Jambe cassée, métalleux, magicienne et infirmière [Ouvert]

Dormir avec son frère? Euh, mais à quoi je pense, là? Ah oui, c'est vrai, elle m'avait demandé la permission.

Masha: Bon, je crois que je vais rentrer. Kami, j'espère que vous... Tu... Enfin, prends soin de ton frère.

Je trottine rapidement vers la sortie, en me sentant encore légèrement oppressée, mais aussi assez amusée par les frasques de ces deux-là. C'est marrant, mais ils me donnent l'impression de me cacher quelque chose. Cette attitude de la grande asperge me semble bien suspecte, et un peu trop appuyée! Bon, tant pis, je ne vais essayer d'en savoir plus. Ils me sont suffisamment sympathiques pour que je m'adresse à eux, mais pour le moment je dois me reposer. Direction la maison!

Masha est partie en nous lançant des drôles de regards. On doit avoir l'air vachement louches, en fait. Et je n'aurais jamais dû dire à Shigeru que j'allais le rejoindre pour dormir. Bref. Plus le temps de s'embêter avec les bêtises et mes bourdes en tous genres.

Kami Sakuraï : Mon histoire du soir, hum? Et quelle histoire, Nii-sama?

      Je rigole en pensant à la tête que doit tirer Masha en songeant à Shigeru et moi, dans le lit, lui en train de me lire une ''histoire''. Il va plutôt me compter fleurette, oui, et utiliser un stratagème pour... Pour rien.
      Oui. Pour rien, finalement. Je ne pense pas qu'en sachant que je suis sa cadette de onze ans, le bougre va tenter une manoeuvre. Risqué de sa part, sinon, ça.

Shigeru Yamane: L'histoire du petit écureuil surexcité avec des lunettes, ha... Haha!

Ce que je dis n'a plus aucun sens, mais visiblement, ça a quand même amusé ma protégée. Je raconte une espèce de cauchemar que j'ai fait, qui m'a assez inquiété. J'étais paralysé dans mon lit pendant qu'une femme démoniaque me droguait. C'était assez irréaliste, mais curieusement, mademoiselle a flippé comme pas deux. Puis, nous avons un peu causé stratégie, pour les examens de demain, tout en se taquinant mutuellement. C'était parfait. On aurait dit que la révélation de tout à l'heure n'avait plus d'importance. Si malaise il y avait encore, ni moi ni elle n'avions envie de l'évoquer à nouveau. Au bout d'une petite vingtaine de minutes d'intense discussion, je finis par trouver le sommeil en même temps que Kami.

Dimanche 6 août 2007

De l'air frais arrive à ma gorge. Je toussote, en me réveillant à la suite d'un cauchemar bien étrange. Ce n'était pas réellement effrayant, enfin...

J'étais à une espèce de jeu télévisé. Des diodes clignotaient de toutes parts, et apparemment, j'étais le présentateur de cette émission. Je devais poser des questions à la fois à Kami, la Magicienne des Ténèbres et l'infirmière Tamako. Jusque-là, tout allait bien. Sauf qu'à la fin du jeu, quand j'étais sur le point d'ouvrir l'enveloppe pour désigner la gagnante, je voyais que la compétition avait tourné en pugilat, et que les candidates, au lieu de vouloir attendre gentiment, s'étaient mises à se battre sauvagement, en agressant même l'équipe technique.

Ce matin, je me sens en plutôt bonne forme physique, et en regardant le réveil posé un peu plus loin, je me rends compte que les premiers internes mettront sûrement encore une petite vingtaine de minutes à arriver. Mon rideau vert est à moitié déplié, alors que j'étais certain qu'il couvrait toute la fenêtre hier soir, avant de me coucher. Kami, le fessier sur une chaise, a la tête sur les couettes, près de mon visage. Un petit filet humide coule de sa bouche. Je suis pleinement éveillé, mais j'attends. Étrangement, aucun signe du Phoenix, mais j'attends. J'attends toujours. Même pour Kami! Ah! Ma vie est une perpétuelle attente. Je me demande quelle sera sa réponse, quant à nous deux. Je me demande si ça pourra durer.
Le départ pour l'Académie est proche, et même si nous nous côtoyons tous les jours, ce qui était l'idylle d'une semaine va probablement bientôt s'envoler.

D'un coup, un type avec des cheveux courts et des lunettes, portant l'uniforme de l'hôpital, interrompt mes rêveries en ouvrant la porte d'un geste assuré. Mince, depuis combien de temps tout est remis en route, ici?

Infirmier: Pardon, monsieur Shigeru Yamane? Il y a quelqu'un de votre travail qui souhaite vous voir.

De mon travail?... Hein? Je jette un œil vers le visage de Kami. J'espère que la voix de l'auxiliaire à la tête de Clark Kent ne l'a pas réveillée.

Kami Sakuraï : MON SAC EST PRET, M'MAN!

    Je dormais tranquillement, enfin, le plus tranquillement possible dans cette position. Mais une voix inconnue vient de me tirer de mon sommeil, qui était agité, même si, de façade, j'étais calme. J'ai levé la tête comme un diable en boîte. La vache. Trop vite, le mouvement de tête. J'ai des éclairs qui dansent devant mes yeux dont la vue reste brouillée, et en plus j'ai de la bave, un peu, là, en coin.

Kami Sakuraï : ROFFFF... QUE.... QUOI?!... Son... Euh... Pardon.

     Mes yeux s'habituent peu à peu à l'environnement autour de moi. Je suis où, au fait? Ah. Oui. L'hôpital. C'est affreux, un instant je pensais être encore chez mes parents. Un cauchemar, terrible. Un cauchemar. Rien de plus. Je tente de reprendre mon calme, en voyant un gars inconnu dans l'entrée, mais un uniforme proche de ceux des infirmières, avec le même petit badge, m'indique que je n'ai aucun soucis à me faire. Bien. Bien. Bien.

Kami Sakuraï : B... Bonjour. Je... Je dérange, peut-être?

Ouais, clairement, je dois être de trop, surtout vu la tête que tire l'infirmier. C'est dire si, en me voyant, il croirait pas voir un zombie. Je dois avoir une tête affreuse, oui, avec les cheveux en pétards ou gonflés que d'un côté, et les lunettes de travers, tout ça. Bravo, vraiment, bravo. Mauvais timing.

J'observe la situation, en essayant un peu d'en devenir une part active. D'un côté, on a Kami qui vient d'émerger brutalement, et ses paroles combinées à son expression laissent à penser qu'elle a fait un cauchemar au moins aussi intense que le mien. L'ersatz de Clark Kent, quant à lui, n'a pas bougé d'un poil. Je caresse la tête de Kami un moment, puis, me rendant compte du geste trop proche pour être purement fraternel, je lui ébouriffe les cheveux.

Shigeru Yamane: Haha! C'est... C'est ma sœur! Elle... Elle avait une autorisation spéciale pour passer la nuit avec moi. Vous... Vous êtes au courant, hein?
Infirmier: Oui, monsieur Yamane. Ne vous faites pas de souci, on m'a fait passer le mot. C'est ma collègue, Tamako-san qui m'a prévenu à ce sujet. Vous vous sentez apte à recevoir quelqu'un maintenant, dans votre chambre?
Shigeru Yamane: Euh, ben, c'est-à-dire que... Ok.

Quelqu'un s'avance d'un pas régulier, écartant l'homme au passage. J'aperçois alors une jeune femme brune à boucles d'oreilles en forme de Lune. Avec un tailleur noir et une coupe de cheveux au carré, elle fait claquer avec vigueur ses talons dans la pièce.

Hana Kobayashi: Monsieur Yamane, je crois que c'est la première fois que nous nous rencontrons. Je suis Hana Kobayashi, j'ai communiqué avec vous par mail.

Je tire une tête de hibou. Alors comme ça, on m'envoie directement les gens haut placés?

Shigeru Yamane: Bonjour madame. Euh, dites donc, vous êtes bien matinale vous, il est huit heures et quart et j'ai quasiment l'impression d'avoir dormi juste une heure, vous imaginez, haha!! Euh, bref. Content de vous voir. Vous venez pour les examens?

Je sais que les élèves sont censés passer me voir aujourd'hui, pour que je les présélectionne lors d'un duel. Le problème, c'est que mon état est moyennement convainquant pour que je puisse impressionner qui que ce soit. Je fixe Hana Kobayashi et bizarrement, elle me sourit.

Hana Kobayashi: Décidément, je vois qu'on ne peut rien vous cacher. Oui, c'est vrai, c'est au sujet des duels de présélections. La Kaiba Corporation se soucie du bien-être de ses employés, aussi, notre président a appris votre hospitalisation hier soir et m'a chargée de vous rendre visite. Que vous est-il arrivé?

Shigeru Yamane: Ah... Ça.

Je marque une pause en repensant aux visages de Tarzan et Cheetah, et à leurs corps mutilés.

Shigeru Yamane: Disons, les conséquences d'une soirée de beuverie trop arrosée, avec un pote.

Air interloqué de la part de la jeune femme.

Hana Kobayashi: Vous êtes vraiment quelqu'un d'inhabituel, monsieur.
Shigeru Yamane: Euh, comment ça?
Hana Kobayashi: Disons qu'au vu de la rigueur du secteur professionnel vers lequel vous vous dirigez, autant de franchise pourrait vous nuire. Cependant, notre groupe aime les gens qui vont droit au but. Aussi, je serais brève en vous demandant si vous vous sentez apte à faire passer les tests aujourd'hui. Mais surtout, j'aimerais connaître l'étendue de vos blessures.

Elle s'approche de ma jambe. D'un coup, cette cinglée se met à donner des tapes dessus, avec sa main droite. Des tapes qui me paraissent douloureuses, appuyées et ardentes.

Shigeru Yamane: Ah... AH! AÏÏÏÏE!!! Z'ÊTES MALADE?
Hana Kobayashi: Moi, je ne sais pas, mais vous, j'ai la confirmation que vous l'êtes. Pardonnez-moi pour ces méthodes peu orthodoxes, il faut bien que je puisse vous jauger. Les médecins m'ont informé de vos fractures, mais vous m'avez l'air costaud. Donc! Vous pensez pouvoir tenir à coup sûr, avec une béquille, le jour du 20 août, au Port de Domino, pour le départ?

Aaah. Mais qu'est-ce que c'est que cette hystérique borderline? J'ai encore les yeux qui pleurent à cause de ce qu'elle a fait! Bon, je suppose que je dois lui répondre maintenant, sinon, je risque de subir encore davantage de violence physique.

La femme est impeccable, nette sur elle , sans un pli, des cheveux bien coiffés, tout ça. C'est que ça force l'admiration. Personnellement, je dois plus ressembler à un genre d'épouvantail. Non, madame, non, je ne suis pas une future élève. Ne gardez pas en tête cette horrible image de moi. Heureusement, ce n'est pas le grand patron qui est venu, sinon, la honte... Shigeru passe sa main dans mes cheveux, emmêlant davantage ma crinière.
    Quand la femme se présente un peu plus amplement, en tant que Madame Kobayashi, je me lève de mon siège, droite comme un ''i''. On dirait que je suis à l'armée, un truc comme ça. Je suis gênée, essayant de rabattre mes cheveux au possible, mais rien n'y fait.

Kami Sakuraï : Euh, je... Euh...

     Je bredouille, mais personne ne m'écoute, ou peut-être l'infirmier à lunettes qui me parait familier. Beh. Je me concentre un instant sur la conversation, guettant le meilleur moment pour me soustraire de la situation. Hana Kobayashi demande des précisions à Shigeru sur son hospitalisation. Il répond trop franchement. Crap.  Mais Hana, que je devine suspicieuse et intéressée par mon drôle de gars, commence à trifouiller la jambe de Shigeru.
      Il hurle. C'est tout à fait compréhensible, en plus, elle en rajoute une couche. C'est quoi d'cette femme?

Kami Sakuraï : Euh... Madame... Il est peut-être costaud, mais il est SOUFFRANT. Sinon, il ne serait pas ici. Donc, s'il vous plaît, arrêtez de jouer à Docteur Maboul avec...

Merde. Mes mots vont plus vite que ma pensée. Je peux dire adieu à la Duel Académie, maintenant. Esperant au passage que l'offense à Madame Kobayashi ne lui fasse pas faire se déplacer LE directeur, LE grand patron. J'aurais l'air de quoi, moi?

Monsieur le président a été bien strict, ce matin. Il faut au moins que j'en fasse de même avec notre nouvel élément potentiel. Un peu après minuit, les caméras de surveillance ont capté quelque chose d'inhabituel, aux abords de Whisky Street. Un homme, recouvert de sang et blessé à mort, sautillant sur une jambe en traînant à grand peine l'autre, dans un état déplorable. Cet homme, qui semblait sortir d'une bagarre, présentait toutes les similitudes possibles avec Shigeru Yamane, si on se fiait à la photo qu'il avait jointe en curriculum vitae. Voilà ce que monsieur le directeur m'a dit lors du briefing d'urgence. C'était déjà rare qu'il me fasse venir plus tôt, mais là, c'est quelque chose de sérieux et d'intense. Je me souviens de la fébrilité que j'ai pu ressentir lorsqu'il avait appelé, tout à l'heure. Il m'avait dit que c'était très important, et que ça concernait le meurtre d'Ishizu Ishtar. Quand j'ai vu ça sur les écrans, j'ai été assez inquiète. Selon monsieur Kaiba, toutefois, la probabilité que Shigeru Yamane soit le fou masqué dont on parle aux informations est très faible, mais elle existe. De plus, dans le cas où il n'avait rien à se reprocher, je devais l'orienter vers les tests de présélection, afin de mieux l'analyser. Si je dois me fier à mon intuition, je dirais qu'en dehors d'un comportement un peu trop ombrageux et festif, il n'a sûrement rien à se reprocher sur le plan moral.

Je regarde la jeune fille qui est avec lui. Tiens, qui est-ce? Une personne de la famille, peut-être. Ils ont un petit air de ressemblance. Oui, ça doit être ça. Je pense que je pourrais rentrer prévenir monsieur Kaiba, tout en mettant en place quelques précautions... Mais avant tout, un sourire n'a jamais fait de mal à personne. Rassurons la petite.

Hana Kobayashi: Désolée, je fais mon travail un peu trop passionnément, des fois! Pardonne-moi pour mon geste un peu brusque sur monsieur Yamane, j'ai sûrement eu le plus sévère des patrons pendant trois ans, tu sais?

Puis, je regarde Shigeru Yamane pleurer de douleur de façon presque comique. Non, ce n'est pas lui. Définitivement, il n'a pas la tête du psychopathe. C'est sûrement quelqu'un de très particulier, mais pas non plus au point de tuer quelqu'un. Mais tout de même, je me demande qui est cette enfant.

Hana Kobayashi: Tu es sa petite sœur?

Hana semble réfléchir un instant. Elle pense à quoi? Je crains une réaction... Une certaine réaction... Elle me regarde ensuite, se penche un peu, mains sur les genoux. Meh. Elle me prend pour une gamine? Hana dit qu'elle a limite son travail en passion. Une fondue du travail, hein? Elle parle ensuite de son patron. Ah. Chance pour moi?

Kami Sakuraï : Laissez-moi l'affronter, je vous jure, il est plus gentil après une bonne raclée.

Je parle décidément trop vite, et je me sens ridicule comme le possible. C'est lui qui ficherait sa raclée à la Kami. Pas toi. Merde à la fin. En tous cas, Hana me parle comme si j'étais une gosse, et ma punchline devait faire aussi petite fille. Sa dernière question me déconcerte.

Kami Sakuraï : Pour éviter de me lancer dans une histoire rocambolesque, on va dire que oui, d'accord?

Ah? Une duelliste. Intéressant, tout ça. Maintenant que j'y pense, elle a peut-être l'âge minimum requis pour aller à la Duel Académie. Je me demande si...

Hana Kobayashi: Ne t'en fais pas. Monsieur Kaiba est quelqu'un d'assez secret et la plupart du temps, il n'aime pas trop les mouvements des foules. On ne dirait pas comme ça, mais c'est plutôt un grand timide, enfin, je crois.

Je rougis. Oh, c'est pas vrai, il faut que je me reprenne!

Hana Kobayashi: Dans tous les cas, il ne risque pas d'être joignable en ce moment, il est très occupé. Il doit promouvoir le Duel Disk 3.0 et... Et autre chose. Comme cette année, par exemple, avec la Duel Académie qui subit un certain nombre de changements, il est prévu que mon patron y aille pour un événement spécial.

Je m'arrête un moment. Je ne suis pas censée en dire autant, alors autant rester concentrée sur l'objet principal de ma visite. Je regarde alors le grand homme aux cheveux teintés en blond.

Hana Kobayashi: Vous me confirmez que vous serez toujours des nôtres, monsieur Yamane? Je ne pense pas que votre état physique sera un problème, mais si jamais...

Il me regarde un moment après s'être frotté le visage. C'est fou, comme cet homme a des yeux puissants! Ils me rappellent un peu ceux de mon patron...

Kami Sakuraï : Il peut retenir mon nom, votre patron, parce qu'un jour, s'il me croise, il va en découdre, ah ah ah. Et en plus, on a les mêmes initiales, pratique, non?

Péché d'orgueil. Péché d'orgueil. Je devrais faire réviser mon ego. De même ego qui me fait jeter de l'argent à la tête des gens que je n'aime pas, et qui asperge d'autres de ketchup, parce que ce sont des freluquets offensants.
Je me ravise, mais je n'ai pas le temps de continuer ma diatribe.

La vache! Elle en veut, ça, c'est sûr. Elle ne perd pas consistance une seule seconde face à une employée gradée d'une des plus puissantes sociétés du monde, avec Disney. J'ai envie de l'encourager pour l'énergie qu'elle envoie.

Shigeru Yamane: Haha! J'reconnais bien là une future championne, pas vrai Kami?

Puis, je me retourne vers Hana, avec un petit air de défi.

Shigeru Yamane: Cette duelliste s'appelle Kami Sakuraï. C'est une future élève, elle a un sacré potentiel pour devenir pro et je m'en porte garant! Et pour les tests, je les ferais passer à ces morveux même si je suis alité ici! Ramenez-moi les gamins, je vous les classe sans regrets, haha!

Eh bien! Ces deux-là débordent d'assurance, ils font la paire! J'espère simplement que ce ne sera pas trop dur pour monsieur Yamane. Je lui tends un dossier.

Hana Kobayashi: Vous aurez ça à remplir pour les critères de notation des duels. Rien de trop précis, juste quelques critères-clés suffisent. J'ai déjà demandé aux médecins qui vous prennent en charge si vous pouviez affronter les candidats. Ils ont dit oui, à condition de rester dans la cour de l'hôpital. Apparemment, ils peuvent aussi vous envoyer une aide, pour le Duel Disk. Ils m'ont dit qu'ils ont une employée du nom de Tamako qui, apparemment, connaîtrait le B.a.-ba de Duel Monsters.

Je me tourne ensuite vers la jeune fille à la capillarité brûlante. Je me penche un peu vers elle, un peu handicapée par ma haute taille et mes talons.

Hana Kobayashi: Tu sais, il est tout à fait possible qu'à l'Académie, tu obtiennes ce que tu souhaites plus vite que tu ne le crois. Tu t'appelles Kami?...

Kami Sakuraï : Sakuraï, même. Ouaip, même que mon nom est sur le pinball, au Pot de Cupidité. Quatrième, ah ah ah!

Ce serait classe, de se battre contre Seto Kaiba. Un peu ridicule pour moi, vu ma taille - je dois faire bien quelque chose comme trois têtes de moins que lui. Mais, sur un C.V, ça ferait vraiment bien. Depuis quand je pense boulot, moi? Dire qu'au collège, je dors en classe, des fois, et Atsuko doit me réveiller.
Clairement, la perspective d'affronter mon modèle, un jour, ça me motive. Ça m'a toujours motivée. Surtout après le départ de mon...mon frère... Le vrai. Celui que je rejette. J'ai un pincement au coeur, et j'aurais presque envie d'évoquer ça, mais, non, ce n'est clairement le le temps pour parler de ses faiblesses et de ses sentiments.

Kami Sakuraï : Ce jour-là, je serai prête.

Hana nous observe avec, semble-t-il, un grand intérêt.

Hana Kobayashi: Bien... Vous êtes attachants, tous les deux. Mais tenez-vous au niveau de vos ambitions, je suis sûre que ça ne vous amènera que de bonnes choses, haha! Je vous laisse, j'ai une journée bien chargée! Monsieur Yamane, je vous ai remis le dossier, tout est dedans! Les aspirants duellistes arriveront vers la cour de l'hôpital à treize heures, ne l'oubliez pas! À plus tard!

Elle s'en va d'une démarche souple et régulière, en laissant l'infirmier seul dans la pièce avec moi et Kami. Un petit silence précède le retour de la parole.

Infirmier: Je me chargerai de vous conduire à la cour de l'hôpital à l'heure voulue, en compagnie de mademoiselle Tamako. Mais ne vous surmenez pas! Dès huit heures du soir au plus tard, vous retournez dans votre chambre. Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas. Bon... Je pense que je vais voir si on peut vous apporter le petit déjeuner. Désolé, ça risque d'être un peu long. Vous, à côté! Mademoiselle. Vous désirez aussi quelque chose?

Hana est partie, nous laissant avec l'infirmier. Tenez-vous au niveau de vos ambitions. J'y compte bien, tiens. J'ai envie de prouver, non, j'ai envie de me prouver des choses, et c'est seulement en affrontant le tout-puissant patron de la Duel Académie que je pourrais y arriver.
    L'infirmier nous regarde, et s'adresse d'abord à Shigeru, concernant les examens des élèves. Puis, se tournant vers moi, parle' de petit-déjeuner. Je connais les hôpitaux, et ils ne sont pas vraiment souvent enclins à dire un repas de plu i ce n'est pas nécessaire...

Kami Sakuraï : Non, non, merci, ça ira!

      Non de la tête en direction de l'infirmier, qui hausse les épaules. Ouais, c'est la loi' de l'hôpital, ça.Je me tourne vers Shigeru, un sourire en coin de bouche, à demi en guise d'excuse. Oui, une excuse parce que...

Kami Sakuraï : Parce que je vais m'acheter un truc, dehors, vite fait... Et puis, ça me fera prendre l'air...Et je pourrais mieux réfléchir à toutes les situations...

      Mais pas le temps de trop flâner, dehors, car je dois aller remettre mon bulletin d'inscription ce matin. Et je vais avoir besoin de l'aide de Darren, en espérant qu'il ne soit pas trop... Enfin... Qu'il ne soit pas trop Darren aujourd'hui.

Shigeru Yamane: Ah...

Je suis un peu décontenancé, et triste. Bien sûr, c'était attendu. Forcément, Kami-chan n'allait pas pouvoir rester toute la journée avec moi, même si j'aurais bien voulu. Et puis, les démarches d'inscription pour la Duel Académie ne vont pas se faire toutes seules! Mais je suis quand même inquiet, avec les horreurs qui ont eu lieu récemment...

Shigeru...

Oh! Phoenix, c'est toi? Hé, tu protèges bel et bien Kami, hein?

Bien sûr. Un marché est un marché. Mais n'oublie pas, si tu veux te rétablir plus vite, tu peux toujours m'offrir une âme en sacrifice...

Comment tu veux que je puisse tuer quelqu'un dans cet état? Et puis, c'est pas dans mes projets. Y a personne que je déteste au point de vouloir sa mort et je suis suffisamment occupé comme ça! Donc, s'il te plaît, lâche cette idée de tuer, d'accord? Hé, mais, reviens! Zut! Je ne l'entends plus...

Shigeru Yamane: Euh, pardon... Hé, Kami. Tu retourneras voir ma vieille tête mal rasée, hein? J'espère que tu vas profiter de tout ce que tu as appris pendant nos deux duels, haha!

J'ouvre le dossier que madame Kobayashi m'a donné.

Shigeru Yamane: Tu sais, tu vas devoir affronter au moins un prof pour l'admissibilité, aujourd'hui! Si j'en crois les documents, les emplacements où attendent les professeurs seront donnés sur le site de la Kaiba Corporation à 13 heures. Tu penses que tu vas essayer contre moi?

Je lui souris. Je ne veux pas la perdre.

Je ne savais même pas que les informations étaient données juste à 13h. Mais j'imagine que les futurs élèves se mettent en chasse dès tôt le matin. En parlant d'élèves, pourquoi est-ce que je n'ai pas donné mon dossier d'inscription à Hana. Je me demande si elle est toujours dans le bâtiment. L'hôpital est grand, et puis, elle aurait pu être ralentie. M'enfin, je ne vais pas courir après, ou bien on va me prendre pour une psychopathe. Et puis, je peux toujours voir Darren - et il se fera un plaisir de me voir, ce gredin.
Je dois partir, mais, concrètement, Shigeru a l'air inquiet, pour une raison inconnue. Ou bien, c'est en rapport avec Ishizu Ishtar, et l'attaque de l'autre jeune femme...? Non, clairement, non. Et puis celui qui s'attaque à poil de prend un coup de poing. Personnellement, la seule chose qui m'inquiète, c'est d'arriver à temps pour déposer mon dosier, mais aussi d'affronter un professeur. Shigeru me demande si je vais revenir le voir, et même peut-être l'affronter.

Kami Sakuraï : Je sais que je vais revenir te voir, mais quant à t'affronter.... (Je fronce les sourcils et détourne le regard.) Vu nos liens, ce serait pas fair-play de ma part, envers toi comme envers la Kaiba Corp, tu vois?

Shigeru me laisserait gagner, ou au moins lui infliger assez de dommages, tout ça pour que je sois avec lui à la rentrée. Mais je ne veux pas être pistonnée pour rentrer, alors soit je ne joue pas contre lui, soit...

Kami Sakuraï : Sinon, si je viens t'affronter, tu dois me promettre de donner mieux que le meilleur de toi-même.

Shigeru Yamane: Hé. C'est l'esprit, ça! Je n'ai pas la prétention d'être le meilleur joueur, ni même un excellent duelliste. Mais si c'est ce genre de partie que tu recherches... Je serais là!

Je lève le pouce en l'air dans une attitude un peu exagérée. Sûrement pour dissimuler mes propres craintes.

Kami Sakuraï : Dans ce cas, si je ne rencontre aucun autre professeur, je serai là!

    Avant de partir, je passe en salle' de bains, enfin, en ersatz de salle de bains. Affaires sur une chaise, je me lave très vite à la mode ''chat''. Je tente de dompter ma crinière, mais rien n'y fait, même coiffée au mieux, j'ai les cheveux qui vont de partout, surtout au niveau des pointes. Quelle poisse. Je ne peux vraiment pas faire mieux.
     Je sors de la salle de bains, un peu plus fraîche. Je hisse mieux mon sac sur mon épaule, et je me dirige vers la porte. Je ne compte pas aller loin, mais ça a l'air de déjà beaucoup inquièter Shigeru. J'ai envie de lui dire ''À toute a l'heure'' comme il se doit, mais l'infirmier est toujours dans les parages, et ça le ferait moyen s'il découvrait le pot-aux-roses à cause d'un simple geste.
      C'est donc dans un simple geste de la main, que j'agite frénétiquement, que je quitte, pour quelques minutes, le pauvre Shigeru.

Changement de lieu.

Douze heures cinquante. Depuis que Kami est partie, je ne respire plus tout à fait normalement. J'ai dû bouger de mon lit il y a une environ heure, pour faire des essais avec ma béquille, et aussi voir si j'arrivais à maintenir mon Duel Disk sur mon bras en position immobile.

Le test ayant été concluant, on a fini par m'apporter de quoi déjeuner. J'ai encore l'amer goût de la purée en bouche, avec les vieux morceaux de jambon, insipides, servis dans une mare de sauce tomate... Visuellement, on aurait dit qu'un meurtre avait été commis près du rembourrage d'un canapé. Quittant l'horreur de cette vision inopportune, je bats encore nerveusement mes cartes, allongé comme un mort dans son doux cercueil de coton. Merde, je vais vraiment faire mon duel comme ça?

Tout d'un coup la porte s'ouvre et je vois Tamako-chan, bien apprêtée, ses seins ronds rebondissant rythme de ses pas gracieux. Vient-elle pour m'annoncer qu'il est temps d'aller dans la cour pour faire face aux aspirants duellistes? Ou bien...

J'arrive, bondissante, dans la chambre de Monsieur Yamane. Il a l'air heureux de me voir. De même pour moi. Aujourd'hui, je peux me consacrer à des patients qui ne sont pas hystériques ou des fous dangereux, ou des catastrophés du quotidien pleurnichards - je suis désolée, collègues des urgences!
     J'espère que mon bonheur est communicatif, puisque je dois annoncer quelque chose de sensible à Monsieur Yamane. Un ordre envoyé d'une certaine Hana - sa petite amie? - demandant à ce qu'il soit frais et pompant pour les examens de la Duel Académie.

Tamako :  Bonjour Monsieur Yamane, mon grognon préféré! Comment va t-on aujourd'hui? (Je parle très vite, et d'un coup.) Prêt pour un dernier examen de routine et un brin d'effort de toilettage?

De toilettage? Oh non, c'est irréel. Je crois que je vais visiblement devenir aussi cramoisi qu'une framboise desséchée. Donc, ça implique que je vais être à poil? Gloups! Tamako-chan, nan, je suis pas prêt! NAN! Mon cœur appartient déjà à une autre! Argh, je panique peut-être un peu trop, moi. N'empêche, c'est gênant. Et en plus de ça, je crois que ma mâchoire vient de tomber d'incompréhension, me donnant probablement au passage l'air d'un sinistre abruti.

Shigeru Yamane: Ta... Tamako-chan... Est-ce vraiment nécessaire?

Tamako : Nécessaire? Oh, non, même plus! E.S.S.E.N.T.I.E.L. Allez, hop, on se dépêche!

C'est gênant, j'en conviens, mais le sous-effectif d'infirmiers pousse les infirmières à faire ce boulot à leur place. Mais bon, ce n'est pas la première fois que j'ai à faire ça, et puis, dans le cas de Monsieur Yamane, c'est juste de l'assistance, car certains des gestes nécessaires au toilettage peuvent être effectués par lui-même.
Je tente de lui expliquer, mais j'ai l'impression qu'il ne m'écoute pas. Il devient rouge. De la fièvre? C'est rare, les cas de fièvres, avec une jambe cassée et des traumatismes, mais, qui sait, le corps humains est plein de surprises, non?

Tamako : Ne vous débattez pas, Monsieur Yamane! Cela augmente les... risques... d'une... infection...

Je respire un grand coup, prenant mon courage à deux mains et un chariot, bien lourd, dans le couloir. Je n'ai pas d'assistance pour ce petit travail, et j'espère que Monsieur Yamane ne va pas trop être belliqueux et me laisser faire mon travail...

Tamako : Allez, on s'allonge, on se laisse faire, et surtout, on pense à quelque chose d'agréable!

Heureusement, je ne lui ai pas dit que je devais aussi changer sa perfusion, et tout le système tralala entourant cette technologie barbare.

Oh, j'y crois pas. Maintenant que j'ai deux meurtres à mon actif et que je suis apparemment l'envoyé de la Mort en personne, voilà que je me sens excité par une infirmière qui va toucher mon corps! Je sens que mon envie de résister faiblit, à l'inverse de mon intimité qui, elle, n'en démord pas. Je sens que ça s'élève clairement des couvertures! NON! JE DOIS LUTTER!

Shigeru Yamane: PHOENIX! PHOENIIIIIX!!! Pitié, dis-moi que ton marché tient toujours!

Je viens de m'égosiller comme ça, je dois vraiment être étrange. J'ai gesticulé comme un dément dans une attitude de fuite, ce qui fait que je suis violemment tombé du lit. Argh. Que va t-il advenir de moi?