Monorail aux Yeux Bleus [Ouvert]

Lieu précédent.

Mercredi 2 Août 2007

Il est pas loin de quinze heures lorsque Kami et moi, nous obtenons nos billets pour le Monorail aux Yeux Bleus. La machine est élancée, et elle possède la tête du Dragon Blanc. Je le sais parce que quand on approche, je vois un des wagons partir avec six ou sept personnes à son bord.

Il s'agit de faire une petite virée à bord de ce reptile de métal et de s'arrêter près du secteur du Blue-Eyes Adventure (là où si j'ai bonne intuition, y a des spectacles cool qui pourraient brancher Kami)! Pour parvenir au Monorail, nous avons escaladé les grandes marches d'une petite galerie, mais dans une sérénité totale. La galerie était décorée de pièces d'art, de costumes et de peintures en rapport avec Duel Monsters, mais la taille de la pièce fit que nous en avions vite fait le tour. On a dû passer devant des gardiens et des détecteurs, certes, mais ça en valait la peine: l'engin de métal est super confortable à l'intérieur, et possède des fenêtres sans vitre, sûrement pour nous permettre d'apprécier l'air frais et de mettre la tête au dehors. Enfin, c'est pas tout! Maintenant qu'on est installés, on constate avec plaisir que notre wagon est vide. J'ai réellement eu une excellente idée en emmenant Kami ici, c'était le timing parfait! Je pensais pas que la fréquentation du parc, toujours plein à craquer d'habitude, nous aurait permis cette fois-ci de profiter du ciel rempli de nuages épars, du vent, de la nature et des attractions vues du ciel! Le trajet commence, et on passe au travers de toutes sortes d'environnements. La géographie est complètement folle pour un lieu si proche de Domino. On voit que derrière les murailles blanches, il y a des vallons et de petites montagnes. Même près de nous, des parcs sont aménagés autour des machines! Je peux pas m'empêcher de me dire... C'est merveilleux.

La vue depuis le Monorail est plaisante, et mon esprit, encore agité du duel et de tout le cinéma qui en a suivi, se détend. Alors que j'ai le regard qui vogue de droite à gauche, appréciant le spectacle qui s'offre à nous, une question que j'avais laissée de côté me revient en tête. Pourquoi en voyant Shigeru me défendre, je me suis sentie comme ça? Et puis, pourquoi a-t'il voulu prendre ma défense, après tout, en ce qui concernait la provocation, c'était de mon fait...
    Je me tourne vers lui, et je tente de dire quelque chose, mais je n'y arrive pas. Shigeru n'a pas encore prêté attention à moi, trop heureux de voir le paysage se dessiner aux alentours, et c'est tant mieux, qu'il ait le regard ainsi perdu : je rougis, je ne sais pas pourquoi, je suis peut-être juste trop timide pour poser cette question. Vous êtes seuls et tu ne crains rien, au pire, une réponse désinvolte, non? Au moment où mon cerveau se dit qu'il est encore temps de faire marche-arrière, ma bouche, elle commence à émettre un son :

Kami Sakuraï : Euh... (Autant continuer, maintenant, parce que Shigeru a tourné la tête vers moi, je crois. Cherche une question pas trop bête, pour le début, et puis...) Pourquoi tu as voulu prendre ma défense de cette façon, quand "Komatsu" m'a insultée? (Je rougis, une fois de plus, mais devant ses yeux.) C'était très gentil, tu sais, mais tu n'étais pas obligé... Je crois pouvoir me défendre par moi-même... Même si j'étais vraiment heureuse que tu...

    Je baisse les yeux sur mes mains dont je suis en train de tordre les doigts nerveusement. Pourquoi je suis nerveuse? Peut-être parce que je crains la réponse, ou que je crains qu'il n'y ait de réelle réponse? Je ne devrais pas être aussi nerveuse. Hé, on est venus ici pour se détendre, après le repas, pourquoi se tarauder l'esprit avec tout ça?...
    Je regrette d'avoir posé cette question, mais il est trop tard, maintenant, pour retourner en arrière. Comme on dit, quand le monstre est posé, on ne peut plus attaquer, et il y a possibilité de se faire déglinguer... Je prie pour que cette question ne puisse être déglinguée.

Shigeru Yamane: Si j'ai pris ta défense, c'est parce que je t'aime beaucoup.

La réponse est arrivée toute seule, comme si j'étais réglé sur le mode automatique. Je vois Kami rougir encore plus au moment où je constate ce que j'ai dit. Le bruit du Monorail ponctue ce que je perçois comme un grand silence.

Shigeru Yamane: Je... Je suis désolé si j'ai dit quelque chose qu'il fallait pas. Tu dois m'en vouloir.

Et voilà, je me remets à frotter ma main à l'arrière de mon crâne. Le maudit toc! Les feuilles tombent au dehors, devant la vitre, un peu comme mon enthousiasme. J'espère ne pas avoir tout fichu en l'air... Quel débile!!! Débile, débile, débile! Pourquoi t'as dit ça? Tu vivais juste une situation simple et agréable, mais non, monsieur en veut toujours plus... Je me maudis. C'est peut-être la fin d'une amitié sincère à cause de mon comportement égoïste!!

Shigeru Yamane: Je... Je t'aime beaucoup... Et je n'ai jamais rencontré personne comme toi... Pour te dire la vérité, je suis complètement paumé en ce moment. J'ai du mal à parler, même aux gens de ma prétendue famille. Oh, il y a Kenichi, mais... J'sais pas, on vit pas dans le même monde, à son école de commerce ils prennent des cuites en dansant sur des remix techno à 26, alors que moi, j'suis plutôt du genre petit comité. Ma grand-mère aussi, quand j'ai assez de thunes pour aller la voir à la campagne c'est super mais elle pige pas trop mon obsession pour Duel Monsters. Pour finir, y a mon meilleur et seul pote Akira, qu'est en pleine dépression. Et globalement, pour ma vie sociale, c'est tout. Hem... Désolé... Je pense que ça doit te passer au-dessus de la tête tout ça... Enfin pour dire... Je suis heureux de ne plus me sentir seul.

Le "Je t'aime beaucoup" résonne dans ma tête plusieurs fois. Et le poids descendu dans mes chaussures plus tôt remonte dans ma poitrine. Je ne sais pas ce que mon état veut dire. Et puis... Je ne sais pas quoi répondre. C'est rare de voir quelqu'un parler aussi clairement et simplement de ses sentiments. Ses sentiments. Les miens sont plutôt embrouillés face à autant de spontanéité.
     On ne m'a que très rarement répondu de la sorte, et c'est très, très déroutant. Les personnes qui m'entourent ont plutôt tendance à m'ignorer, et ça ne me déplaît pas. Je n'aime pas qu'on me voit trop, je préfère l'anonymat et rester inaperçue. Mais je suis contente qu'hier, j'ai pu attirer l'attention de cet homme. D'accord, à cause d'un pari inconsidéré, je me retrouve sapée en Magicienne des Ténèbres, et d'accord, à cause d'un orgueil mal placé je me suis trouvée dans un bad trip énorme hier, mais parce qu'il était là. Ma vie est plus mouvementée depuis hier matin. Et j'aime beaucoup ça, moi aussi.

     Shigeru se livre aussi un peu plus. Toujours en insistant sur le fait qu'il m'aime beaucoup. C'est très mignon, mais j'ai peur qu'en me découvrant un peu plus, il ne soit déçu... Il me dit être perdu, et je comprends, il m'arrive moi-même de fixer longuement mon plafond ou le Seto Kaiba de papier en me rendant compte que ma vie se résume à un genre de jeu de piste géant, sans vraiment de sens.
    Il me parle de sa vie privée, surtout de sa famille. Il n'a pas l'air de beaucoup échanger avec eux, ou quand bien même il y arrive, ça semble être pour lui une catastrophe. Je suis sûre qu'il doit noircir un peu le tableau. Il a un ami, qui certes habite loin et ne vit pas une superbe situation, mais en parlant de cet ami - Akira - Shigeru semble un peu plus en confiance. Après tout, il y a aussi Kenichi qui n'a pas l'air d'être un mauvais bougre, mais qui est plutôt une pile électrique et accroc à la techno, tout ça. Et puis, bon, il mentionne sa grand-mère qu'il apprécie, mais qui ne semble pas trop comprendre les attentes de Shigeru concernant l'univers de Duel Monsters : je pense qu'il y a un petit fossé générationnel, concernant ce jeu - je suis en train d'en faire les frais avec mes propres parents - mais au fond, sa grand-mère, si elle l'écoute aussi, c'est qu'elle doit aussi l'apprécier...
     Je crois que ce pauvre Shigeru se sent en décalage total avec beaucoup de choses, mais comment ne pas le comprendre? C'est mon cas aussi. C'est lui le seul à avoir réussi à me faire bouger de chez moi, sinon je serais restée dans ma routine, à moitié seule, ma vie ponctuée par des interventions de mes parents - très peu divertissantes - ou d'Atsuko - si elle ne dort pas elle-même...

     J'approche ma main de celle de Shigeru. Je ne sais pas comment agir. Je pense laisser parler ce qu'il y a au plus profond de moi, parce que je pense que mon coeur, plus que ma tête, a une réponse satisfaisante :

Kami Sakuraï : Tu ne seras pas seul ce soir, ni les autres soirs, ni même les autres jours, en fait. Je suis contente d'avoir fait ta connaissance, parce que moi aussi je me sentais comme toi. (Je fais un bisou sur la joue de Shigeru, même s'il pique un peu, et qu'après, j'ai envie de me frotter la joue.) Ne pense plus à tout ça, d'accord? (Je fais un clin d'oeil.) Et puis, tu sais, tu n'as pas à être désolé de m'avoir dit que tu m'aimes beaucoup, je ne t'en veux pas, bien au contraire!

    Je lui adresse un grand sourire, tout en couvrant sa main de la mienne. C'est le moins que je puisse faire, comme j'ai un peu cassé l'ambiance, en fait. Je suis maintenant franchement gênée d'avoir posé cette question. Je ne sais pas qui de nous deux est davantage nerveux et gêné... Tu es idiote et navrante, mais surtout idiote...

Shigeru Yamane: Kami... Je...

Je bafouille. Merde. Le choc de la main de Kami posé sur la mienne me rend tout bizarre. Sa main est toute fraîche, mais dans mon corps, ça brûle. Ce n'est plus simplement qu'elle m'attire, c'est encore autre chose. Sa personne entière va au-delà de tout ce que je peux imaginer. Pendant un moment, j'hésite à en dire plus au sujet de mes sentiments. C'est très déstabilisant. Je pense pas que ça puisse se passer comme ça avec quelqu'un d'autre. Je ne veux pas rencontrer quelqu'un d'autre...
Je pose mon autre main, doucement, sur la sienne. À vrai dire... J'aimerais caresser la main de Kami, mais une espèce de pudeur que j'ai moi même du mal à comprendre m'en empêche. À la place, j'arrive juste à ça.

Shigeru Yamane: Merci...

Kami Sakuraï : Merci à toi, aussi. Sinon, je serais encore à procrastiner et à m'engueuler avec mon poster de Seto Kaiba, ah ah ah! Tu imagines un peu?

    J'aime bien la façon dont ça tourne, même si j'ai cru que pendant un moment, j'allais jeter un froid. Au contraire, Shigeru a couvert de son autre main la mienne. Et j'aime beaucoup. D'habitude je n'aime pas du tout le contact, mais cette fois-ci, ça ne me dérange pas. Je suis même plutôt rassurée que l'on ait le contact facile, ça veut dire que ça passe vraiment bien entre nous.
     Shigeru semble hésitant, sa main toujours posée sur la mienne. Je me demande à quoi il peut bien penser. J'ai l'impression qu'il va finir par rougir, lui aussi, ha ha! Je crois qu'il avait encore des choses à me dire, mais il n'ose pas. Je ne vais pas le forcer davantage, surtout que nous effectuons notre premier arrêt. Par peur que quelqu'un ne monte, je me tais, et je laisse Shigeru tranquille. Cependant, je suis encore curieuse de certaines petites choses, pas trop personnelles, mais importantes :

Kami Sakuraï : Dis, tu aimes les jeux vidéo? J'ai une console, je crois, dans mes cartons, entre quelques vêtements; On pourrait la sortir et se faire une petite séance JV, à moins que tu ne préfères regarder des DVDs, j'ai une chouette série chez moi!

    Je tente de changer un peu de sujet, mais je ne change pas de position et je laisse toujours ma main calée entre celles de Shigeru, tandis que le Monorail effectue bientôt son second arrêt, avec, à la "clé" des passagers prêts à embarquer.

Shigeru Yamane: Tu parles à ton poster de Seto Kaiba? Haha, je vais pas t'critiquer, mon équipe à moi quand j'étais petit, c'était les figurines de mes persos préférés, et ça m'arrivait souvent d'parler du sens de la vie avec eux! J'causais beaucoup avec Sangoku et Spider-Man, mais ceux qui me donnaient les instructions pour la journée quand j'étais ado, c'était Leonardo, Raphaël et Donatello! J'ai jamais pu choper celle de Mikey, l'édition était devenue trop rare au moment où j'avais enfin les thunes pour me la payer! Et puis, mes vieux ont probablement tout revendu ou donné, et impossible de savoir précisément à qui... Enfin, j'm'égare, haha!! Et puis, la plupart des gens te diraient que les figurines, c'est pour les gosses. Aujourd'hui, je possède pas grand chose, mais j'en suis pas malheureux pour autant...

La navette a eu le temps de s'arrêter deux fois pendant qu'on parlait. La deuxième fois, Kami me pose une question, mais je vois monter, juste après une famille de cinq personnes... KENICHI! Ouf! Heureusement, il est pas seul, et... Il a l'air d'être en bonne compagnie. Une meuf aux cheveux blond platine lui tient la main, elle est assez petite mais a l'air d'avoir un sacré caractère, vu l'énergie avec laquelle elle lui parle. Je cherche pas à écouter leur conversation, je suis trop bien avec Kami pour y faire gaffe! D'emblée, je réponds à la question posée par Kami, je pense qu'elle le mérite largement!

Shigeru Yamane: Les jeux vidéo? J'adore ça!! J'ai une vieille Famicom dans mes cartons, que j'ai plus rebranchée depuis des lustres. J'adore aussi la PS2, même si j'ai dû revendre la mienne quand j'étais en galère de fric, et mon jeu préféré dessus, c'est Final Fantasy 10! Tu sais, avec le joueur de blitzball, qui s'appelle Tidus! Oh, j'adore aussi Silent Hill sur Playstation One, j'ai joué qu'au premier, je dois toujours tester le deuxième! Ces derniers temps, je joue plus trop, mais je t'avoue qu'un bon RPG classique, un jeu d'horreur badant ou même un gros jeu de baston à la Double Dragon, ça me dirait bien! Je kiffe aussi les films, mais c'est principalement de l'horreur par contre... Heu... Ouais, ça doit t'paraître bizarre, ça? Nan?

Oh. La PS2. Pile ce que j'ai dans mon carton. Je vais lui faire la surprise, hé hé hé! Tâchons de passer sur un autre sujet, question de noyer le poisson... Je regarde un peu les passagers. Même si on a une discussion animée, ils ne semblent pas trop nous prêter attention. J'aperçois une tête familière, un peu plus loin : Kenichi, le cousin de Shigeru. Il n'a pas remarqué la présence de son cousin, mais en même temps, il est accompagné. Pourquoi les garçons emmènent les filles à Kaiba Land? C'est quoi ce plan? Ha ha ha!
    Je fais un signe de tête à Shigeru en lui indiquant que son cousin est là, mais il semble avoir déjà notifié sa présence parmi nous. D'un côté, j'espère qu'il ne va pas nous remarquer : je suis venue ici avec Shigeru et je ne veux pas me retrouver avec d'autres personnes, aussi neutre que je sois à leur sujet. En fat, je crois que si je réagis de la sorte, c'est que je suis un peu possessive avec les personnes que j'aime - et elles sont peu...

     J'aperçois au loin l'attraction à sensations fortes dont j'ai le plus peur, mais je sais que Shigeru va vouloir la tenter. D'ailleurs, il semble aussi regarder dans la direction de l'attraction en question. Et comme j'ai envie de lui faire plaisir...
    Cependant, il faut que je lui parle du grand frisson que j'éprouve, juste en regardant l'énorme manège qui s'érige au loin. Je pourrais peut-être lui demander quelque chose, question d'être rassurée avant, au lieu de demander tout ça en dernière minute...

Kami Sakuraï : Dis, au Blue-Eyes Jet Coaster... Tu sais, j'ai un peu peur, de ce genre d'attraction... Et... Euh... Je pourrais te tenir la main... Question d'être rassurée...?

Mwahahahaha! Parfait, c'est ma chance! Non seulement elle va se blottir contre moi au cinéma face au film d'horreur, mais en plus, elle aura besoin que je la rassure au Blue-Eyes Jet Coaster! Nickel, je créée de la proximité tout en restant courtois! Huhu, je suis machiavélique...

Shigeru Yamane: Pas de problème, tu pourras même te tenir à moi si tu as peur de tomber! Mais ne t'en fais pas... Tant que je suis là, pas de souci à se faire! C'est pas si rapide que ça je suppose, tu n'as qu'à te dire que tu es sur ton bébé, héhé!!

Bon, je suis toujours aussi nul pour parler, par contre. On est arrivés, et Kami tremble comme une petite feuille, je me permets donc de prendre sa main à nouveau et de lui dire que tout ira bien, qu'on a largement de quoi s'amuser dans des attractions plus calmes pour le reste de la journée. Alors que les portières du monorail s'ouvrent, j'entends la voix de Kenichi m'appeler. Et merde, il m'a vu. Je me retourne. Son regard a l'air implorant, et la blonde fait une tête de furie. Nah, sans moi. Compte pas sur ton cousin pour t'aider. Sortis du Monorail, nous sommes dans une petite allée qui part dans deux directions, où le vent est doux et où les gens ne se pressent pas. C'est la meilleure journée de ma vie.

Shigeru Yamane: Ok, le Blue-Eyes Jet Coaster est à droite! Après, c'est le manoir de Saggi, à gauche, si ça te tente... Mais au fait, tu n'as toujours pas ouvert le booster pack spécial qu'on t'a donné?

D'accord, Shigeru n'hésite pas à délibérément oublier la présence de son cousin, lorsque ce dernier a le plus besoin de lui. Au lieu de ça, il attrape ma main et me fait descendre du Monorail à sa suite. Ce qui me fait oublier un instant de trembler comme une feuille. Je tourne la tête en voyant Kenichi afficher une mine déconfite. Il ne m'a même pas reconnue, le bougre. Mais il a l'air étonné de voir son cousin accompagné par la Magicienne des Ténèbres, à la place. Je m'attends à ce qu'il envoie un message de "gratitude" à Shigeru, vu sa tête... et les gestes qu'il est en train d'effectuer...
     Je me tourne ensuite vers Shigeru qui m'indique les directions des attractions, et ne manque pas de me rappeler que j'ai un booster pack à ouvrir. Ah, oui, le fameux booster pack offert par "Seto Kaiba" et que le barman m'a donné avant de partir. Avec ça, je n'ai même pas vu si Shigeru avait soudoyé correctement ses acteurs, lorsque nous sommes partis régler l'addition. Dire qu'il a même engagé un barman... Hé. Avec le recul, le coup du serveur, là, ça doit venir de lui aussi! C'est limite criminel, argh...

Kami Sakuraï : Je vais l'ouvrir une fois à la maison, ça vaut mieux! Tu imagines, si les cartes s'envolent? Ah ah ah! Au fait, tu devrais surveiller ton téléphone, Kenichi ne va pas tarder à te remercier du coup de main, hé hé hé! (Je donne à Shigeru un léger coup d'épaule.) On va au Coaster, donc?

     Nous avançons vers l'attraction dont les rails et la vitesse des voitures commencent à me faire pâlir. Allez, après tout, c'est aussi sa journée à lui, non? Je ravale mes inquiétudes et je resserre mon étreinte sur la main de Shigeru, tout en évitant soigneusement de lui broyer les doigts.
     Le Blue-Eyes Jet Coaster et sa foule ne sont plus très loin de nous, et tandis que je marche avec Shigeru vers le manège le plus flippant qui soit, je me rends compte que je me rapproche de plus en plus de Monsieur-mon-professeur qui a l'air plus ravi que jamais de la suite de la journée.

Lieu précédent.

Nous sommes remontés dans le Monorail, et là, il est vraiment tranquille... Sauf... Qu'une silhouette se tient prostrée dans un coin... Attends... Oh putain, c'est Kenichi. J'ai dit que je m'occuperais pas de lui, mais ça me fait mal au cœur de le voir comme ça. Je me mets à l'appeler.

Shigeru Yamane: Hé! Hé, cousin! Réagis tête de nœud!

Pas de réponse. Je regarde Kami d'un air interrogatif avec la gueule du mec qui ne sait absolument pas ce qui est le mieux à faire: ignorer son cousin chiant ou la jouer éthique et écouter les problèmes de sa famille en mode psychothérapeute?

Aucune réponse de la part de Kenichi quand Shigeru tente de l'interpeller. C'est que ça a dû vraiment mal se passer avec sa copine, et c'est qu'il devait y tenir quand même, s'il a fini comme ça... J'ai unpincement au coeur, mais vu le comportement que Kenichi a eu envers son cousin, j'ai un peu moins de "pitié"...
    Je tire Shigeru par la main, alors qu'on part s'asseoir assez loin de Kenichi. Je l'entraîne assez loin de son cousin, parce que ce dernier semble dans une très mauvaise passe. Si on l'avait remarqué directement, je ne serais pas montée dans cette navette avec Shigeru... J'aurais préféré un endroit plus... reposant... et où j'aurais pu parler en toute tranquillité... Je tiens toujours la main de Shigeru. Je caresse le dos de sa main tout doucement, pour le rassurer. Je ne sais pas quoi dire d'autre que :

Kami Sakuraï : J'espère qu'on va... Vite... Arriver...

Je sens une grosse boule au fond de mon estomac, et je pense pas que ce soit dû au stress ni à l'alcool. J'apprécie fortement que Kami m'aie caressé la main, et qu'elle se soit montré encore plus proche de moi au cours de ces dernières heures qu'elle ne l'a été hier. Je respire... Du moins, j'essaie. Voilà, nous sommes arrivés au quai le plus proche du cinéma. Quittant cette ambiance pesante, nous avons pu marcher pour arriver au Cinéma de Kaiba Land.

Changement de lieu.