Blue-Eyes Jet Coaster [Ouvert]

Lieu précédent.

Mercredi 2 Août 2007

Shigeru Yamane: Allez, championne, attache ta ceinture! Ça va pas être du gâteau, mais te fais pas d'lézard! Enfin, façon de parler, vu que l'gros lézard, c'est cette tête amicale!!!

Je tapote affectueusement la tête de la bestiole, c'est-à-dire la tête du chariot, la cabine du devant, l'avant du Coaster! Haha! Les gens doivent me trouver cinglé, mais j'm'en fous! On a peut-être attendu jusqu'à 15h40, mais au moins, on a pu s'installer à l'emplacement le plus amazing de ce chariot: celui depuis lequel on ressent la vitesse à pleine puissance! Et avec ça, les sensations seront tellement fortes que Kami va FORCÉMENT me serrer dans ses bras... Huhu... Après avoir suivi les instructions élémentaires de sécurité dictées par le haut-parleur, j'étire mes bras en fermant les yeux pour savourer intérieurement la puissance de mon génie. Je vais pouvoir ressentir l'adrénaline tout en augmentant mes chances de pécho! Nyahahaha!

Shigeru Yamane: Tu sais, vu que... Enfin... Comment dire... Que Kenichi est assez curieux, et que j'ai coupé les ponts avec la majeure partie des gens de ma famille, enfin, c'est une longue histoire... J'ai failli me sentir un peu mal à l'aise dans le Monorail. C'est pas qu'il est mauvais bougre. D'ailleurs, on se voit assez régulièrement en ville, mais il vient pas chez moi, et on parle pas trop de taf ou de relations, tout simplement parce qu'il a un peu d'mal à mettre son clapet en veilleuse. Tu vois c'que j'veux dire? Oh... Laisse tomber, j'suis simplement... Trop heureux de passer cette journée ici avec toi!!

Je m'étire à nouveau, laissant le temps à Kami de dire quelque chose. Le Coaster devrait démarrer dans cinq minutes à présent.

La machine est en train de vrombir, on dirait que le Dragon Blanc est vivant. Je peux comprendre le point de vue de Shigeru sur son cousin : moi-même, si j'avais croisé l'une de mes cousines, j'aurais fait mine de rien voir, parce qu'elles ne sont pas du même monde que moi, et puis, je doute fort que l'une d'elles soit ici, à Kaiba Land, en fait.. J'ai envie de dire quelque chose de rassurant Shigeru àpropos de Kenichi, et de ses relations familiales, mais bon, comme il l'a dit il est "trop heureux de passer cette journée ici" avec moi. Ce qui compte à la fin, oui, c'est qu'on soit à deux. On a pas à se préoccuper des autres. Dommage Kenichi, il fallait s'y prendre autrement!
      Le dragon grogne de plus en plus fort, tandis que Shigeru s'étire. Il va faire quoi, là? Passer son bras autour de moi, ou...? Mes mauvaises habitudes de me repasser des extraits de films neuneus et ma fâcheuse tendance à m'imaginer toutes sortes de scénarios, lorsque je suis en état de stress total, sont en train de refaire surface. J'ai une envie impossible de sortir de grosses, très grosses bêtises, mais je me retiens comme je peux. Comme je me connais bien, ça va sortir à un moment, de toute façon...
      Je me rends compte du risque inconsidéré que j'ai pris pour mon état mental et physique en réalisant être solidement attachée avec un harnais de sécurité à l'avant d'une machine-tête de dragon. Je suis en train de pâlir et de déglutir.

Kami Sakuraï : Tu m'avais promis que je pouvais te tenir la main...

      Je chouine presque. Shigeru est détendu, en témoigne le fait qu'il s'étire toujours en arborant un grand sourire. Quant à moi, je suis pâle comme tout, et je tremble furieusement. Dire que j'avais vaincu mon vertige, et que j'avais pas peur du Monorail. Là, je vais en avoir pour dix ans de thérapie...
     La mécanique de la machine commence lentement à s'actionner, nous emmenant vers une pente qui ne cesse de monter haut, toujours plus haut. Quand je vois tout ça, j'ai mon corps comme en plomb, même si j'ai l'impression que mon cri va briser tout mon être - et les oreilles des autres participants.

Shigeru Yamane: Kami? Eh, rouquine! Fixe pas tes genoux, regarde le paysage!

Hum? Elle a vraiment l'air pas dans son assiette. Allez. Si j'entreprends jamais rien, j'aurais jamais ma part de gloire, ça a toujours été ma philosophie, depuis l'début! À conquistador apeuré, victoire volée! Maintenant que j'ai choisi le terrain, ce serait bête de ne pas profiter de son relief pour la bataille à venir... Huhu... Et là, d'un point de vue assez malfaisant, il y a du plaisir à se trouver à côté d'une Magicienne des Ténèbres effrayée, se rongeant les ongles, et bien trop tétanisée par l'angoisse pour qu'on aie pas envie de l'enlacer tendrement! Ses petits doigts d'enfant arrivent vers sa bouche pulpeuse, et elle arrive à rendre cet acte anodin extraordinaire... Ooh, ce qu'elle est exquise... Hum... Il faut que j'me calme, moi, sinon, je risque la paralysie faciale et aussi de sentir le Mont Fuji dans mon pantalon. Bref.

Je prends Kami un peu au-dessus de la taille avec un bras, et de l'autre bras je lui prends la main, tout en approchant à un rythme invisible mon visage de celui de celle que j'aime appeler ma "future élève". La magie se met en place. Tout menait à ce moment. Les heureuses cloches du Paradis se mettent même à sonner dans ma tête. Il faut tenter, j'en ai l'intuition, c'est maintenant ou jamais!

Shigeru Yamane: Ne t'en fais pas, je suis l... AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!

Putain, j'étais tellement concentré que j'ai pas senti qu'on était arrivés en haut de la pente! Le dragon a révélé sa monstruosité et sa fureur, et a visiblement décidé de me punir pour ce que j'ai tenté de faire. Saint Bouddha, j'suis désolé, putain!!! Me tue pas dans cette attraction!! On dévale le circuit à toute allure!!! Pas eu l'temps de me préparer psychologiquement, et en fait, pour dire la vérité, c'est la toute première fois que j'suis dans de telles montagnes russes!! La descente est vraiment, VRAIMENT rude pour mon estomac, et il ne faut pas plus de quelques secondes pour que le paysage du parc se transforme en de simples traînées visuelles blanches, vertes et bleues... Merde, j'me suis laissé surprendre et j'ai crié comme un con, en plus! J'ose espérer que j'ai pas trop eu l'air ridicule!! J'opte pour la stratégie de la confiance en soi affichée à outrance, les filles, faut leur montrer que t'es pas fait en guimauve ni en beurre (même si à cause du grand burger que tu t'es enfilé plus tôt, t'as envie de gerber)!!!

Shigeru Yamane: WOOOOOOOOOOH! C'EST... C'EST TROP DE LA BOMBE, CE MACHIN, HAHA!

J'ai cru que ce serait mon cri qui briserait ma coquille interne en plomb, mais non, c'est le cri de surprise de Shigeru qui résonne à mon oreille. Pourquoi il était aussi près de moi? Je n'ai plus de tympan, mais ça me permet au moins de concentrer autre chose que ma peur sur un sujet, là, je me concentre momentanément sur une douleur à l'oreille, qui m'a fait fermer les yeux, avant de me rendre compte en les rouvrant très rapidement - avant de les fermer une fois de plus juste après - que je dégringole.
     Je suis prise de panique, et je m'accroche férocement à Shigeru, qui a déjà une main autour de ma taille - c'est plutôt agréable, ça... Cependant, avec la surprise des virages et de la vitesse, je me retrouve à crier aussi comme une dingue. Heureusement, avant le "décollage", j'ai laissé mon chapeau avec mon sac à la consigne de l'attraction. Le pauvre, il n'aurait pas fait long feu, d'ailleurs.

Kami Sakuraï : IIIIHHHHHHHHHHH!

      Je suis en train de couiner et de rire nerveusement, à certains passages où j'ai la tête à l'envers. C'est dans ces passages que je m'accroche avec encore plus de force à Shigeru. Je ne vois pas comment il peut être aussi "calme" et s'amuser de la sorte. J'ai une trouille pas possible, moi!
        Un zigzag, une montée plein gaz, une descente infernale et la tête à l'envers... Et un deuxième tour, rebelote, on refait le même, avec des variations... C'est parti... Argh... C'est au début du troisième tour que mes angoisses finissent par disparaître et que je commence à rire de bon coeur. Malgré cela, je ne lâche pas Shigeru, à un moment je suis même en train de me surprendre à caresser ma joue contre lui. Hum, il est tout chaud et tout doux, en fait...
        Je passe les cinq dernières minutes à m'amuser franchement, en criant des "AHHH" et des "OOOOH OOOOH" dans les passages les plus terrifiants. Je n'ai pourtant toujours pas ouvert les yeux, depuis que j'ai vu s'amorcer la première descente dans les premières minutes : en fait, quelques coups d'oeils m'ont dissuadée de garder les mirettes ouvertes tant les couleurs se mélangeaient hors du manège. Et puis, les yeux fermés, les sensations sont décuplées, et ça, c'est cool.

Le temps s'est écoulé comme la fois où mes canalisations étaient foutues, donc, sur quelque chose de très rapide au niveau des pressions. Pression atmosphérique, pression artérielle, bière pression que j'ai consommé tout à l'heure, tout y passe en termes de phénomènes physiques. Je ne sais pas si le temps a une matérialité, mais si celui-là en avait une, quantitativement, ça devait représenter un quignon de pain face à l'Himalaya: ce n'était rien. Mais en même temps... Ce quignon de pain était la meilleure chose que j'aie jamais mangé. Une sorte de dance music s'inscrit dans mes tympans; le code est là, et il remonte jusqu'à mon cerveau, par des percussions euphoriques et un synthétiseur qui m'hypnotise. À moins que ce ne soient juste les doux cris de Kami, transformés en une musique de dingue par mon appareil à émotions.

Finalement, le chariot s'arrête après des loopings, des accélérations, des ralentissements, et des tremblements endiablés, et Kami et moi ne sommes pas prêts à descendre. Le temps était bien trop bon, et les joies de ressentir la vie sont encore trop proches de nos corps, nos larynx étant encore tordus par l'hilarité, car il était impossible pour deux gros timides comme nous de ressentir ça à ce moment. Cette improbabilité, cette singularité nous avait élevés à un niveau supérieur. C'était définitif: quelque chose, un lien, s'était définitivement tissé entre nous, et ne s'en irait plus jamais. J'inspire profondément, et je décide de détacher ma ceinture. Après une petite pause de quelques secondes, j'essuie mon front avec quelques complications.

Shigeru Yamane: Eh... C'était bien hein?

Kami Sakuraï : C'était génial, tu veux dire! Tu vois, j'avais trop peur, à un moment, et puis... Et puis...

      Je m'agite dans tous les sens et je commence à parler aussi vite que le Coaster fendait les airs. Je peine à remettre ma tête en place : le décor autour de moi est encore tout brouillé, comme j'avais les yeux fermés, les sensations physiques étaient encore plus prononcées et mon centre de gravité ainsi que mon oreille interne ont été chamboulés. J'avance en titubant à moitié, me collant à Shigeru "de force". Décidément, j'ai pas le corps à faire ça, même si ma tête me crie d'y retourner et de recommencer.
       J'essaye de décrire toutes mes sensations à Shigeru, mais c'est d'emblée bien difficile. Je suis à la limite de l'hilarité quand je tente d'imaginer ma tête dans certains virages - Shigeru devait s'amuser, donc avoir une meilleure tête que la mienne! Je me me demande s'ils font des photos souvenir, ici, ce genre de caméra qui prend en photo les gens durant le tour de manège? Hum, je verrais ça une fois à la consigne...
       
       Alors que nous nous dirigeons vers la loge et ladite consigne, je ne cesse d'essayer de parler de mon ressenti dans l'attraction, et un genre d'état post-stress fait surface. Je sais que dans ces cas, je peux raconter de très grosses, mais alors énormes bêtises, et...

Kami Sakuraï : Pour une première fois, ça, c'est s'envoyer en l'air, ha ha ha!

    Et ça ne manque pas, en fait.

Par tous mes sens. Cette Kami vient d'me faire dev'nir rose comme une pivoine! Je suis super gêné, et en même temps terriblement excité par cette affirmation! Cela veut-il dire que... Non, ce n'est pas possible? Elle considère réellement cette sortie comme un... Premier rencard? Et moi comme un bon coup probable?... Gloups! J'ai aucune expérience en matière de relations de couple et de champ lexical de la drague! Va falloir que je me fie à mon intuition pour être certain de l'interprétation que j'ai faite de ces mots.

Shigeru Yamane: Tu... Tu es contente que je vienne chez toi ce soir, hein?

Kami Sakuraï : Oui! Beaucoup, même, en fait!

    Je vais jusqu'à la consigne pour récupérer mes affaires - j'espère qu'ils n'ont pas froissé mon chapeau - et je vois Shigeru rougir un peu. Ah? Ah, il est content de venir chez moi, aussi, c'est chouette ça! J'indique à Shigeru une machine après la consigne. Elle a l'air de diffuser les fameuses photographies souvenir à un rythme régulier.
     J'ai très envie d'en prendre une, de photo, ça me fera un joli moment auquel repenser, et ça pourra décorer ma chambre, je n'aurais plus juste un Seto Kaiba de papier à regarder...

Kami Sakuraï : Par contre, c'est petit chez moi, comme tu as pu le remarquer... Et puis, bon... Je n'ai qu'un futon... Donc comme tu le sais... Euh... On va devoir partager le mien... J'espère que ça ne te dérange pas...?

     Je n'avais pas percuté que ça pouvait être gênant ce genre de situation. Je devrais peut-être m'acheter un petit truc d'appoint, quand je dois inviter des personnes. Ce serait peut-être mieux... Je sais que l'intimité, les gens parfois, même souvent, ils y tiennent. Après, j'invite pas grand monde, même personne en fait, donc ce serait sûrement pas un bon investissement. Et puis, la proximité avec moi, ça n'a pas l'air de gêner Shigeru, mais bon, moi non plus ça ne me gêne pas... Ou peut-être... Oui, peut-être, qu'en fait, il préfère dormir seul, ou bien il est comme moi, et il a des rêves agités... Ah, oui, mes rêves agités, un point que je vais devoir éclaircir, aussi...

Shigeru Yamane: D... Dormir ensemble... N.. Non, ça ne me dérange pas du tout! Fais comme tu peux, haha!

Oups. J'ai peut-être été un peu trop direct. Je jette un œil à une borne de la Kaiba Corporation que Kami a déjà notifié. Oh, elle diffuse des photos des participants! Qu... Que... Eh, la série suivante, c'est nous deux, et avec un cadrage bien satisfaisant, en plus! Le menu affiche le prix des photos à l'unité, 300 yens. Ok, aucun souci, je passe devant Kami. J'insère ma carte bancaire dans la borne blanche ornée du logo de l'entreprise au Dragon Blanc, et je règle pour 600 yens deux photos-souvenirs. Elles s'impriment... Elles s'impriment! Je ne sais pas si je pourrais être plus heureux. Le tirage est génial. Kami a les yeux fermés sur le cliché, mais on la voit très clairement rire aux éclats. Moi, j'ai les yeux mis-clos, mais la bouche bien ouverte, et je regarde Kami avec beaucoup, mais vraiment beaucoup de tendresse. Je soupire de contentement. Cet instant vaut toutes les peines du monde. Pourquoi je n'ai jamais rencontré cette nana plus tôt? C'est comme être près d'une belle chute d'eau après une longue marche. C'est comme sortir d'une caverne et contempler les merveilles du jour. Je me sens heureux. Bien. Apaisé. Et ça, c'est très important.

Shigeru Yamane: Tiens... Je t'en donne une, mais je tiens absolument à garder l'autre, haha! Je veux avoir le souvenir de notre pari, huhuhuhu! Mais non, j'rigole! Le souvenir que je veux conserver à tout prix, c'est celui de ta bouille qui... Qui sourit!!!

Je me rends vraiment compte que je parle sans inhibition, et que envers d'autres personnes, ce serait déplacé. Mais pas avec Kami. Curieusement. Je la connais depuis même pas une journée, mais pourtant... Je sais qu'elle me jugera pas. Et j'envoie le reste se faire mettre. Bon. La journée continue! Il est 16h21, on est loin d'avoir fait toutes les attractions à notre portée!

Shigeru Yamane: Eh!! Dis, Kami? Tu aimerais aller au Manoir de Saggi? Bon, à ce qu'il paraît, ça fait un peu flipper, enfin, c'est ce qu'ils ont écrit sur le guide, regarde... "Des moments de terreur, un homme masqué qui vous court après, et les pires démons des mythologies égyptiennes, celtiques, chrétiennes, scandinaves et même japonaises vous attendent dans ce jeu de piste labyrinthique qui vous coupera le souffle et vous glacera le sang!" C'est rien que des bêtises hein? Pas vrai championne? Hé, on est assez forts pour tenter l'épreuve, vu qu'on a pris l'entrée pour toutes les attractions classiques... Non?!

Je prends la photographie qu'est en train de me tendre Shigeru. Elle est belle, cette photo, j'aime bien la façon dont on est dessus. Shigeru est vraiment mignon dessus. Et à deux, nous sommes adorables, ha ha ha. C'est très étrange comme sensation. J'ai le coeur qui bat un peu plus vite que d'habitude, je ne sais pas si c'est parce que je viens de subir des sensations fortes sur un manège, ou si c'est juste cette photo qui me fait ça... Damned.
     Ah, des Manoirs "Hantés". C'est une attraction que je peux faire sans problème ça. Enfin, ça pourrait bien m'arracher deux ou trois cris de frayeur, mais rien de bien méchant. Et puis, ça me fera un prétexte pour m'accrocher à Shigeru, hé hé hé... Mon côté possessif reprend le dessus et espère que Kenichi n'y sera pas. Il ne manquerait plus que lui...

Kami Sakuraï : Partante pour le Manoir de Saggi! J'en ai pas peur! Au final, ça ne doit pas être pire que les épisodes de Supenatural! Ah ah ah!