Fun Bowling [Ouvert]

Que... Cette grosse pute m'a touché, avec sa gueule de morue. Haha, tu vas bien voir qui va se la boucler. Je m'avance, la tête bien haute. De toute manière, je suis plus grand que cette cruche. Mon menton est un centimètre de son nez.

Shigeru Yamane: Maintenant, je vais être très clair. Toi, je ne sais pas ce qui s'est passé entre toi et Kami par le passé, mais tu laisses ma copine tranquille. Va sucer des bites dehors, j'suis sûr qu'il y a un vioque qui se balade en décapotable et qu'il va te décapoter sur le champ, si tu vois ce que je veux dire...

Shigeru déverse toute sa haine sur Mariko. J'aurais jamais osé le faire de la sorte, mais ça va bien lui rabattre le caquet quelques temps... Josuke, derrière, est en train de rire. Il pense peut-être que c'est une façon de se charrier entre nous, à voir sa tête. Lui comme Shigeru ne savent rien de la situation délicate qu'est la mienne avec les membres de ma famille...
    Je lance un rapide coup d'oeil à Mariko. Son air a changé, et elle ne se pavane plus comme si elle avait un oeuf entre ses deux grosses fesses. Elle a l'air si pathétique, d'un coup. Cependant, son regard ne change pas, et sa colère semble s'intensifier, même si le reste de son attitude est en train de traduire toute autre chose.

Mariko : Josuke. On s'en va. On ne traîne pas là où les vermines viennent se reproduire.

     Josuke regarde Mariko avec de grands yeux ronds. Il dit qu'il a déjà payé la piste, et que ce n'est pas le fait de se charrier autant qui devrait la vexer de la sorte, et que tout va s'arranger. Ah, Jo, brave type, je ne sais pas ce que tu fais avec mon abominable cousine... Mariko claque les talons en direction de la sortie, le gérant tente de la rattraper - lui aussi est en plein quiproquo, pensant à une blague qui s'est mal passée - et Josuke se tourne vers nous, sensiblement désolé de l'attitude de ma cousine à mon égard - et à l'égard de Shigeru. Hé, mon gars, tu n'as pas à te sentir responsable de son hystérie!

Josuke : Vraiment, en ce moment, elle est intenable... Sa mère et sa tante (Josuke parle de ma mère.) le disent aussi... Je sais pas c'qu'elle a ... Pfou... J'espère qu'on pourra se revoir en de meilleures circonstances... (Il hausse les épaules et tord la bouche en un drôle de sourire.)

Kami Sakuraï : J'ai l'habitude avec elle, ne vous en faites pas, Josuke... On est comme oiseau et serpent, elle et moi... Et je crois que ce n'est pas la seule à ne pas l'admettre... (Josuke part, se tournant vers Shigeru et moi, dans un dernier signe de tête.) Et bonne chance..!

     La porte claque une seconde fois. Grand silence. La porte claque une troisième et dernière fois : c'est le gérant, en sueur, qui revient vers son comptoir avant de venir vers nous. Il s'éponge le crâne avec une serviette en papier bon marché au nom du bowling. Il a l'air à demi-contrarié, expliquant que Mariko ne se décidera à revenir pour sa partie de bowling que quand j'aurais quitté les lieux. Ts, ça lui ressemble bien, d'exiger deschoses des autres sans faire aucun effort...
      Le gérant nous regarde. Apparemment, il n'a pas tout compris, et visiblement il ne veut pas plus comprendre que ça, vu la tournure qu'a pris l'histoire. Je m'excuse platement, expliquant que ma cousine et moi sommes en de très mauvais termes depuis quelques temps, et qu'une telle histoire ne se reproduira pas - Mariko ne va plus fréquenter cet endroit après avoir fait la partie payée par Josuke...
     Je me tourne vers Shigeru, une fois le gérant de nouveau à son comptoir. Il ne décolère pas, c'est pire qu'avec Risa. Il ne supporte apparemment pas ce type de personne, et ce type de comportement, et c'est compréhensible! Je vais lui devoir quelques explications, quand il sera prêt, et qu'il ne sera plus en colère...

Kami Sakuraï : Shigeru... Hum... Est-ce que ça va..?

Putain mais quelle garce! Bah, ça ne vaut pas la peine d'y accorder plus d'attention que ça. Je fais tout mon possible pour effacer la tension physique de mon visage.

Shigeru Yamane: Oui, ça va très bien, ne t'en fais pas. Dis, tu veux bien continuer notre partie? Ta glace va pas s'payer toute seule, haha!

C'est dingue qu'elle puisse avoir des gens comme ça dans sa famille. Remarque, moi, vu la mienne, de famille, je suis pas en position de légitimité pour dire quoi que ce soit... Et puis, je sors pas avec sa cousine non plus, encore heureux d'ailleurs. Ah! Maintenant, l'ambiance est revenue au beau fixe. La partie est plutôt serrée, et tous les coups sont permis car je tente de chanter faux et très bruyamment des chansons des TWO-MIX, ce qui ne déconcentre absolument pas Kami qui n'obtient... QUE DES STRIKES? Bordel de zut, c'est un monstre cette fille! Enfin, après de longues minutes de sueur, de tensions, de rires et de chamailleries, le score final est affiché sur le petit tableau lumineux: Kami a eu 300 points, et moi, "seulement" 176. Je ne sais toujours pas par quelle magie, mais Kami a eu...

Vieil homme: Oh... Trois... Trois cents points!! Magnifique! Mademoiselle, vous êtes la deuxième personne à faire un Perfecto ici! Mon Dieu, je n'avais jamais vu ça depuis... Euh... Enfin bref. Vous pouvez avoir la glace gratuite, je vous fais une réduction en ne prenant que la partie, enfin, si vous revenez chez moi de temps en temps hein, hahaha! Dites-moi, vous jouez beaucoup pour avoir un niveau comme ça?

Shigeru a tenté de me déconcentrer de toutes les façons possible, mais à ce jeu, comme au billard, quand je suis concentrée, impossible de me faire dévier de mon objectif. Par contre, Shigeru, onpeut facilement le distraire, quand on sait quoi faire, hé hé hé.En même temps, c'est assez facile de le détourner de sa concentration, puisqu'il me regarde tout le temps, et ça facilite gandement les choses!  J'étais maléfique quand même...
    N'empêche, je suis contente de voir sur le tableau des scores juste à côté de mon nom un joli "300", qui brille, qui brille... Je me retourne avec un grand sourire vers Shigeru, l'air de dire "oui, je suis imbattable". Ah. Si j'avais autant confiance en moi durant les parties de Duel Monsters... Je soupire intérieurement. Il n'y a pas qu'à Duel Monsters que je manque de confiance en moi, il y a aussi, souvent, quand je dois résoudre des conflits familiaux, et Bouddha sait qu'avec ce qu'il s'est passé, je risque d'entendre des nouvelles de tout ça. Qu'on me préserve...

     Il n'y a pas que Shigeru qui soit impressionné du score que j'ai obtenu : le gérant du Fu- Bowling est venu aussi, avec un grand sourire, pour me féliciter. C'était trois - cent - fois rien, voyons! Ah ah ah!  Il me demande si je joue souvent, tout ça, et nous propose même la glace gratuite. On dirait qu'imaginerla tête de Mariko sur les quilles, ça a porté ses fruits.

Kami Sakuraï : En fait, je ne joue pas souvent, juste une ou deux fois, avec une amie du collège, et encore! On arrivait même pas à porter les boules de bowling pour les femmes, ah ah ah! En même temps, j'étais encore une gamine - quoique je le suis toujours, non? Hé hé hé!

     Je n'ai pas l'habitude qu'on me fasse autant de compliments : je commence à rougir et à dire encore n'importe quoi. Vraiment n'importe quoi. Je me tais et je regarde mes pieds. Il ne manquerait plus que Shigeru me trouve réellement "gamine", vu le nombre de problèmes que j'attire, mais aussi la façon dont tournent les situations dans lesquelles je suis impliquée.

Shigeru Yamane: T'en fais pas pour ça. Si ça peut te rassurer, j'aime bien ça moi, les personnes qui savent encore s'amuser. C'est tellement rare dans nos sociétés... Et puis on n'a qu'une seule vie non?

Je pose les mains en même temps, sur les frêles épaules de Kami, pour la rassurer. Le gérant de l'établissement nous fait don de la glace en me transmettant le ticket ("au cas où vous voudriez garder les coordonnées du Bowling', avait-il dit). Il est reparti vers le comptoir, en prenant une petite porte à peine distinguable qui devait sûrement mener aux cuisines. Nous nous sommes mis à une petite table métallique haute, perchés sur deux tabourets rotatifs à assise en cuir noir. Bon!

Shigeru Yamane: Tsh! C'te peste, tout à l'heure! On aurait vraiment dit qu'on était ses sujets et que ce bowling était sa propriété privée! Bah, n'en parlons plus... Tu as aimé l'endroit? Surtout la partie j'imagine, haha! Tu m'as défoncé!

Je ris de bon cœur. J'espère qu'elle va faire de même...

Shigeru ne semble pas du tout apprécier Mariko, et je ne peux que lui donner raison. Il ne vaut mieux pas que je révèle que l'événement d'aujourd'hui va très certainement provoquer un énorme tollé, et que tout va me revenir en pleine figure sans qu'on ne m'écoute.
    Je tente de fuir les pensées désagréables pour me recentrer sur ce qui se passe dans l'instant "T". Je regarde Shigeru qui a l'air passablement gêné d'avoir perdu : en même temps, il avait l'air déjà gêné lors de la partie, à plisser autant les yeux...

Kami Sakuraï : C'était très sympathique de venir ici, et j'ai beaucoup aimé! On pourra revenir, dis? (Je marque une pause, avant de reprendre de façon prudente.) Tout à l'heure, quand on jouait, tu n'avais pas l'air très concentré, et tu plissais beaucoup les yeux... C'est à cause de l'intervention de Mariko, ou autre chose..?

    Qui ne tente rien... Autant lui demander, au moins, je serai fixée. En tous cas son comportement m'intriguait et était une vraie énigme pour moi. Durant les jours où on était ensemble, il n'a jamais été comme ça. Oui, donc il est normal de se poser la question, non? Ma conscience tente de se rassurer, espérant que la question n'est pas trop déplacée.

Shigeru Yamane: Ah! Euh, ça...

Ma main bouge encore frénétiquement, et elle finit par frotter l'arrière de mon crâne dans un spasme habituel quand je suis gêné. Merde, faut bien que je lui dise que j'ai l'acuité visuelle d'une taupe sous acide, au bout d'un moment! Le risque me semble grand. Qu'est-ce qu'elle penserait d'moi si elle apprenait que j'portais des lunettes? Un prof binoclard qui a des dessins de pin-up et des posters de Marilyn Manson... Je deviens définitivement louche. En plus, c'est pas pratique pour se rouler des pelles. Et zut, advienne que pourra.

Shigeru Yamane: Je... Je suis myope. Bon, euh, c'est sûrement inutile de le préciser, mais... J'ai galéré comme un malade pour estimer les distances et les positions des quilles, tout à l'heure. En temps normal, je suis censé porter des verres correcteurs. Mais depuis le collège, je le fais plus... Pas ailleurs que chez moi en tout cas.... Haha! À vrai dire... Je déteste ça, ça me rappelle pas mal de mauvais souvenirs.

Shigeru a l'air passablement gêné par le fait de dire qu'il porte également des lunettes. Il ne devrait pas voyons! Et puis, j'en ai aussi... Décidément, parfois j'ai du mal à le comprendre. Mais apparemment, le fait de ne pas porter ses lunettes a l'air d'être lié à un souvenir lointain et désagréable, ce qui me dit de ne pas pousser en cette voie. Je préfère ajouter une dimension plus légère et un peu plus sujette à une certaine forme de détente... Hé hé hé hé...
     Je me penche donc vers Shigeru, en lui donnant un léger coup de coude, et un sourire innocent sur les lèvres. C'est le bon moment pour tenter un instant détente et décontraction. Et puis, j'avoue être curieuse, et vouloir voir un peu le résultat Shigeru plus lunettes...

Kami Sakuraï : Tu dois être mignon avec, ha ha ha! J'ai un peu de mal à me l'imaginer, donc je demande à voir... Hum...

    Toujours tout sourire, je lui lance un clin d'oeil - peut-être trop légèrement appuyé, j'espère qu'il ne va pas se méprendre - alors que le gérant revient vers nous avec la glace, humble don pour ma petite victoire au bowling. Je jette un regard vers Shigeru, et je rougis, pour aucune vraie raison d'ailleurs. D'un coup, je regarde mes chaussures, décidant qu'elle sont vraiment intéressantes, aujourd'hui! Ha ha ha...

Que... Moi, mignon? Que... La futée, elle m'a pris au dépourvu en me lâchant ça! Et du coup, j'ai senti ma peau s'échauffer. J'ai dû prendre une teinte particulière, au niveau du visage. Raaah! Ok, c'est bon Magicienne, tu m'as eu, mais si je te reprends à faire un clin d’œil aussi équivoque, je ne donne pas cher de tes jolies gambettes et tes fesses rebondies.

Vieil homme: Et voilà les jeunes, la Fun Fuji est servie! Un bon appétit à vous...

Puis le proprio s'en va, d'une démarche claudicante, comme s'il avait eu peur de nous déranger. Kami a visiblement décidé de fixer le sol, peut-être dans l'attente de ma réponse ou d'une quelconque réaction émotionnelle? Je ne sais pas, je n'arrive pas à voir si elle sourit ou non.

Shigeru Yamane: Eh bien... Tu as de la chance, j'ai toujours mes verres correcteurs sur moi, sait-on jamais. Bon... Si c'est pour toi, je veux bien les porter, mais juste un peu hein?

J'suis pas rassuré. De la poche intérieure de ma veste Kaki, je tire un petit boîtier tout noir, d'une belle finition mais un peu vieillot. J'ouvre le boîtier en appuyant sur un petit bouton de métal, puis, mes deux mains s'affairent à poser mes lunettes de vue sur mon nez. La vache, je suis gêné. J'ai jamais porté ces lunettes en présence de quiconque depuis la fin de la FAC!

Shigeru Yamane: Ok... J'ai l'air de quoi? D'une vieille buse aux pupilles dilatées?

Toujours passablement irrité, Shigeru a enfilé ses lunettes. Je ne sais pas s'il est rouge à cause de mon commentaire et de mon clin d'oeil, ou tout simplement parce qu'il a "honte" de se montrer ainsi. En tous cas, il n'a pas du tout l'air d'être content. C'est bon, on est juste à deux, ah là là... Celui-là... Hi hi hi...  
    Je le regarde et je souris, alors qu'il reste là, à me regarder, en tirant toujours une tête lui donnant un air mi-gêné, mi-agacé.  Il est involontairement drôle, comme ça. Un petit rire m'échappe. Je n'ai pas l'image d'une buse en tête - en plus, ce sont des oiseaux magnifiques, alors - mais plutôt l'image d'un...

Kami Sakuraï : Un petit garçon sage, bien trop sage, enfin, en apparence. Ha ha ha! (Je marque une pause, et j'arbore un sourire "maléfique".) Tu me fais penser à Conan Edogawa : gentil et mignon petit garçon d'un point de vue extérieur, mais un vrai diable à l'intérieur! Hé hé hé!

    Bon. Il me demande de quoi il a l'air, je fais donc une réponse franche et honnête. Et puis, je me souviens, dans un genre d'éclair de lucidité, que toutes les fois où j'ai formulé une réponse franche et honnête " à ma sauce", c'était une vraie catastrophe, et que, souvent, on ne me comprenait pas et que ç se passait très mal. Je me repasse tous les mots de ma réponse dans ma tête. J'ai rien dit de mal, huh

Elle est là. À me fixer tendrement, avec la blague facile. Je sens de la chaleur autour de moi et en moi, j'aimerais cacher ce putain d'instant dans ma bulle, le laisser reposer là pour l'éternité, comme un moelleux au chocolat dans un four à ébriété tellement gigantesque qu'on en verrait pas la fin.

Shigeru Yamane: Je... Haha, ouais, un enfant maléfique à barbe, alors! Eh... Et si on attaquait cette glace, mademoiselle?

Kami Sakuraï : Un enfant maléfique à barbe, oui, qui me rappelle à l'ordre... Et qui risque d'être en retard s'il ne m'aide pas à faire réduire la taille de la réplique de Fuji-sama, ha ha ha!

    Je regarde l'heure à une pendule au-dessus du comptoir : il est bientôt l'heure pour Shigeru d'aller rejoindre Akira, et il est bientôt l'heure pour moi d'aller faire quelques petits achats personnels... Malgré tout, je mange avec bon appétit et avec grande joie : en dépit du début catastrophique de notre sortie ici, on passe du bon temps, en riant et en parlant autour d'une bonne glace. c'est parfait comme tout.

Kami Sakuraï : C'était gé-ni-al. On devrait recommencer ça, ha ha ha! (Petite pause, je regarde de nouveau l'heure, et j'indique la petite pendule à Shigeru.) On devrait peut-être commencer à y aller, non?

Je jette un œil à mon téléphone. Ah oui, merde! Il est 17h40! Kami regarde mon visage avec un air amusé, et je me rends compte que j'ai encore de la crème sur les moustaches. Slurp. Flûte. Dans moins d'une heure, je dois être chez Akira... C'est faisable, mais c'est pas non plus la porte à côté. Faut bien que je m'active et rapido, en plus le métro est HS! Putain de ville, capable d'investir dans des systèmes holographiques de pointe et des parc d'attractions luxueux, mais pas capable de faire tourner son métro... En marchant rapidement, à petites foulées, j'devrais y être à temps!!

Shigeru Yamane: Hum, t'as raison princesse, mais crois pas être débarrassée de ton professeur pour autant! Tu dois encore me rendre un devoir-maison, héhé... On se tient au jus par SMS?

Kami Sakuraï : Mais... Hé! Il n'était jamais question de devoir-maison! (Je boude.) Mauvais perdant! Grrrr...

    Je fais mine d'être en colère, mais mon ton et mes gestes ne collent pas à l'attitude de quelqu'un en colère. Je me hâte juste de finir le fond de glace dans l'assiette, et je me dépêche de me préparer à partir également de mon côté. Je sors mon téléphone portable de ma poche, vérifiant que le niveau de batterie est satisfaisant...

Kami Sakuraï : D'accord pour la suite des plans par SMS, ha ha ha! On se retrouve chez moi quand tu auras fini? Je pense être rentrée avant 19 heures!

Shigeru Yamane: Hum... D'accord! Connaissant Akira, pour ma part, ça risque d'être du sport... En tout cas, je serais sûrement en route pour te retrouver avant minuit, ça, c'est certain... Je t'enverrai un message pour te le confirmer.

Puis, commençant à flipper tout doucement, je me dis que Akira peut bien attendre. Merde. Y a un malade costumé qui traîne probablement en ce moment même dans les rues de Domino. Hors de question de laisser Kami rentrer seule.

Shigeru Yamane: Tu... Tu veux qu'on fasse un bout de chemin ensemble?

Kami Sakuraï : Un bout de chemin à deux? D'accord, jusqu'à la Place de l'Horloge! Après, j'ai, hum, disons quelques petites choses personnelles à acheter..! Hé hé hé!

    Nouveau clin d'oeil. Shigeru ne semble pas rassuré de me laisser retourner seule chez moi. Mais bon, j'ai déjà fait le chemin mille fois, et puis je rentre pour 19 heures, c'est encore tôt et il y aura encore du monde dehors! Je tente de rassurer Shigeru avec un grand sourire, l'air de dire de ne pas s'en faire pour moi...

Kami Sakuraï : Et ne tente pas de découvrir ce que je vais faire, vilain garnement, ha ha ha!

Shigeru Yamane: ... d'accord! On... On va faire ça. Allez... Let's go.

Je referme ma veste, et nous sortons du petit Bowling en ne manquant pas de saluer le vieux monsieur qui nous a accueilli au passage. C'est couillon, c'est le patron et seul employé du Bowling et on a même pas songé à demander son nom. Alors que nous longeons les docks d'un pas moyen, la voix revient dans ma tête. Cette voix. La voix de Nephtys. Je l'écoute.

Tu t'inquiètes pour elle? Je peux assurer sa protection si tu veux, mais seulement à une condition. Tu me donnes deux vies au lieu d'une et ainsi, j'ai l'énergie nécessaire pour protéger Kami Sakuraï dans le monde physique, pour cette soirée. Et puis, pense un peu à cette pauvre Seiko.

Pour cette soirée? Mais bien sûr! Qu'est-ce que c'est que cette arnaque d'abord? Désolé, mais déjà que j'entends des voix et que j'ai carrément eu une conversation avec une morte, je ne pense pas que tuer deux personnes soit la meilleure des choses à faire!

Ta réflexion est logique et compréhensible. Ton point de vue a une certaine cohérence. Bon, d'accord. Si tu me donnes deux vies, je donne à la jeune fille que tu aimes la Bénédiction du Phoenix. C'est à dire qu'elle sera protégée de toutes les causes de décès autres que la vieillesse, pendant toute sa vie. Tu dois juste me donner des vies. De temps en temps. Des gens qui importent peu, dont tout le monde se fiche ou dont la vie n'a pas de signification propre à sa prolongation. Réfléchis, allez, réfléchis mon petit Shigeru. Il faut que tu tues quelqu'un, pour commencer. Pour le premier meurtre, je protégerai Kami. Pour le second, je rendrai son âme à Seiko Kuriyama. Ça te convient?

De temps en temps? Stop. Je veux une preuve. Une preuve évidente que tu es la mort. Et après ça, OK, d'accord. Si tu peux garantir la sécurité de Kami, je ne vois pas ce que j'aurais à objecter. Mais t'as pas intérêt à me tromper. En admettant que je bute bel et bien des gens, parce que c'est INIMAGINABLE, OK? Si je bute deux personnes, tu... Tu protèges Kami, d'accord? Et c'est marre. Tiens? Qu'est-ce que... Je vois distinctement une grande bête ailée au buste de femme, au-dessus de la tête d'une petite mamie qui traverse la route qui mène à une boulangerie. Ok, c'est choquant.

Tu es sûr? Enfin Shigeru, je te l'ai déjà dit, je suis ton amie. Si tu veux une preuve de plus, je peux te la fournir ici et maintenant. Justement, je devais prendre celle-là dans une semaine. Mais bon, exceptionnellement pour toi...

Shigeru Yamane: STOP! STOP!!! D'ACCORD!

Ah. Merde. J'ai tellement paniqué que plutôt que de le penser, j'ai carrément hurlé à voix haute. Kami tient ma main.

Repartant paisiblement vers la Place avec Shigeru, je laisse divaguer mon esprit. La journée n'est pas si mal, excepté quelques incidents. Enfin, rien de grave ou rien de vraiment étrange, enfin, dans l'immédiat. Je laisse mon regard se promener, en réfléchissant à ce que je vais devoir acheter pour mener à bien ma mission.
    Alors que nous sommes arrivés vers la Place, passant devant des petits commerces, je tourne ma tête vers Shigeru. Il a l'air de se tracasser. En tous cas, son expression, aussi étrange peut-elle paraître, est en train de traduire un genre de lutte intérieure, même s'il semble bien décidé à ne rien en laisser paraître. Au même moment, une petite vieille traverse la rue, et Shigeru se met... À hurler..?
    La grand-mère se retourne en marmonnant : "Ah là là, ces jeunes, aujourd'hui... Des voyous!...", en gros, elle nous juge. D'accord. En même temps, Shigeru a crié ça en la fixant. C'est donc compréhensible de la part de la petite vieille...

Kami Sakuraï : Euh... Ça va..?

Je reprends mon souffle.

Shigeru Yamane: Ha... Ha... Ouais, ça va. Ne te fais pas de soucis. J'suis juste un peu... Un peu nerveux, tu saisis? J'étais... Trop dans mes pensées, j'ai fait une sorte de rêve éveillé.

Puis, en tournant mon visage vers la petite vieille, je bredouille une formule commune pathétique.

Shigeru Yamane: Dé... Désolé madame! Je... Vous en faites pas, ça va aller... Euh... Prenez bien soin de vous surtout, d'accord? C'est important, surtout par cette période de chaleur... Enfin bref, euh...

Heureusement, la femme âgée n'a pas l'air d'avoir envie d'appeler les urgences, la police ou quelconque aide ou renfort pour mettre hors d'état de nuire le supposé schizophrène que je dois être.

Je regarde Shigeru s'excuser auprès de la petite vieille. Il n'a pas à s'excuser non plus, ni à prendre de ses nouvelles. Elle vient d'insinuer qu'en tant que jeunes... Bref, passons. Lui comme moi sommes assez "pressés" par le temps : Shigeru doit voir Akira et moi, j'ai quelques petites choses à faire...
    Quand Shigeru pose enfin le regard sur moi, je fais un signe de tête en direction de la Place, indiquant que je vais me diriger dans cette direction. Et je serai prudente...

Kami Sakuraï : On se retrouve tout à l'heure, chez moi, comme prévu, d'accord?

    Je cherche dans ma poche un petit objet métallique, attaché à un trousseau. J'ai un double de mes clés sur moi. Je bidouille la clé pour l'attacher à un petit porte-clés que j'ai en trop sur mon trousseau. Je lance le double à Shigeru.

Kami SakuraÏ : J'espère que tu ne vas pas rentrer trop tard!

    Je fais un clin d'oeil à Shigeru sous l'oeil inquisiteur de la petite vieille qui continue de marmonner : "Ah. Ces jeunes. Aucune retenue..."


Changement de lieu.

Wow. Elle m'a vraiment filé un double. Putain, la meuf! Elle me fait vraiment confiance, à 100%. Je décide finalement d'abandonner la vieille et de me presser vers les quartiers Sud, au 3-6-72 à Whisky Street. C'est bien là qu'habite Akira, justement près de l'Hôpital de Domino où j'ai vu Seiko il y a à peine trois jours.

Changement de lieu.