonsoir". Je me tourne vers Kami, un sourire au coin des lèvres.

Shigeru Yamane: Alors? Que veut ma Magicienne? Monsieur vient d'me dire qu'il y avait une Glace Kuriboh au chocolat, et que c'était la meilleure! Je pense qu'on va aussi prendre des pop-corn sucrés, et des sodas si besoin, haha! On a une carte spéciale, autant en profiter, non?

Kami Sakuraï : Je vais faire le choix de la glace Kuriboh, alors! Et pour le reste, je te laisse faire, Monsieur le Prof'! Tu m'as déjà prouvé que tu avais bon goût, alors, je te laisse me surprendre, encore!

J'adresse un sourire malicieux à Shigeru, tandis que le vendeur comate encore pas mal. On dirait qu'il a vachement du mal. Il n'est pas si tard, pourtant! En tous cas, il me tend un genre de bol, en plastique, assez grand, en... forme... de... Kuriboh... et une petite cuillère en plastique. C'est un pot de crème glacée, et pas un esquimau, comme je le prévoyais! Avec ça, j'ai mangé pour la soirée, je crois...

Finalement, Kami a pris sa colossale glace Kuriboh dans les mains, tandis qu'après avoir rangé deux "cola" dans mon sac, je portais le gros paquet de pop-corn. Nous avancions vers le petit marche-pied donnant accès au couloir des multiples salles, nos grandes provisions avec nous. Je n'ai pas bien fait attention, mais il me semble qu'il y en a douze, de salles. Le mec qui a déchiré nos tickets a adressé un sourire à Kami, j'ai pas trop aimé ça et j'ai dû tenir compte du regard implorant de Kami pour me retenir de lâcher mon pop-corn et lui casser la gueule.

On entre dans la salle, la 4 pour être précis. Les sièges d'un rouge éclatant sont moelleux. Les petites lueurs du plafond sont encore allumées, semblables à des étoiles. On est allés se mettre à la quatrième rangée en partant du bas, c'est-à-dire suffisamment près pour un confort visuel optimal. Et surtout, ça me permet de ne pas avoir à porter mes lunettes... Il faudra bien que j'lui dise que j'en porte, un jour. Il y a une musique sympa et calme, qui passe en fond, à un volume suffisamment faible pour que les spectateurs puissent chuchoter ou même, parler.

Shigeru Yamane: Eh! Je reconnais! C'est "A Horse With No Name", du groupe "America"! Je... M'enfin bref...

Je me rends compte que c'est pas en étalant mes goûts musicaux que je vais réussir à capter l'attention de Kami. N'empêche, la salle numéro 4... Haha! J'ai un petit rire concernant une de mes pensées, tout d'un coup, quant au numéro de la salle. Je décide de parler spontanément à Kami de ce que j'ai en tête.

Shigeru Yamane: Tu sais, le numéro de cette salle... J'me souviens des légendes de quartier qu'on se racontait, avec Akira, concernant le vieux cinéma "Hammer", en bas de chez moi... On disait, que, la salle était maudite... Et que c'était pour ça que le cinéma avait fermé, pas pour la faillite. Akira m'a même dit un jour qu'il avait pu voir un film d'horreur, quand on était encore au lycée, et que pendant la projection, tellement il se faisait chier, il s'était endormi... Et tu sais ce qu'il aurait vu en se réveillant?

Kami Sakuraï : Euh... Il a vu quoi...?

Je ne suis pas rassurée, mais je veux quand même savoir. Je serre fort mon Kuriboh en plastique dans mes mains, mais le froid de la glace n'arrange rien. Je me rapproche donc de Shigeru, et je suis en train de me blottir contre lui sans m'en rendre compte. Je tremble, d'effroi et de froid.

Héhé, pile l'effet que j'attendais, huhu. Cependant, je lui raconte la stricte vérité, et à vrai dire, ça me fait du bien... Enfin, c'est la vérité sortie d'une discussion entre deux potes bourrés il y a déjà quelques années, après tout... N'empêche, cette histoire était chelou, à l'époque. Akira doit encore s'en souvenir, je pense, vu la tournure qu'ont pris les événements.

Shigeru Yamane: Eh ben, un vieil homme dégarni, complètement famélique, avec la bouche grande ouverte, était penché sur lui. Il lui a pas fallu longtemps pour quitter la salle, à mon pote caillou, haha! Il a jamais su qui était ce type. Glauque hein?

Je scrute la salle. Il n'y a personne. Ça ne me rassure pas pour autant, loin de là, en fait... Je resserre mon étreinte sur Shigeru. Ne vais en faire des cauchemars, de ça et de chez Saggi... Brrrrr... En tous cas, ça me fait du bien d'être contre Shigeru. Il a chaud, et avec le double-frissons que j'ai, c'est.... Bon.
N'empêche que je chouine... Je suis une vraie gamine... C'est pas vrai...

Kami Sakuraï : C'est pas drôle du tout!... Muh.... J-J'veux un câlin, moi!... Ça fait trop peur...

Shigeru Yamane: Là, là, ça va aller...

Je prends Kami dans mes bras. Hum, cette rouquine a vraiment une odeur délicieuse. Je caresse longuement ses cheveux, allant jusqu'au milieu de son dos... Pas de panique, ne soyons pas trop entreprenant. Mmh... Même si, là, tout de suite, j'aurais bien envie d'aller plus bas, ou de lui caresser la jambe... Soudain, alors que mes pensées perverses étaient clairement en train de faire surface, les lumières s'éteignent. Hum. Je suis sauvé de mes propres tentations.

Shigeru Yamane: Aaah, ça commence championne. Si tu as peur, tu peux... Te blottir contre moi, tu sais? Mais t'en fais pas... C'est pas très effrayant, je te jure, tu vas peut-être même rigoler! Haha!

Après le logo de la maison de production du film, une musique de science-fiction hypnotique accompagne un générique en lettres noires cernées d'un halo bleu nuit, l'espace étoilé en fond visuel. Des rires gras sont déformés et passés au ralenti... Hum... Je me souviens quand j'ai découvert ce film. J'étais complètement pété, j'avais fugué de chez moi, et je m'étais retrouvé par le plus heureux des hasards au Hammer. Je m'étais bien marré, avec de bonnes bières Phoenix Beer. Puis, j'avais dormi dehors. Le réveil avait été dur... C'était une belle soirée. Et maintenant... Je suis libre, et je suis avec la personne que j'aime, en train de regarder ce même film. Huh, mais elle a l'air de bien flipper. Quand la typo arrive, "Killer Klowns From Outer Space", accompagnée de la musique soudainement rock des Dickies, je ne peux pas m'empêcher de me marrer allègrement.

Le film commence, et le premier mot que j'ai en tête au moment des rires et des premières notes, c'est... "grotesque". Mais n'empêche que le ton de la musique donne une bonne note "fun" au film. Cependant, je sais que ce "fun" affiché sera de courte durée pour moi, quand je verrais... Les clowns.
Les premières minutes du film montrent des ados américains - c'st pas comme dans Supernatural, c'est plus vieux, là - qui se prennent de la bière appelée "Beer". Ce que c'est inventif... Les ados sont pour la plupart en couple, dans des trucks et s'embrassent... Hum. Shigeru, petit coquin, tu n'aurais pas des idées derrière la tête..? Il y a un côté très faux et très "toc" dans les premières scènes, et le jeu des acteurs n'améliore pas les choses. Il y a un truc qui vole dans le ciel, laissant une traînée orange. Un vieux avec son chien vont voir l'objet volant qui s'est posé, tandis qu'un des couples veut aussi voir, par leur grande curiosité, de quoi en retourne l'objet... Le début est assez drôle... Et puis... Bon... Du temps qu'il n'y a pas les...

Kami Sakuraï : AHHHHH!

Un visage horrible, maquillé comme une voiture volée, avec un sourire qui lui tord le visage. Et des dents. Des dents... C'est affreux... Je... Je trouve ça affreux!... D'autant plus que les visages ne bougent pas de manière naturelle, et tout ça donne un rendu encore plus horrible à l'ensemble. Je me sens mal...
Je cache mes yeux avec mes mains, mais mon Kuri-glace ne tient pas entre mes jambes, et... C'est trop froid!!! Je prends de nouveau en mains mon pot de glace. Cependant, je me blottis davantage contre Shigeru. Les rires sont horribles, les têtes encore plus. Je préfère davantage fermer les yeux et me presser contre Shigeru. Et frotter mon visage contre lui, pour me dire qu'il est bien là... Et puis... Parce qu'il est doux et chaud et qu'il me rassure, même si je quémande, afin de me sentir mieux...

Kami Sakuraï : Je... Tu... (J'ai la voix qui tremble. Décidément, j'aime pas les artistes de cirque.) Tu peux... M-Me... Me...

Eh ben! Elle, quand elle a peur, elle fait vraiment pas semblant! Allons, Kami... Ce ne sont que... Des clowns aliens qui veulent manger les gens? Ouais, j'avoue, dit comme ça, ça porte pas vraiment le réconfort à son paroxysme. Mais bon... Le film est tellement con. Je mets un bras autour de Kami, et je rapproche ma tête de la sienne en lui susurrant quelques mots gentils, pour reprendre les termes de l'entité bizarre qui m'a possédé au Blue-Eyes Adventure tout à l'heure.

Shigeru Yamane: Hé... Tu sais, si jamais on voit un chapiteau de l'espace géant dans un champ, piloté par des clowns maléfiques mangeurs d'humains, je te protégerai... Enfin, surtout et avant toute chose, je ne t'y emmènerai jamais, tu sais?

Je caresse Kami machinalement, mais pas par des gestes trop brusques, de peur de faire tomber sa glace. En même temps, je suis happé par la débilité nostalgique du film. Les clowns tueurs poursuivent un couple d'ados téméraires, couple s'étant aventuré comme des gros cons dans le chapiteau spatial. Puis, nos tourtereaux se font tirer dessus grâce à un pistolet alien à pop-corn. Ça ne s'invente pas. À mesure que je détens mademoiselle en caressant sa tête puis son cou, la fuite de nos protagonistes débute. Mike le grand débile au pull de laine gris, et Debbie, la jeune femme aux frisottis chatoyants sont hilarants de par leurs répliques, Debbie s'exclame "Du Pop-Corn, mais pourquoi du Pop-Corn?", ce à quoi Mike répond "Parce que ce sont des Clowns, voilà pourquoi". Du grand art. Les clowns envoient ensuite un... Chien en ballon qu'ils ont créé poursuivre Mike et Debbie. Kami se retourne. Elle n'aurait pas dû... Je crois l'entendre sangloter contre mon T-Shirt quand la caméra se rapproche des clowns, mais d'un côté cette aubaine me permet de complètement la serrer dans mes bras. Allez, finis-donc ta glace, jeune fille, pour qu'on puisse passer aux choses sérieuses... Huhu!

Le film continue, et j'oscille entre noir total - contre Shigeru - et crise de rires, à cause des coupes de cheveux et répliques des personnages. N'empêche que, les clowns, eux, sont terrifiants. Et de ce que je peux comprendre, ils emprisonnent les gens dans de la barbe-à-papa. Huh? Quand je suis contre Shigeru, j'entends son coeur aller plus vite, mais je ne pense pas que ce soit à cause du film, parce que, lui, il rigole en le regardant. Hum... Tu es en train de me cacher quoi, toi..?
   Je peine à finir ma glace, il m'arrive même de lécher distraitement ma cuillère... Tout en regardant le paquet de pop-corn que tient Shigeru. Parce qu'après tout, les clowns, ils traquent les gens avec ça, et avec un chien de baudruches qui aide à la tâche. Brrrr... Terrifiant, même si c'est grotesque. En fait, je crois que le grotesque fait encore plus peur, là-dedans...

  J'ai presque fini ma glace vers, ce que j'imagine être, la moitié du film. La fille - Debbie - est en train de se rafraîchir dans sa salle de bains, après avoir été déposée par ses deux chevaliers blancs - dont on a pu suivre la folle épopée entre deux - chez elle. Elle se débarasse du pop-corn. Normal. Elle se lave. Normal. Le pop-corn bouge. Pas normal... Mais bon, est-ce qu'il y a un truc qui tourne rond - sans faire peur - dans ce film?
  Je me tourne vers Shigeru. Il lui reste un peu de pop-corn, mais je ne suis pas trop tentée. Va savoir pourquoi... Je regarde ensuite le fond de mon pot Kuriboh. Il reste une petite dizaine de coups de cuillère à donner pour finir ma crème glacée...

Kami Sakuraï : Il me reste un peu de glace, tu en veux? Je te donne ma cuillère, si tu veux, enfin, si ça te gêne pas de manger après moi...?

Brrr! J'ai frémi quand elle a léché sa cuillère, je ne sais pas pourquoi, ça doit être une sorte de sex-appeal innocent... Kami, un peu moins tétanisée, me demande timidement si je peux finir son pot. Oh ça... Lécher la cuillère que tu as goulûment humidifié avec ta salive, ça me tente à mort, oui, jolie Magicienne! Hum... Reste calme... Détendu... Elle te propose juste de finir sa glace, pas de quoi en faire tout un plat.

Shigeru Yamane: Ou... Ouais, pas de problème! Tu peux me la donner!!

Je prends le pot qu'on m'a timidement tendu et je le finis de bon coeur. La vache, c'est super bon ce truc. On dirait limite que c'est... Aphrodisiaque... Oh non. Une bosse commence clairement à se voir dans mon pantalon. Le film continue. Dave, le flic qui sortait avec Debbie, s'excuse auprès de Mike. Faut dire que se rendre compte de l'existence des Clowns Tueurs en vrai, ça dissuade un peu de prendre les gens pour des marioles. Mais je ne suis plus le film qu'à moitié. Mon intérêt est ailleurs... Je reluque allègrement les seins de Kami, qui, par un concours de circonstances tout à fait favorable, sont visibles par un angle avantageux. Je suis fatigué. Mais en même temps, terriblement détendu. Je ne sais pas vraiment ce que je dis.

Shigeru Yamane: Dis, magicienne... Tu as déjà eu un copain?

Kami Sakuraï : Euh... N-Non. J'ai... J'ai jamais eu personne... Pourquoi?

Je ne bredouille que quelques mots. Ouh là là... Tu veux passer à la vitesse supérieure, toi, on dirait! Je suis un peu intimidée, et encore plus quand je jette enfin un coup d'oeil rapide à Shigeru. Il me fixe. Je rougis. Et je baisse un peu la tête, et mes lunettes tombent un peu. Je ne prête même plus attention au film. Qu'importe les clowns ou les cheveux aux brushings si impeccables!
Il me tourne autour, et pas qu'un peu... Hum... Qu'as-tu prévu, Monsieur le Prof'...? Je sais. Je sais. Je sais que ce n'est pas bien. Pas bien du tout même. Mais bon, mettons ça sur le compte de la jeunesse, sur les hormones, la crème glacée, les clowns, tout ça... Je frotte mes mains sur mes genoux, toujours parce que je stresse un peu. Je redoute un peu la réponse qu'il va me donner...Mas d'un côté, je veux savoir. Pourquoi veux-tu savoir ce détail, petit coquin?

Shigeru Yamane: Parce que... Parce que j'aimerais sortir avec toi, voilà pourquoi.

Je reste un moment silencieux en matant mes pompes. Le sang circule plus vite dans tout mon corps, et je me sens moins détendu. Vite, vite... Je veux savoir... Est-ce possible? Est-ce que... Est-ce que j'ai le droit d'être heureux?

Shigeru Yamane: Enfin, techniquement, c'est déjà ce qu'on fait, haha... Non?

Kami Sakuraï : Pas juste sortir alors. Sortir en... amoureux... C'es bien ça?

Je marque une pause. Il a l'air mal à l'aise d'avoir dit tout ça. Mais c'est qu'il faut un sacré courage pour avouer ses sentiment!.. Et surtout faut-il beaucoup de courage pour demander... Oh... Shigeru... Je sais que je peux me compromettre - et lui aussi - en répondant d'une certaine façon, mais après tout... Tout ça, ça n'arrive pas qu'une seule fois, une unique fois, dans la vie?
J'attrape la main de Shigeru. Il préfère regarder ses chaussures et la moquette. J'aimerais y trouver autat d'intérêt. Mais je préfère torturer mes mains en malmenant mes doigts, quand quelque chose ne va pas ou me tracasse... Cependant, là, rien ne me tracasse. Et je préfère triturer, non, caresser, la main de Shigeru. Au lieu de faire craquer mes doigts.

Kami Sakuraï : Tout à l'heure, je pensais avoir été claire... Je ne l'ai peut-être pas été assez... (Je souris, et je dois être toute rouge à l'heure qu'il est.) J'aimerais beaucoup. J'aimerais vraiment beaucoup sortir avec toi...

Un tintement de cloche retentit, léger, presque moqueur et aigu. Puis, il est suivi par de plus grosses cloches, plus puissantes, accompagné d'un riff enfantin de pop-punk dans ma tête. Derrière-nous, il y a des petites bulles bleues et roses. Ouais, c'est cucul, mais que veux-tu, l'imaginaire a ses crises, des fois, et c'est pas plus mal. C'est incroyable, ça m'arrive vraiment? Je suis pas le genre de personne désirable, du moins, pas dans ce que je me suis toujours imaginé. Je me sens décoller de mon siège. Je m'observe de l'extérieur. Et là, dans la méticulosité la plus exacte, je déplace ma main libre de façon à rencontrer et recouvrir entièrement celle de Kami. Mon visage pivote lentement vers les émeraudes. C'est un moment unique, il ne faut pas le gâcher. Bordel... Je m'imagine en costume et Kami en robe blanche. J'ai honte, je ne le dirai pour rien au monde, ou peut-être pas tout de suite du moins. Pour l'instant, la seule chose que j'ai envie de dire, c'est...

Shigeru Yamane: Je t'aime, Kami.

Et, on reste dans cette position en regardant le reste du film... Le générique défile, bah, on le regardera à nouveau plus tard, ce film... J'me plais à imaginer, qu'on a toute la vie devant nous pour ça. Toute la vie en commun, peut-être? J'aimerais trop. Même quand les lueurs du plafond se rallument, on quitte toujours pas la salle. Je crois qu'on voit juste plus le temps passer pareil. Qu'est-ce qui m'arrive, j'en ai plus rien à faire. Je veux juste me rendre ivre de ce moment.

Employée du Cinéma: Madame? Monsieur? Le Cinéma va fermer, s'il vous plaît!

Ah. Fallait bien que ça arrive... Bon. Qu'est-ce qu'on fout? On dit qu'on va rester pioncer là? Haha... J'suis complètement crevé de cette journée, à vrai dire. Il me semblait bien que prendre autant de bière, ça aurait pas que des bons effets.

Employée du Cinéma: Il y a une navette spéciale, à l'extérieur du Cinéma... Elle dessert vingt arrêts à Domino, vous pouvez aller la prendre, messieurs-dames...

Une employée de cinéma vient percer notre petite bulle.Mais on était bien, là... Et puis, bon... On n'a même pas eu le temps de... De s'embrasser. Je suis déçue de cette intrusion. On aurait bien fini par quitter ce cinéma, oui. On ne va pas finir notre soirée ici... Mais de façon plus... Intime, non? Nous quittons la salle, sous l'oeil avisé de l'employée de cinéma. Le cinéma est vide, le stand de friandise est fermé, et les portes du cinéma sont ouvertes, mais surplombées de grandes grilles qui ne demandent qu'à tomber le rideau.
Nous marchons dans le parc silencieux. Main dans la main. Avons-nous besoin de rajouter quelque chose?On ne fait pas un bruit. Il n'y a plus aucune attraction qui fonctionne. On en voit juste encore quelques lumières qui fonctionnent et clignotent. L'air est plus froid, surtout pour un mois d'août. Je regarde le ciel et de gros nuages s'amassent à l'horizon. Il va y avoir de l'orage, certainement.

Nous reprenons la navette qui est arrêtée devant le parc, désormais vide. Nous sommes peu dans la navette. Juste le drôle d'homme au chapeau que nous avons vu plus tôt, Shigeru et moi. L'homme au chapeau s'est mis tout devant, tandis que Shigeru et moi sommes au fond, bien cachés par les rangées de siège.
Le trajet se poursuit en silence. Il n'y a que les bruits du bus qui viennent perturber cette suspension du temps qui m'enrobe. Il m'aime. personne ne m'a jamais aimé de la sorte. On m'a déjà "aimé" tout court, enfin, du moins apprécié, mais c'était totalement différent. Ici, il s'git d'un homme, d'un homme qui m'aime, alors qu'il a vu tout le panel de qualités et de défauts que j'ai,et ce, en seulement deux jours...
Je me sens comme ailleurs. Je fais le vide dans ma tête, me reposant sur l'épaule de Shigeru. On va à la maison. Notre maison, déjà, pour cette nuit. Je souris, et je ferme les yeux, tout du moins jusqu'à l'arrêt le plus proche de mon Appartement. Bien au chaud, confortable, auprès de Shigeru.

Changement de lieu.

» Kaiba Castle [Ouvert]
» Fun Bowling [Ouvert]
» Manoir de Saggi [Ouvert]
» Entrée du parc [Ouvert]
» Monorail aux Yeux Bleus [Ouvert]